Encadrés par les forces de sécurité, ils ont accompli des rituels talmudiques : Des ministres et des milliers de colons juifs à l’esplanade d’Al Aqsa

14/08/2024 mis à jour: 05:14
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Des milliers de juifs ont pénétré à l’esplanade de la mosquée Al-Aqsa sous la protection de la police

Tôt dans la matinée d’hier, des milliers de colons juifs ont pris d’assaut l’esplanade de la mosquée Al Aqsa, en Palestine occupée, sous une protection policière, pour accomplir des rituels talmudiques. 

Diffusées sur les réseaux sociaux, les images montrent ces derniers, tantôt en train de prier à genoux ou à plat ventre, tantôt en train de danser ou de provoquer les fidèles palestiniens qui ont réussi à atteindre la cour de la moquée, malgré l’imposant dispositif policier qui filtrait les points de passage  des portes de la vieille ville. A la tête de cette manifestation, deux ministres de l’extrême droit sioniste, Itmar Ben Gvir de la Sécurité et Yitzhak Wasserlauf, ainsi qu’un membre de la Knesset, Amit Helevi, les premiers à avoir rejoint le lieu saint, par la porte des Maghrébins, avant de visiter la place de l’Est, sous une escorte policière impressionnante. 

Selon les comptes rendus de la presse palestinienne et israélienne, la veille de cette incursion, des colons juifs avaient organisé «une marche des drapeaux» autour du mur de Jérusalem occupée. «Le maire adjoint de la municipalité d’occupation de Jérusalem et des membres de la Knesset ont participé à la marche, aux côtés de dizaines de colons qui ont brandi les drapeaux de l’occupation, exigeant ''l’imposition de la souveraineté'' sur la mosquée Al Aqsa», a écrit l’agence palestinienne Wafa, précisant que la manifestation «a commencé devant la municipalité d’occupation à Jérusalem, près de Bab Al Jadid, jusqu’à la porte de Damas et Al Sahira, en passant par la porte des Lions et se terminant par la porte Al Maghariba et la place du mur de Buraq (…). Les colons ont exécuté des rituels talmudiques devant Bab Al Qattanin, l’une des portes de la mosquée Al Aqsa, tandis que les forces d’occupation ont arrêté un homme âgé et un enfant et les ont empêché de quitter la mosquée Al Aqsa jusqu’à ce que les colons aient terminé leurs rituels». 

Hier, près de 3000 colons sionistes ont pris part à l’incursion dans les cours de la mosquée Al Aqsa. Porte-parole du président de l’Autorité palestinienne, Nabil Roudeina a «condamné» l’entité sioniste pour avoir «autorisé» aux milliers de colons juifs de commémorer sur ce lieu la destruction du mont du Temple. Dans son post sur X (anciennement Twitter), l’extrémiste Ben Gvir a écrit : «On est sur le mont du Temple, pour Tisha Beav, qui marque la destruction du Temple. Mais il faut être sincère et dire que des progrès très importants ont été accomplis en matière de gouvernance et de souveraineté. Comme je l’ai dit, notre politique est d’autoriser la prière.» 

Ben Gvir : «notre politique est d’autoriser la prière» à Al Aqsa

Il n’est pas à sa première invasion de l’esplanade d’Al Qods, multipliant les déclarations provocatrices. Pour le porte-parole du président de l’Autorité palestinienne, la visite des officiels israéliens et des milliers de colons juifs constitue une «provocation dangereuse», et d'ajouter qu'Israël est tenu pour «responsable de ces pratiques». A ce titre, il a exhorté les Etats-Unis pour une «intervention immédiate» afin, a-t-il souligné, «de mettre fin à ces provocations contre nos sites religieux sacrés». 

Pour sa part, le Conseil des ministres de l’Autorité palestinienne, par la voix de son Premier ministre, a demandé «aux différentes instances internationales de prendre leurs responsabilités juridiques vis-à-vis de l’autorité occupante à Ghaza et en Cisjordanie, y compris Jérusalem, en particulier dans le contexte de la guerre de génocide en Ghaza et des incursions des colons dans la mosquée Al Aqsa dans la ville occupée de Jérusalem, sous la protection de la police d’occupation, dirigée par le ministre israélien de la ''Sécurité nationale'', l'extrémiste Itamar Ben Gvir, et d’empêcher les fidèles d’entrer dans la mosquée Al Aqsa». 

Allant dans le même sens, les instances islamiques et les autorités d’Al Qods occupée ont condamné «les violations sans précédent commises par le gouvernement d'occupation contre la mosquée Al Aqsa, qui a récemment commencé à mettre en œuvre les plans des extrémistes juifs pour saccager la situation qui existe depuis plus de 1400 ans à la mosquée Al Aqsa», lit-on dans la déclaration commune, rendue publique à travers le site du Conseil islamique des affaires et des lieux sacrés de Jérusalem, de la Commission islamique suprême, de la Maison palestinienne du référendum, de la Chambre des juges de Jérusalem, de la Direction de Waqf islamique et des affaires de la mosquée Al Aqsa. Dans leur déclaration, ces organismes ont «mis en garde contre les conséquences de l’autorisation par les autorités d’occupation à des centaines d’extrémistes juifs, accompagnés de ministres, de politiciens et de membres de la Knesset, de profaner et d’envahir la mosquée Al Aqsa, sous le prétexte qu’ils prétendent ''commémorer la ruine de la structure'', avec une protection renforcée par des membres de la police, des gardes-frontières et des forces spéciales armées, et de permettre aux extrémistes de faire des visites provocatrices, d’organiser des cercles de danse, d’applaudir, de chanter, de brandir le drapeau israélien et d’autres violations qui provoquent les sentiments de deux milliards musulmans dans le monde». 

