Entre résurgences et rénovation

15/05/2022 mis à jour: 03:32
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Le régime tant honni de Bouteflika avait entamé son règne par la mise en place d’«associations citoyennes» qui avaient pour mission de casser les ressorts de la société civile et de la remodeler à l’image du système de gouvernance en construction. L’opération de charme avait fonctionné un moment et a eu le temps de causer quelques retentissants dommages collatéraux dans des régions qui affichaient un dynamisme démocratique de bon aloi. 

La démarche a été abandonnée quand des moyens encore plus déterminants avaient été mis entre les mains de la galaxie prédatrice naissante. La rente pétrolière avait plu sur le pays et arrosa subsidiairement des pans entiers de la société. Le clientélisme fut préféré au contrôle organique du corps social. L’ingénierie politique chère au diplomate au long cours avait été alors remisée au placard laissant place aux empires économiques, futurs oligarques puis membres de la «bande», qui sidéraient la société tout en captant l’essentiel des revenus du pays. 

Le régime déchu ne finit pas d’être enterré et le risque de résurgences liées à son règne aussi scabreux que haut en couleurs n’est pas totalement enrayé. Les velléités de contrôle de la société civile, opérant un véritable retour en force, ne sont pas sans rappeler les méthodes du passé dont les chances de réédition avec plus d’efficacité sont extrêmement faibles. Les étranges cérémonies ayant permis récemment d’élire les membres du Haut conseil à la jeunesse ont suscité sur les réseaux sociaux la même question centrale : quel sera son rôle ? 

Contrairement à l’idée répandue, les questionnements des internautes ont valeur de sondage, en l’absence d’instituts spécialisés consacrés dans les systèmes démocratiques. Il y a en effet moult raisons de s’interroger sur la mise sur pied de nouvelles instances, bénéficiant au minimum et surtout d’«autonomie financière», à un moment où les dernières échéances électorales ont permis d’installer les nouvelles assemblées populaires ouvertes en priorité aux jeunes et disposant de commissions destinées à sérier leurs préoccupations. 

Ce début de semaine, c’est l’Observatoire national de la société civile qui organise à Alger une rencontre autour du thème de la démocratie participative. Un flux important d’associations a été convié aux côtés de responsables centraux qui nourriraient l’espoir de voir la pression protocolaire diminuer en intensité pour faire face à leur charge de travail. Les mêmes interrogations surgissent à cette occasion. 

La même évidence également. La démocratie participative pourra prendre corps au sein des assemblées élues, dont la vocation première est d’impliquer la société civile afin d’assurer une gestion probante des affaires publiques. 

Le véritable défi est d’amener précisément ces assemblées à assumer leur rôle en direction des structures et organisations sociales, les plus à même de relayer en temps réel les attentes de la population. La consécration de la démocratie, dans toutes ses dimensions, est tributaire d’un renouveau politique. Celui-ci ne peut être impulsé qu’au sein des partis dont la restructuration en cours est nécessairement porteuse de perspectives de renouvellement générationnel et de rénovation de l’action politique.

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