L’Algérie regroupe, selon l’INSP, 46 espèces de scorpions sur les 2500 existantes à l’échelle mondiale. Si cette diversité est importante pour le maintien de l’équilibre écologique, leurs piqûres peuvent parfois constituer un problème. A cet effet, la Direction de la santé de la wilaya d’El Bayadh a lancé, en collaboration avec l’Institut Pasteur d’Algérie, une large campagne de sensibilisation à travers la wilaya, pour lutter contre le danger de l’envenimation scorpionique. Celle-ci s’est d’ailleurs achevée le 29 août dernier.
Pas moins de 46 908 cas de piqûres de scorpions, dont 24 mortels, ont été enregistrées durant l’année 2023», c’est ce qu’a indiqué le dernier rapport de l’Institut national de santé publique au sujet de l’envenimation scorpionique, qui constitue un accident fréquemment rencontré dans plusieurs régions du monde, y compris en Algérie, dans les wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux, plus précisément.
Il faut savoir que l’envenimation scorpionique a été identifiée, au milieu des années 80, comme un enjeu majeur de santé publique en Algérie et cela non seulement en raison de la morbi-mortalité qu’elle engendre, mais en plus, à cause du coût économique qu’elle représente. Si l’année 2023 a connu une hausse de 8,45% de cas piqués comparés à l’année précédente avec 43 250 cas déclarés, un recul de 4% a été observé dans les décès.
En ce qui concerne la répartition des cas piqués, il est important de signaler tout d’abord qu’aucune wilaya n’a déclaré plus de 4000 cas piqués. Ensuite, c’est la wilaya de M’sila, qui a enregistré le nombre de cas le plus élevé avec 3877 cas, suivie par la wilaya d’El Oued avec 3753. Les wilayas de Biskra et Djelfa arrivent respectivement en 3e et 4e place avec 3181 et 3021 cas signalés.
Finalement, une prédominance des cas dans les wilayas du Sud-Est avec un taux de 27,85% est constatée. Celle-ci est suivie par les Hauts-Plateaux-Centre à 18,56%. A contrario, le Nord-Est a le taux le plus bas avec seulement 1,93%. Pour ce qui est des décès, il faut savoir que le plus grand nombre a été enregistré dans la wilaya d’El Bayadh avec 4 morts. Sachant que les enfants de moins de 14 ans sont les plus touchés par les décès. «Le type d’habitat le plus à risque en termes de décès dus aux piqûres de scorpion est la maison traditionnelle ou haouch avec 47,62%.
En second lieu, vient la maison individuelle ou villa avec 28,57%, l’habitat précaire vient en troisième position avec 28,57%», précise le rapport. Ces chiffres démontrent que 85,71% des personnes piquées par un scorpion résident en milieu rural, ce qui «signifie que les scorpions sont plus actifs dans ces zones où l’accès aux soins médicaux d’urgence est limité dans cette zone», poursuit le rapport.
D’ailleurs, les personnes de sexe masculin sont plus nombreuses à être piquées que celles de sexe féminin avec 60,52% versus 39,48%. En ce qui concerne la fréquence des piqûres, celle-ci augmente avec l’âge pour atteindre un pic de 55,11% chez les 15-49 ans aussi bien au niveau national que régional.
Et si l’on a tendance à penser qu’il y a plus de «chance» de se faire piquer par un scorpion à l’extérieur plutôt qu’a l’intérieur, cela est totalement faux. En effet, les résultats de l’étude montrent une répartition presque égale des piqûres de scorpion à l’intérieur des maisons avec 52,18% des cas face à 47,44% en extérieur.
Par contre, la tranche horaire au cours de laquelle les piqûres de scorpions sont les plus fréquentes se situe vers 18h. Plus encore, le rapport précise que 50,67% des cas de piqûre sont survenus le soir entre 18h et 6h. Pour ce qui est de la saison la plus propice aux piqûres, le rapport indique que celles-ci surviennent pendant les mois les plus chauds de l’année, soit de juin à septembre avec un taux de 69,67%.
Tandis qu’en saison hivernale, les pourcentages sont relativement faibles. Et il semblerait que les membres inférieurs sont la partie du corps que les scorpions «préfèrent» piquer avec 46,17% contre 45,18% pour les membres supérieurs. «Les piqûres près du tronc et la tête sont moins fréquentes que celles près des membres, mais elles sont toujours préoccupantes.
Elles sont affectées respectivement dans seulement 5,09 % et 2,76%», précise la source. Finalement, l’envenimation scorpionique nécessite, selon l’INSP, une vigilance accrue. «Une intervention rapide et efficace combinée à des mesures préventives et éducatives pour diminuer de manière significative les taux de mortalité et de morbidité», conclut le rapport.
En chiffres
- 24 décès ont été déclarés en 2023 contre 25 en 2022.
- 33,33 % des victimes sont examinées en premier lieu dans un Etablissement public hospitalier (EPH) et une polyclinique.