Esclavage : Le roi des Pays-Bas présente ses excuses

02/07/2023 mis à jour: 06:46
AFP
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Le roi des Pays-Bas, Willem-Alexander, a présenté, hier, ses excuses officielles pour l’implication de son pays dans l’esclavage, déclarant qu’il se sentait «personnellement et extrêmement» affeté. «Aujourd’hui, je me tiens devant vous en tant que roi et membre du gouvernement. 

Aujourd’hui, je vous présente mes excuses personnellement», a déclaré Willem-Alexander sous les acclamations lors d’un événement marquant les 150 ans de l’affranchissement des esclaves dans les anciennes colonies. Des milliers de descendants de personnes réduites en esclavage dans l’ancienne colonie sud-américaine du Suriname ainsi que dans les îles caribéennes d’Aruba, Bonaire et Curaçao assistaient à ces célébrations. «Je ressens cela profondément dans mon cœur et dans mon âme», a déclaré le roi, avant d’ajouter : «La traite des esclaves et l’esclavage sont reconnus comme crimes contre l’humanité».  «Les rois de la maison d’Orange (dont descend le monarque actuel, ndlr) n’ont rien fait pour l’empêcher. Aujourd’hui, je demande pardon pour cette inaction», a encore ajouté Willem-Alexander. Les commémorations marquant la fin réelle de l’esclavage dans les colonies ont lieu chaque année à Amsterdam, une célébration appelée «Keti Koti», soit «briser les chaînes» en sranantongo (l’une des langues du Suriname). 

Ces commémorations sont les premières de ce type depuis la présentation en décembre par le gouvernement d’excuses officielles pour le passé esclavagiste des Pays-Bas. Le discours du roi prononcé depuis l’Oosterpark d’Amsterdam a été retransmis en direct à la télévision nationale.  Des descendants de personnes réduites en esclavage avaient demandé au roi de présenter des excuses officielles.  «C’est important afin de pouvoir digérer le passé esclavagiste», a déclaré en mai Linda Nooitmeer, présidente de l’Institut national pour le passé et l’héritage de l’esclavage (NiNsee), dans une interview accordée à la chaîne publique néerlandaise NOS. Depuis l’émergence du mouvement Black Lives Matter aux Etats-Unis, les Pays-Bas se sont lancés dans un débat souvent difficile sur son passé colonial qui en a fait l’un des pays les plus riches du monde. Selon un rapport commandé par le ministère néerlandais de l’Intérieur et publié en juin, entre 1675 et 1770, les colonies ont rapporté à la famille royale l’équivalent de 545 millions d’euros, à une époque où l’esclavage était très répandu. 

 Les lointains ancêtres du roi actuel, Guillaume III, Guillaume IV et Guillaume V d’Orange-Nassau ont fait partie des plus grands bénéficiaires de ce qui est décrit dans le rapport comme une «implication délibérée, structurelle et durable» dans l’esclavage.  Le Premier ministre des Pays-Bas Mark Rutte avait présenté en décembre les excuses officielles du gouvernement pour le rôle de l’Etat néerlandais en 250 ans d’esclavage, qu’il avait qualifié de «crime contre l’humanité». Dans son discours de Noël, le roi des Pays-Bas avait salué ces excuses, et déclaré que celles-ci étaient le «début d’un long chemin». 

L’esclavage a contribué à financer le «siècle d’or» néerlandais, période de prospérité grâce au commerce maritime aux XVIe et XVIIe siècles. Le pays a procédé à la traite d’environ 600 000 Africains, principalement vers l’Amérique du Sud et les Caraïbes. Si l’abolition officielle de l’esclavage dans les colonies néerlandaises remonte à 160 ans, son application réelle n’a que 150 ans. 
 

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