Pour sa part, la Commission présidentielle suprême pour les affaires des églises en Palestine a condamné, elle aussi, «l’agression» des forces d’occupation et des colons, «en particulier» des ministres et des membres de la Knesset, «contre la sainteté de la mosquée Al Aqsa et son statut religieux suprême», et l’a considérée comme «une provocation et une insulte aux sentiments de plus de deux milliards de musulmans dans le monde».  


Dans un communiqué publié hier par son président, Ramzi Khoury, membre du comité exécutif de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine), la Commission a indiqué que «ces intrusions commémoratives de la soi-disant ''destruction du Temple'' s’inscrivent dans le contexte des tentatives du gouvernement d’occupation extrémiste, dirigé par le trio raciste : Netanyahu, Smotrich et Ben Gvir, de mettre en œuvre son projet colonial non seulement dans la ville et ses sanctuaires de Jérusalem, mais dans le reste des Territoires palestiniens occupés».


L’opposition israélienne : «les lignes rouges ont été franchies à Al Aqsa»


Pour sa part, le ministère jordanien des Affaires étrangères a, dans un communiqué, dénoncé l’assaut de l’esplanade d’Al Aqsa en qualifiant les trois responsables israéliens d'«extrémistes». Il a précisé que cette situation «reflète l’insistance du gouvernement israélien et de ses membres extrémistes à ignorer le droit international et les obligations d’Israël à titre de puissance occupante» et appelé la communauté internationale «condamner fermement» l’invasion «de ce lieu de culte réservé exclusivement aux musulmans», avant de rappeler que «ce site relève de la juridiction du Waqf jordanien» et «qu’Israël n’a aucune souveraineté sur la  ville occupée de Jérusalem et sur ses lieux saints islamiques et chrétiens». 

Lui emboîtant le pas, l’Egypte a condamné «la visite de l’esplanade de la mosquée d’Al Aqsa par des responsables politiques israéliens, des colons et des extrémistes israéliens, ainsi que le hissage du drapeau israélien, sous la protection de la police israélienne, alors que les fidèles palestiniens ont été empêchés d’entrer dans Al Aqsa», lit-on dans le communiqué diffusé par le ministère des Affaires étrangères égyptien. Ce dernier a qualifié cette visite de «comportement irresponsable et provocateur» et exhorté la communauté internationale à «jouer un rôle actif dans la lutte contre ces violations, qui exacerbent les émotions et contrecarrent les efforts déployés pour parvenir à un cessez-le-feu à Ghaza». 

Les condamnations sont venues également de l’intérieur d'Israël, où de nombreuses voix se sont élevées contre le comportement des ministres extrémistes. «La campagne électorale de Ben Gvir au mont du Temple, qui va complètement à l’encontre de la position des responsables de la sécurité, pendant une guerre, met en danger la vie des citoyens israéliens et la vie de nos soldats et officiers de police», a déclaré le chef de l’opposition Yair Lapid, au journal hébreu The Times Of Israel, ajoutant : «La bande d’extrémistes irresponsables au gouvernement essaie d’entraîner Israël dans une guerre régionale totale. Ces gens ne peuvent pas diriger un pays.»  Le même média a rapporté que le ministre des Affaires religieuses, Michael Malkieli, «a lui réitéré la position du Grand Rabbinat qui s’oppose à ce que les juifs visitent le site en raison de sa sainteté, ajoutant qu’il s’agit également d’une «provocation inutile envers les nations du monde entier». 

D’autres hommes politiques, comme le député du parti Raam, Waleed Alhawashla, a, selon la même source, déclaré que «les lignes rouges ont été franchies aujourd’hui à Al Aqsa avec des provocations massives des extrémistes. Ben Gvir et ses partisans aspirent à plus de guerre et à plus de morts, aspirent à une conflagration», alors que «le député du parti radical Hadash-Ta’al, Ahmad Tibi, a lui qualifié Ben Gvir de pyromane qui a décidé de se livrer à toute provocation pour provoquer une guerre régionale», a écrit le journal. Malheureusement, jusqu’en fin de journée, le reste du monde s’est muré dans un silence complice.  Salima Tlemçani

 

 

 

Environ 500 écoles dans la bande de Ghaza bombardées 

Au moins 477 des 564 écoles dans la bande de Ghaza ont été bombardées et détruites dans l’agression génocidaire menée par les forces d’occupation sionistes contre la bande de Ghaza, a rapporté le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) dans les Territoires palestiniens occupés. Selon la source, 344 écoles ont été directement touchées et 133 autres détruites lors des combats qui se sont déroulés à proximité. Il s’agit de 264 écoles publiques, 57 écoles privées et 156 écoles de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient. Selon le rapport, les autorités de la Défense civile de la bande de Ghaza ont indiqué que, depuis octobre dernier, 180 écoles, qui sont des sites d’hébergement temporaire pour les réfugiés, avaient été touchées. 
A l’aube samedi, l’armée d’occupation sioniste a perpétré un massacre dans l’école Al Tabaeen, qui abrite des Palestiniens déplacés dans le quartier d’Al Daraj, dans la ville de Ghaza, faisant plus de 100 martyrs et des centaines de blessés. L’école servait d’abri à environ 250 déplacés, en majorité des femmes et des enfants. Le bilan de l’agression sioniste contre la bande de Ghaza depuis le 7 octobre dernier s’est aggravé à 39 897 martyrs et 92 152 blessés, précise le ministère palestinien de la Santé. 
 

 

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