Le nombre de maladies transmises par les animaux à l’homme ne cesse d’augmenter. Après la Covid 19, C’est aujourd’hui la variole du singe qui fait la une des médias. Zoom sur cet «ancien-nouveau» virus qui affole le monde entier !
L’émergence d’un nouveau clade de la mpox, sa propagation rapide dans l’est de la RDC et la notification de cas dans plusieurs pays voisins sont très préoccupantes. Si l’on ajoute à cela les épidémies imputables à d’autres clades de la mpox en RDC et dans d’autres pays d’Afrique, il est clair qu’une action internationale coordonnée est nécessaire pour enrayer ces épidémies et sauver des vies».
C’est ce qu’a affirmé, mercredi, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. «Aujourd’hui, le comité d’urgence s’est réuni et m’a fait savoir qu’à son avis, la situation constitue une urgence de santé publique de portée internationale : j’ai accepté cet avis», a-t-il poursuivi.
C’est ainsi que le plus haut degré d’alerte au niveau international face à la résurgence des cas de variole du singe en Afrique fut déclenché. Il faut savoir que selon l’OMS, le virus mpox, anciennement appelé « monkeypox », autrement dit « variole du singe » est une maladie provoquée par l’orthopoxvirus simien.
Il s’agit donc d’une infection virale qui peut se propager entre les personnes et parfois de l’environnement aux personnes par le biais d’objets et de surfaces qui ont été touchés par une personne atteinte infectée. «Dans les milieux où le virus de l’orthopoxvirose simienne est présent chez certains animaux sauvages, il peut également être transmis des animaux infectés aux personnes qui sont en contact avec eux», indique l’OMS.
Toutefois, la variole du singe touche assez rarement les singes. En effet, contrairement à ce que son nom indique, le virus est surtout présent chez les rongeurs.
Si cet état d’urgence sanitaire est à prendre avec sérieux, c’est non seulement car le virus commence à se propager et en plus, l’épidémie actuelle est provoquée par le clade 1 et par une variante encore plus dangereuse, le clade 1b, dont le taux de mortalité est estimé à 3,6 %. «Nous faisons face à plusieurs épidémies avec différentes souches dans différents pays, avec différents modes de transmission et différents niveaux de risque», a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Et cette déclaration a pris, jeudi, tout son sens. En effet, au lendemain de ces déclarations, la Suède a signalé un premier cas sur son territoire, plus précisément dans la région de Stockholm.
A cet effet, le ministre de la Santé et des Affaires sociales, Jakob Forssmed a affirmé : «Nous avons eu durant l’après-midi la confirmation que nous avons un cas en Suède de contamination à la forme la plus grave du mpox». De son côté, Olivia Wigzell, la cheffe intérimaire de l’agence de santé publique suédoise a précisé que la personne touchée a été infectée lors d’un séjour dans une région d’Afrique «où sévit une importante épidémie de mpox du sous-type clade 1».
Hier, c’est le Pakistan qui a fait état d’un premier cas de mpox sur son territoire, précisant que la personne contaminée venait d’un pays du Golfe. Dans la foulée, Pékin a annoncé renforcer ses contrôles en mettant en place des mesures valables pour les six prochains mois.
Dans un communiqué rendu public hier, les douanes chinoises ont indiqué : «Les personnes provenant de pays ou de régions touchées par le mpox et qui ont été exposés à des cas de la maladie ou qui en présentent des symptômes doivent prendre l’initiative de se déclarer aux douanes lors de leur arrivée en Chine».
Les agents des douanes prendront alors des mesures médicales et procéderont à des échantillonnages et à des tests conformément aux procédures.
Les véhicules de transport ne sont pas en reste de tout ça. En effet, «tout ce qui est conteneurs ou marchandises provenant de zones touchées et qui sont contaminés ou sont susceptibles d’avoir été contaminés doivent être désinfectés», prévient la douane. Face à cette recrudescence des cas, le directeur général de l’OMS estime qu’une réponse internationale coordonnée est essentielle pour stopper cette épidémie et sauver des vies.
Si pour le moment, la majorité des cas ont été enregistrés en République Démocratique du Congo, quelques cas ont tout de même été détectés en Ouganda, au Kenya, au Burundi, et même au Rwanda.
