La présidente taïwanaise Tsai Ing-wen rencontrera le président de la Chambre des représentants des États-Unis Kevin McCarthy en Californie plutôt qu'à Taipei, rapporte ce mardi 7 mars le Financial Times , après que Taïwan a alerté sur une possible réponse militaire chinoise en cas de visite américaine de haut rang sur son sol.
Le gouvernement taïwanais a fourni des renseignements sur les menaces chinoises au bureau de Kevin McCarthy, ajoute le quotidien britannique citant un responsable taïwanais non identifié. Kevin McCarthy avait exprimé le souhait de se rendre à Taïwan, comme l'avait fait en août 2022 la démocrate Nancy Pelosi qui l'a précédé à ce poste.
Taïwan, une «province chinoise»
La Chine estime que Taïwan, peuplée de 23 millions d'habitants, est l'une de ses provinces qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. Pékin est ainsi opposé à tout contact officiel ou militaire entre les autorités de l'île et des pays étrangers. Ces dernières années, plusieurs voyages officiels de responsables américains ont provoqué l'ire de la Chine, notamment celui de Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants américaine.
En représailles face à ce que Pékin considérait comme une provocation, l'armée chinoise avait répliqué à cette visite par de gigantesques manœuvres militaires autour de l'île. Washington est l'un des plus proches alliés et soutiens de Taïwan, tout en reconnaissant le gouvernement communiste de Pékin (la «République populaire de Chine») comme seul représentant légitime de la Chine.
Pékin «se prépare à utiliser la force»
Le ministre taïwanais de la Défense Chiu Kuo-cheng a estimé lundi 6 mars que l'augmentation du budget de la Défense annoncée par la Chine pour 2023 signifiait que Pékin «se prépare à utiliser la force si nécessaire» pour récupérer l'île. Dimanche5 mars, la Chine a annoncé une hausse de 7,2% du budget de la Défense pour 2023, la plus forte augmentation depuis 2019. Les dépenses militaires s'élèveront à 1.553,7 milliards de yuans (225 milliards de dollars).
Le bureau de Kevin McCarthy n'a pas fait de commentaire sur la possible rencontre qui aurait lieu en avril selon le Financial Times. La présidence de Taïwan interrogée par l'AFP ne l'a pas non plus confirmée. Le ministère taïwanais des Affaires étrangères n'a ni confirmé ni infirmé la visite présidentielle, se contentant de préciser qu'il «l'annoncerait au public» le cas échéant le moment venu, selon un porte-parole Jeff Liu. La dernière visite de Tsai Ing-wen aux États-Unis remonte à 2019, en escale lors d'un voyage officiel dans les Caraïbes.