Un grand virage s’opère actuellement au niveau de l’entreprise citoyenne Tiaret-Nadhafa, et cela cinq années à peine après sa naissance. Une naissance, rappelons-le, venue atténuer de lourdes appréhensions dues à l’insalubrité criante qui caractérisait bon nombre de villes, dont son chef-lieu de wilaya, Tiaret, qui ployaient sous les immondices et déchets inertes.
Intenable situation dont ne cessaient de se plaindre à la fois les citoyens que les responsables à différents niveaux et qui a fini par la création de cette EPIC, qui a été saluée en son temps par les Tiarétis.
Cinq années après, Tiaret-Nadhafa fait sa mue dans la douleur mais aussi avec des perspectives que tout un chacun espère meilleures pour le cadre de vie dans la capitale des hauts plateaux de l’ouest. Jusque-là en charge des opérations d’enlèvements de déchets ménagers dans 40 secteurs à Tiaret après l’externalisation d’une grande partie de cette charge par l’APC, l’EPIC Tiaret-Nadhafa vient de voir son champ d’action s’élargir. «Une seconde convention vient d’être signée avec l’APC de Sougueur pour la soulager de quatre des neufs grands secteurs dans la deuxième plus grande concentration urbaine de la wilaya en attendant sa généralisation pour couvrir totalement cette grande commune mais en attendant un autre apport en moyens».
C’est ce que dira Stitni Lazreg, directeur de l’EPIC en marge de la célébration de la journée mondiale de l’environnement. Ce responsable, qui faisait face à la colère de ses administrés à l’arrivée de l’actuel wali, Ali Bouguerra, a su surmonter l’épreuve relationnelle et s’affaire depuis à rehausser l’image que voudrait bien garder de cette jeune entreprise les citoyens de la ville.
Beaucoup de moyens matériels et humains furent en effet injectés, beaucoup a été fait en matière de collecte et beaucoup reste à faire tant aux problèmes objectifs dont fait face Tiaret-Nadhafa viennent se greffer de sérieux problèmes d’ordre structurels et ceux liés à l’assise budgétaire.
Tiaret-Nadhafa, qui emploie 234 travailleurs, dépense en masse salariale plus de 13 millions de dinars par mois alors que ses rentrées restent faibles avec près de 7 millions dinars par mois, et cela en dépit de la dizaine de conventions établies avec notamment la DOU (Direction des œuvres universitaire) pour les cités U et certaines institutions étatiques et sécuritaires pour la collecte et le tri des déchets constituant de substantielles rentrées d’argent.
Cela intervenait à un moment où Tiaret-Nadhafa a conclu une convention pour l’enlèvement des déchets à Sougueur et à un moment ou les pouvoirs-publics, à travers le chef de l’exécutif qui accompagne cette entreprise avec des donations en matériels de ramassage à travers des opérations induites par le FCCL (Fonds commun des collectivités locales) et cerise sur le gâteau en lui offrant une structure en cours de réalisation près de la zone industrielle pour en faire son siège.
L’actuel siège, sise au centre-ville, en lieu et place de l’ex gare routière (route Khouidmi Abdelkader) indispose les riverains d’où la décision de le délocaliser. Evoquer Tiaret-Nadhafa c’est parler de ces opérations ratées comme celle principalement induite par le projet pour l’heure opaque des 30 bacs semi-enterrés réalisés en ville par l’ancienne équipe dirigeante et pour lequel Ali Bouguerra a ordonné l’ouverture d’une enquête administrative.
Opération ayant valu donc la pose de 32 bacs semi enterrés dans 11 sites sur le territoire de la commune de Tiaret et qui ont coûté plus de 11 milliards de centimes mais lequel projet est resté non fonctionnel. C’est d’ailleurs en marge d’une de ses visites en ville que le chef de l’exécutif a entendu dire que tous les 30 moteurs de ces équipements ont été subtilisés.
Certains ont vite fait de qualifier l’acte de criminel car en plus de cet investissement improductif, l’objectif visé, qui est le tri sélectif, est parti en fumée générant de grosses polémiques sans fins.
Un épisode malvenu qui impacta l’entrain qui caractérise l’entreprise et son jeune personnel dont des diplômés tous acquis à la noble cause d’en faire de cette entreprise citoyenne celle d’un milieu expurgé de ses scories. Deuxième gros souci qui semble donner des ailes à cette entreprise reste celui d’infléchir la donne en matière de vols et d’incendies de bacs à ordures.
Avec 20 bacs en moyenne volés et/ou incendiés par jour selon M. Stitni, Tiaret-Nadhafa a engagé un ambitieux programme de substituer les bacs en plastique par d’autres en tôle fabriqué dans les locaux de l’entreprise avec de la matière locale récupéré depuis Naftal et tout récemment de l’usine SAFAM-Mercedes.
«La tôle découpée des fûts sert à réaliser des bacs installés en lieu et place de ceux en plastique. L’opération semble relativement réussie. 30 sites ont déjà été pourvu, à titre expérimental et on se frotte les mains à l’idée d’engranger des dividendes quand on sait que le bac fabriqué à l’aide de plastique coûtait jusqu’à 18 000 DA soit substitué par celui réalisé par les moyens propres de l’entreprise et dont le coût de revient ne dépassait pas les 8000 DA.
Assurer donc les enlèvements de plus de 200 tonnes de déchets ménagers par jour dans au moins 40 sites avec seulement 14 bennes tasseuses est un pari fou que s’est fixé Tiaret-Nadhafa quand on connait l’incivisme ambiant qui caractérise le paysage et le travail d’appoint qui gagne à être amélioré. Ici, nos interlocuteurs évoquent le travail des balayeurs qui a presque disparu et dont l’APC est en charge d’assurer si l’on veut faire rendre son lustre à une cité autrefois où il faisait bon y vivre.