Eternel chantier de l’école

02/06/2022 mis à jour: 00:57
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Une autre année scolaire touche à sa fin avec les mêmes constats à répétition depuis de nombreuses années. Trente ans après le triste constat établi par le défunt président de la République Mohamed Boudiaf, déplorant que «l’école algérienne est sinistrée», qu’est-ce qui a vraiment changé ?

L’école publique continue d’être livrée à la précarité. Temps des cours toujours raccourcis, même après l’amélioration de la situation liée à la Covid-19, des programmes condensés et surchargés, grande pression aux examens, enseignants démotivés, contenus des programmes et des examens anarchiques, des manuels scolaires entachés de fautes, des institutrices ou instituteurs qui n’ont aucune vocation à enseigner, des enfants souffrant de dépression, de solitude ou d’anxiété…

C’est une terrible avalanche de traumatismes que subissent les élèves à l’école publique. De plus en plus de parents d’élèves recourent à des psychologues pour prendre en charge leurs enfants maltraités ou intimidés à l’école.

Les parents ont la boule au ventre en pensant à la scolarité «traumatisante», «stressante», «angoissante» de leurs enfants. Certains élèves sont traumatisés par des enseignants qui vont jusqu’à les ridiculiser devant la classe alors qu’ils sont brillants, mais en décalage avec le système scolaire qu’on leur impose la pression ! Les maltraitances physiques et psychologiques restent malheureusement courantes.

Les traumatismes que subissent les enfants à l’école sont un problème majeur de santé publique. Le pire est que, dans certains cas, au lieu de prodiguer des cours scientifiques, des enseignants s’adonnent à l’endoctrinement. Les familles se retrouvent ainsi dans l’impossibilité de laisser leur enfant échapper au très onéreux soutien scolaire dans le privé, qui génère une terrible saignée des ménages à revenus modestes.

La récente suppression de l’examen de fin du cycle primaire n’est pas suffisante. Le fond du problème du système éducatif réside dans la sélection des enseignants qui est loin d’être exigeante.

Le système de formation de ces derniers doit pourtant attirer les meilleurs étudiants. Leur formation doit être considérée comme l’une des filières professionnelles les plus sélectives. Concernant le stress des élèves, pour les pédagogues, la solution passe inéluctablement par une réduction des devoirs scolaires, ou du moins leur espacement.

De plus en plus de pays adoptent le modèle pédagogique des Etats nordiques, qui s’appuie notamment sur un environnement de travail agréable. Dans ces pays qui ont réussi, le rythme scolaire est parmi les moins intenses au monde.

L’apprentissage est privilégié par l’organisation de la classe, où les élèves travaillent en petits groupes. Un tel modèle est aussi fondé sur la qualité de l’attention et du soutien individuel prodigués aux élèves.

Chaque enfant mérite une attention adaptée, car il possède ses propres caractéristiques d’apprentissage. Chaque enfant doit recevoir le respect et l’attention nécessaires en fonction de ses besoins et de ses aptitudes et doit pouvoir progresser à son rythme.

Les enseignants ne doivent donner que peu de devoirs à la maison pour ne pas empiéter sur le bien-être et les performances des élèves. Tout cela a un nom : des réformes cruciales de l’école publique qui n’ont jamais été appliquées.

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