Escalade de la crise entre Israël, l’Iran et le Hezbollah : La crainte d’une conflagration régionale

05/08/2024 mis à jour: 05:10
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Le Moyen-Orient est à nouveau en proie à une escalade dramatique des tensions. Les récents événements ont plongé le Liban, Israël, l’Iran et leurs alliés respectifs dans une confrontation qui pourrait bien dégénérer en une guerre régionale ouverte. 

Les appels internationaux à quitter le Liban, les renforcements militaires américains et la suspension des liaisons aériennes témoignent de la gravité d’une situation qui inquiète de plus en plus les observateurs. Tout a commencé avec l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh, figure emblématique du Hamas, mercredi dernier à Téhéran. 

Ce meurtre, que l’Iran, le Hezbollah et le Hamas attribuent à Israël, a provoqué une onde de choc à travers la région. Haniyeh, qui symbolisait la résistance palestinienne, et qui était engagé dans des pourparlers avec Israël en vue d’une trêve, a été éliminé quelques heures après la mort de Fouad Chokr, chef militaire du Hezbollah, tué lors d’une frappe aérienne israélienne près de Beyrouth. Ces deux opérations ont été perçues comme une provocation directe par l’axe de la résistance, une coalition de mouvements soutenus par l’Iran, et ont conduit à une série de réactions menaçant la stabilité régionale. 

Mohammad Bagher Ghalibaf, président du Parlement iranien, a rapidement réagi en promettant une vengeance sévère. «Nos forces armées donneront une leçon historique à l’entité sioniste et à son principal soutien, les Etats-Unis», a-t-il déclaré avec fermeté lors d’une session parlementaire, faisant écho aux déclarations belliqueuses de Téhéran. Le message de Ghalibaf a été relayé par l’agence de presse officielle iranienne, Irna, qui a rapporté que le régime ne laisserait aucun acte d’agression sans réponse. Cette déclaration marque un tournant dans la rhétorique iranienne, suggérant que le régime envisage une riposte non seulement contre Israël, mais aussi contre ses alliés, notamment les Etats-Unis.

Les Gardiens de la révolution, bras armé idéologique de l’Iran, ont enfoncé le clou en promettant une réponse «au moment et au lieu appropriés», affirmant que Tel-Aviv et Haïfa figuraient parmi les cibles potentielles. Cette menace explicite souligne la gravité de la situation et l’imminence d’une riposte militaire iranienne, qui pourrait prendre la forme de frappes directes ou d’opérations menées par des groupes alliés, comme le Hezbollah ou les Houthis.

Sur le terrain, le Hezbollah a déjà intensifié ses actions contre Israël. Le mouvement libanais pro-iranien a revendiqué le lancement de dizaines de roquettes sur le nord d’Israël en réponse aux frappes israéliennes contre ses positions dans le sud du Liban. Bien que la plupart de ces projectiles aient été interceptés par le système de défense israélien, cette attaque symbolise une escalade dans le conflit. En réponse, l’armée israélienne a mené des frappes aériennes ciblées contre des positions du Hezbollah, alimentant un cycle de violences qui semble difficile à enrayer.

Dans ce contexte tendu, les Etats-Unis ont rapidement réagi en annonçant un renforcement de leur dispositif militaire dans la région. Le secrétaire à la Défense a précisé que cette décision visait à protéger les forces américaines déployées au Moyen-Orient et à «soutenir Israël» dans ce qui est considéré par l’administration américaine comme une «défense». Ce renforcement militaire est perçu comme une démonstration de force visant à dissuader toute action iranienne contre les intérêts américains ou israéliens. Joe Biden, interrogé sur la possibilité d’une réponse directe de l’Iran, a exprimé son incertitude. «Je l'espère, je ne sais pas», a-t-il déclaré, visiblement flegmatique.

«Quittez maintenant le Liban !»

L’ambassade des Etats-Unis à Beyrouth a exhorté ses ressortissants à quitter le Liban immédiatement, reflétant l’inquiétude croissante face à un possible débordement du conflit au-delà des frontières israélo-libanaises. Ce message a été relayé par plusieurs pays européens, dont la Suède et le Royaume-Uni, qui ont également conseillé à leurs citoyens de quitter le Liban. David Lammy, chef de la diplomatie britannique, a été clair : «Mon message pour les ressortissants britanniques est simple : quittez maintenant le Liban !» 

