La commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, a souligné hier à Athènes la nécessité d’«investir dans les voies légales» d’entrée des migrants dans l’espace européen pour faire face au manque de main-d’œuvre en Europe, rapporte l’AFP.
En se félicitant «des progrès significatifs» que le gouvernement grec du Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, avait fait ces dernières années en matière de la gestion des migrations, la commissaire a souligné la nécessité de faire face «aux défis actuels» et d’«investir dans les voies légales en matière d’immigration légale».
«Nos sociétés manquent de main-d’œuvre sur le marché de l’emploi, nous avons besoin de le faire de manière ordonnée» et travailler sur «l’intégration» des migrants dans la société, a-t-elle déclaré aux médias à l’issue des entretiens avec Kyriakos Mitsotakis et le ministre grec des Migrations, Dimitris Kairidis.
Le Parlement grec a adopté en décembre un amendement autorisant les migrants sans papiers à travailler en Grèce, pour parer à la pénurie de main-d’œuvre, surtout dans les secteurs agricole et de la construction. Ylva Johansson a souligné «le rôle important» de la Grèce, l’une des principales portes d’entrée des migrants en Europe, dans l’accord trouvé par l’Union européenne (UE) en décembre dernier pour une refonte du système migratoire et d’asile européen.
L’accord prévoit surtout un contrôle renforcé des arrivées de migrants dans l’UE, des centres près des frontières pour renvoyer plus rapidement ceux n’ayant pas droit à l’asile dans l’espace européen et un mécanisme de solidarité obligatoire entre pays membres, au profit des Etats soumis à une pression migratoire. «Nous renforçons les droits des demandeurs d’asile et la protection des groupes vulnérables», a assuré Ylva Johansson. De nombreuses ONG de défense des droits de migrants ont toutefois alerté en novembre sur «le dysfonctionnement» de l’accueil des réfugiés en Grèce et «la surpopulation» dans certains camps d’accueil sur les îles de la mer Egée.
En décembre, Amnesty International et Human Rights Watch (HRW) ont déploré le retard pris dans l’enquête sur les responsabilités éventuelles des garde-côtes grecs concernant l’un des naufrages de migrants les plus meurtriers au large de la Grèce en juin 2023, qui a fait 82 morts tandis que près de 600 personnes ont été portées disparues.
Ylva Johanson a indiqué lundi avoir questionné Kyriakos Mitsotakis sur les progrès de l’investigation sur ce naufrage «tragique» et réitéré la nécessité de «lutter contre le trafic de migrants».