Espagne : Possible démission de Pedro Sánchez

27/04/2024 mis à jour: 15:30
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Sanchez est perturbé par l’ouverture d’une enquête concernant son épouse, Begoña Gómez, pour trafic d’influence et corruption

Le chef du gouvernement espagnol a choisi de prendre du recul, suite à l’ouverture d’une enquête concernant son épouse, Begoña Gómez, pour trafic d’influence et corruption dans le domaine des affaires.

 

Le monde politique espagnol traverse actuellement une période tumultueuse. La décision de Pedro Sánchez de suspendre son agenda et de prendre quelques jours pour réfléchir à son avenir en tant que chef du gouvernement a suscité une multitude de réactions parmi les politiciens et les citoyens espagnols. Le président a choisi de prendre quelques jours de repos, perturbé par l’ouverture d’une enquête sur son épouse, Begoña Gómez, pour trafic d’influence et corruption dans le domaine des affaires. Une enquête que le parquet provincial de Madrid a demandé de classer. 

Le parti politique de gauche se mobilise autour du président. María Jesús Montero, première vice-présidente du gouvernement, affirme que le gouvernement tente de persuader Pedro Sánchez de ne pas démissionner. Le porte-parole de l’ERC au Congrès des députés, Gabriel Rufián, a également plaidé en faveur de la non-démission de Pedro Sánchez. 

Dans le même temps, il a annoncé que le président pouvait compter sur son soutien s’il choisissait de se soumettre à une question de confiance. Parmi les dirigeants politiques de l’Union européenne, nombreux sont ceux qui estiment que l’heure est venue de préserver la stabilité au sein des États membres. 

Cette considération est d’autant plus pressante que les élections au Parlement européen se tiendront dans un mois et demi. A travers l’opinion publique, les points de vue sont partagés. Certains citoyens accordent une importance primordiale à la dimension humaine du Premier ministre, soutenant son droit, en tant qu’individu, de privilégier sa famille avant la politique. 

Cependant, d’autres citoyens contestent le fait qu’il prenne cinq jours de «vacances pour réfléchir», soulignant qu’ils ne bénéficient pas de cette latitude lorsqu’ils sont confrontés à des problèmes. Pedro Sánchez envisage diverses options, telles que démissionner, se soumettre à un vote de confiance ou convoquer de nouvelles élections. 

Ces incertitudes seront dissipées le lundi 29 avril. Le président du Parti populaire et principal chef de l’opposition, Alberto Núñez Feijóo, a accusé M. Sánchez de tenter «d’intimider l’opposition, les juges et les journalistes». Il a également exprimé son scepticisme quant à une éventuelle démission du chef du gouvernement espagnol, affirmant qu’il «finirait par s’enfoncer tout seul».
 

«Courage démocratique»

Santiago Abascal, le chef du parti d’extrême droite Vox, considère cette situation comme «une autre manœuvre de propagande visant à se présenter comme une victime, afin de réduire au silence l’indignation de la majorité des citoyens espagnols». José Luis Rodríguez Zapatero, ancien Premier ministre et ancien dirigeant du PSOE, a appelé à la «mobilisation» des membres et des sympathisants du Parti socialiste, leur garantissant de réagir avec «courage démocratique» et de «ne pas baisser les bras» face à ce qu’il a qualifié 
d’«insidiosité».

Si Pedro Sánchez devait démissionner, la procédure est claire : selon l’article 101 de la Constitution espagnole, «le gouvernement cesse de fonctionner après la tenue d’élections générales, en cas de perte de confiance du Parlement prévue par la Constitution, ou en raison de la démission ou du décès de son président». 

Si Pedro Sánchez devait finalement démissionner, le gouvernement cesserait de fonctionner jusqu’à ce qu’un nouvel exécutif prenne ses fonctions. C’est au roi qu’il reviendrait de proposer un candidat à la présidence du gouvernement. Dans ce cas, María Jesús Montero, actuelle vice-présidente du gouvernement et ministre des Finances, pourrait être choisie. 

Cependant, il est nécessaire qu’elle obtienne également le soutien du Congrès. Cela implique que la nouvelle candidate doit passer par une session d’investiture et obtenir soit la majorité absolue lors du premier vote, soit la majorité simple lors d’un second vote qui se tiendrait 48 heures plus tard. 

La plainte a été déposée par Manos Limpias, une organisation controversée en raison de son fondateur, Miguel Bernad, ancien militant d’extrême droite. Il est connu pour avoir déposé des plaintes judiciaires sur des cas présumés de corruption politique, qui ont souvent été classées sans suite. 

La plainte contre l’épouse de Pedro Sánchez, Begoña Gómez, est basée sur des articles parus dans plusieurs journaux espagnols. Jeudi, M. Bernad a publié un communiqué déclarant qu’«il appartiendra désormais au juge de vérifier si ces informations journalistiques sont véridiques ou non».
 

Espagne
De notre correspondant  Ali Ait Mouhoub
 

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