Le Canada est confronté ces dernières années à des événements météorologiques extrêmes dont l'intensité et la fréquence sont accrues par le réchauffement climatique.
Les autorités de la Colombie Britannique, dans l’ouest du Canada, ont prié des dizaines de milliers d’habitants de prendre au sérieux les ordres d’évacuation samedi, les incendies de forêt «extrêmes et à évolution rapide» menaçant de grandes parties de la pittoresque vallée de l’Okanagan, dont la ville de Kelowna.
La situation dans cette région très prisée des plaisanciers et des randonneurs évolue très rapidement, a déclaré Bowinn Ma, responsable des situations d’urgence de la province de Colombie Britannique, dans l’ouest du pays.
Environ 30 000 personnes ont reçu un ordre d’évacuation, et 36 000 autres sont en état d’alerte et prêtes à fuir. «Nous insistons sur l’importance absolue de suivre immédiatement les ordres d’évacuation», a-t-elle souligné lors d’une conférence de presse.
«C’est une question de vie ou de mort pour les gens qui se trouvent dans ces propriétés mais aussi pour les secours qui sont parfois contraints de revenir et de prier les gens de partir».
Kelowna, ville de 150 000 habitants, asphyxiée par une épaisse fumée, est le dernier centre urbain en date à être victime des dramatiques feux de forêt à travers le Canada, où des millions d’hectares ont brûlé.
Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a déclaré s’être entretenu avec le Premier ministre de la Colombie Britannique, David Eby, de la «situation des incendies de forêt en évolution rapide et incroyablement dévastateurs» et a promis des ressources fédérales.
Des pompiers d’Australie, du Mexique, du Brésil et du Costa Rica, ainsi que de l’est du Canada aident la Colombie Britannique à combattre les flammes. Les incendies touchent également le nord du Canada.
«C’est la première fois que quelque chose comme cela, de cette ampleur, arrive dans la région», a expliqué samedi à l’AFP Tony Whitford, 82 ans. Lui et sa famille ont été évacués jeudi de Yellowknife, capitale des Territoires du Nord-Ouest cernée par les feux depuis plusieurs jours, vers Calgary dans l’Alberta, à quelque 1750 km au sud.
«Incroyable» exode
Les vents ont attisé les feux de forêt en direction de Yellowknife, mais la journée de samedi a connu un certain répit après que les pluies de la nuit aient entraîné une chute brutale des températures.
Cependant, «un peu de pluie ne signifie pas que retourner chez soi est sûr», a mis en garde le ministre de l’Environnement des Territoires du Nord-Ouest, Shane Thompson, samedi soir, lors d’une conférence de presse.
«Même si le feu n’est pas visible en surface, il est actif et énorme», a-t-il dit, ajoutant que les températures devraient encore augmenter dimanche. A Yellowknife, Chris Greencorn, un responsable, a salué le travail des équipes qui œuvrent à bâtir autour de la ville des pare-feu et des systèmes d’arrosage et de canons à eau.
Quelque 40 vols transportant environ 3500 passagers en provenance de Yellowknife sont arrivés à Calgary, ont indiqué des responsables de la ville, qui a mis à disposition près de 500 chambres d’hôtel.
Les réfugiés du Grand Nord ont été accueillis dans une petite pièce pour être enregistrés et répartis dans des hôtels. «Des fruits, des biscuits et de l’eau ont été mis à leur disposition», a constaté une journaliste de l’AFP.
«C’était vraiment horrible. Je ne pouvais pas le croire», a raconté Martha Kanatsiak, 59 ans, résidente de Yellowknife depuis plus de vingt ans et arrivée tard vendredi à Calgary. Dans la région de Kelowna, la situation est également critique de l’autre côté du lac Okanagan, à West Kelowna (plus de 30 000 habitants) où «un nombre conséquent» de maisons a brûlé, selon les autorités.
L’hôtel de luxe Lake Okanagan Resort, qui a accueilli par le passé des hauts responsables politiques comme la Première ministre britannique Margaret Thatcher, fait partie des bâtiments ravagés par les flammes, comme le montrent des images circulant dans la presse locale.
De l’autre côté de la frontière, aux Etats-Unis, plusieurs milliers de personnes ont dû fuir les incendies de forêt dans l’Etat de Washington, où au moins un mort a été signalé, selon les médias locaux. Une évacuation a été ordonnée à Medical Lake, près de Spokane et à côté d’une base de l’US Air Force.
Une section de l’autoroute I-90 reliant Seattle à l’est du pays a été fermée, ont annoncé les autorités. Plus d’un millier de feux ravagent actuellement le Canada d’est en ouest, dont plus de 230 dans les Territoires du Nord-Ouest et plus de 370 en Colombie Britannique.