Pour sa part, le Pr Dimie Ogoina, président du Comité a fait savoir que la recrudescence actuelle de la variole du singe dans certaines régions d’Afrique, ainsi que la propagation d’une nouvelle souche sexuellement transmissible du virus de la variole du singe constituent une urgence, non seulement pour l’Afrique, mais aussi pour le monde entier.
«La variole, originaire d’Afrique, y a été négligée avant de provoquer une épidémie mondiale en 2022. Il est temps d’agir avec détermination pour éviter que l’histoire ne se répète», a-t-il martelé.
Déforestation
A noter que l’OMS avait décrété l’alerte maximale en juillet 2022, puis l’avait levée moins d’un an après, en mai 2023. L’épidémie avait fait 140 morts. Finalement, le nombre de maladies transmises par les animaux à l’homme ne cesse d’augmenter.
Après la Covid 19, la variole du singe fait la une des médias. Et à en croire les spécialistes, c’est la destruction de la biodiversité qui a permis la dilution naturelle des virus. M. Bensaid Sahraoui, enseignant chercheur en écologie et patrimoine forestier à l’Université des sciences et de la technologie Houari Boumediene avait d’ailleurs expliqué à ce sujet à El Watan que les cartes de la déforestation et des épidémies se superposent. La raison ?
La disparition des forêts impacte les habitats d’animaux sauvages qui se rapprochent dangereusement des lieux de vie de l’homme et peuvent transmettre des maladies jusque-là inconnues. Selon lui, si ces animaux sont porteurs de virus inoffensifs pour eux, ils peuvent les transmettre à l’homme.
«La barrière peut être franchie facilement ou bien suite à des mutations», a-t-il indiqué. Face à la propagation croissante du virus, le Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique a toutefois tenté de rassurer : «Nous intensifions encore notre action par le biais d’une action internationale coordonnée afin d’aider les pays à mettre un terme aux épidémies».
«Des efforts importants sont d’ailleurs déjà en cours et cela, en étroite collaboration avec les communautés et les gouvernements. Nos équipes nationales travaillant en première ligne pour aider à renforcer les mesures visant à enrayer la variole», a-t-elle conclu.
Symptômes
Contrairement à la Covid 19, le virus mpox ne se transmet pas avant l’apparition des symptômes. En effet, après l’infection, il faut généralement attendre 5 à 21 jours pour que les premiers symptômes apparaissent. Pour ce qui est de la guérison, il faut savoir que l’infection prend généralement fin au bout de 14 à 21 jours. Toutefois, il est important de rester attentif à ces symptômes :
• Fièvre
• Maux de tête
• Douleurs musculaires et dorsales
• Frissons
• Epuisement
• Gonflement des ganglions lymphatiques
• Eruption cutanée. Irritante et douloureuse, celle-ci évolue et passe par plusieurs stades avant de former une croûte qui tombe ensuite.
Modes de transmission
• De l’animal à l’homme
La transmission à l’homme s’effectue par contact avec des animaux infectés ou leurs excréments, mais aussi via la consommation de viande d’animaux infectés qui n’a pas été assez cuite.
• De l’homme à l’homme
La variole du singe est à transmission interhumaine par inhalation de gouttelettes respiratoires. Il faut aussi savoir que le risque de contamination est particulièrement élevé en cas de contact (par exemple de la peau non intacte ou des muqueuses) avec le contenu des pustules ou de la croûte présente sur la peau.
• Via des vêtements ou des objets
Les vêtements ou la literie contaminée peuvent également transmettre l’infection. Idem pour les poignées de portes, téléphones et tout autre objet ayant été en contact avec une personne infectée.
Prise en charge
Dès que le diagnostic est posé, la personne malade doit directement être isolée afin d’éviter toute contamination supplémentaire. En ce qui concerne le traitement, celui-ci est généralement symptomatique, autrement dit, il va venir traiter les symptômes (stopper la fièvre et calmer les démangeaisons). Il est toutefois déconseillé de se gratter les lésions pour ne pas se ré-inoculer le virus. L’utilisation d’anti-inflammatoires est aussi interdite afin d’éviter le développement de formes graves. Pour les sujets plus fragiles, des médicaments antiviraux et des immunoglobulines sont prescrits. S. O.