Sur le front économique et commercial, la situation n’est guère plus rassurante. Plusieurs compagnies aériennes, dont Lufthansa, Air France et Kuwait Airways, ont suspendu leurs vols à destination de Beyrouth, craignant pour la sécurité de leurs passagers dans un contexte de montée des tensions. La suspension des liaisons aériennes avec le Liban ajoute une dimension supplémentaire à la crise, isolant un peu plus le pays qui se trouve déjà plongé dans une situation économique et politique désastreuse. L’ouverture de multiples fronts de guerre autour d’Israël, que ce soit au Liban, en Syrie, ou via les Houthis au Yémen, fait craindre un conflit régional d’une ampleur sans précédent. Les Houthis, alignés sur la politique de Téhéran, ont déjà menacé Israël d’une «riposte militaire», tandis que des groupes armés en Irak, également soutenus par l’Iran, pourraient se joindre à l’escalade. 

Cette multiplication des fronts augmente le risque d’un conflit qui ne se limiterait pas à Israël et ses voisins immédiats, mais pourrait englober une grande partie du Moyen-Orient. Il est important de souligner que depuis la guerre de 2006, Israël se prépare pour une revanche contre le Hezbollah. Selon les estimations israéliennes, le groupe libanais disposerait d’un arsenal de plus de 150 000 missiles et roquettes. Hassan Nasrallah, le leader du Hezbollah, a récemment affirmé que malgré les 5000 projectiles déjà tirés depuis octobre, l’essentiel de son arsenal restait intact. Les responsables israéliens ont d’ailleurs été surpris par la sophistication des attaques menées par le Hezbollah.

 Celles-ci incluent des frappes précises contre les postes de surveillance israéliens le long de la frontière, la destruction de drones israéliens de haute technologie, ainsi que des attaques sur les batteries du Dôme de fer et les défenses antidrones israéliennes. Au-delà de son arsenal, le Hezbollah pourrait mobiliser entre 40 000 et 50 000 combattants, voire plus de 100 000, selon Nasrallah. Beaucoup d’entre eux ont acquis une précieuse expérience au combat lors de la guerre syrienne, où ils ont combattu aux côtés des forces du régime. En cas de guerre totale, les deux camps pourraient infliger des dommages significatifs l’un à l’autre. 

Un rapport publié début 2024 par l’université Reichman, intitulé «Fire and Blood : The Chilling Reality Facing Israel in a War with Hezbollah», envisage un scénario dans lequel le Hezbollah tirerait entre 2500 et 3000 roquettes par jour pendant plusieurs semaines, ciblant à la fois les sites militaires israéliens et les villes densément peuplées. En 2006, le Hezbollah avait tiré environ 4000 roquettes en 34 jours. 

Cette fois-ci, ses missiles pourraient atteindre des cibles bien plus profondes en Israël, notamment Tel-Aviv. De plus, une crise majeure dans le Golfe pourrait voir Téhéran bloquer le détroit d’Hormuz, provoquant une flambée des prix mondiaux du pétrole.

 

 

 

Des dizaines de martyrs et blessés dans des raids

Des dizaines de Palestiniens sont tombés en martyrs et d’autres ont été blessés hier dans des raids de l’aviation et de l’artillerie de l’occupant sioniste contre diverses zones de la bande de Ghaza, soumise à une agression génocidaire depuis 303 jours, a rapporté l’agence de presse Wafa. Au moins cinq Palestiniens sont tombés en martyrs et 16 autres ont été blessés lorsque des drones de l’entité sioniste ont ciblé des tentes abritant des personnes déplacées près de l’hôpital des Martyrs d’Al Aqsa à Deir Al Balah, dans le centre de la bande de Ghaza, souligne Wafa. Par ailleurs, trois Palestiniens sont tombés en martyrs dans un bombardement aérien ayant visé une maison dans le camp de Deir Al Balah, ajoute la même source. Dans le nord de la bande de Ghaza, huit Palestiniens sont tombés en martyrs et d’autres, dont des enfants, ont été blessés dans le bombardement par des avions de l’occupant sioniste ayant visé une maison dans la région d’Al Fakhoura, au nord-ouest du camp de réfugiés de Jabaliya. L’aviation sioniste a, en outre, ciblé la zone d’Al Hasayna, à l’ouest du camp de Nuseirat, tandis que d’intenses bombardements d’artillerie ont visé la zone autour de la centrale électrique de Ghaza et de l’Ecole malaisienne au nord du même camp. Les forces d’occupation ont également ouvert le feu sur les zones situées à l’est du camp de Bureij, dans le centre de la bande de Ghaza. 

 

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