Depuis la récente cyberattaque massive qui a fait au total 37 morts et 2931 blessés, l’armée israélienne n’a pas desserré l’étau sur le Liban.
Au contraire, l’Etat hébreu bombarde sans répit le sud du pays, disant cibler des plateformes de lance-roquettes du Hezbollah tout en fauchant des civils. Vendredi, une frappe sioniste sur Beyrouth a fait 45 morts et 68 blessés, selon un nouveau bilan rendu public hier par le ministère libanais de la Santé.
Parmi les victimes se trouvaient 16 hauts cadres militaires de premier plan du mouvement de résistance chiite libanais, dont Ibrahim Aqil, chef de l’unité d’élite du Hezbollah dite «Al Ridwan», et Ahmed Wahbi, un autre éminent commandant du parti.
Nasrallah a estimé que les deux attaques du 17 et 18 septembre, où des milliers de bipeurs et de talkies-walkies ont explosé simultanément, constituent «une déclaration de guerre» et à promis un «châtiment terrible» à Israël.
Depuis samedi, le Hezbollah a intensifié ses tirs de roquettes en direction du territoire occupé par l’entité sioniste. Dans la nuit de samedi à hier, une pluie de missiles en provenance du Liban s’est abattue sur Haïfa, au nord d’Israël. Selon Al Jazeera, une centaine de roquettes sont tombées sur Haïfa, faisant une douzaine de blessés parmi la population israélienne.
Le site d’une importante entreprise militaire ciblé
Dans un communiqué diffusé sur Telegram, le Hezbollah a indiqué avoir mené une attaque avec des missiles de type Fadi 1 et Fadi 2 ainsi que des Katioucha. Il précise avoir visé des complexes de l’industrie militaire israélienne appartenant à l’entreprise Rafael Advanced Defense Systems, spécialisée dans les équipements électroniques. Le site visé est situé dans la région de Zovulon, au nord de la ville de Haïfa. L’entreprise ciblée se présente ainsi : «Fondée en 1948, Rafael Advanced Defense Systems conçoit, développe, fabrique et fournit une large gamme de solutions de défense innovantes pour les applications aériennes, terrestres, maritimes, spatiales et cybernétiques pour le ministère israélien de la Défense et ses clients du monde entier.»
Dans un autre communiqué, le mouvement de résistance chiite a annoncé avoir attaqué «la base et l’aéroport de Ramat David avec des dizaines de missiles Fadi 1 et Fadi 2». L’aéroport de Ramat David est à environ 45 kilomètres de la frontière israélo-libanaise. Le Hezbollah a précisé que ces salves de roquettes tirées sur Israël se voulaient «une première réponse au massacre barbare commis par l’ennemi israélien dans diverses régions libanaises mardi et mercredi, suite auxquelles de nombreux civils sont tombés en martyrs».
Une source sécuritaire libanaise a déclaré à l’agence turque Anadolu, sous le sceau de l’anonymat, que les missiles Fadi, lancés par le Hezbollah, «étaient utilisés pour la première fois depuis le début des affrontements militaires entre les deux camps». La même source nous apprend que «le missile Fadi 1 est de calibre 220 mm et a une portée de 80 km, tandis que le missile Fadi 2 est de calibre 303 mm et a une portée de 105 km».
«150 roquettes et drones tirés vers Israël»
«Au cours de la nuit et aux heures matinales, environ 150 roquettes, missiles de croisière et drones ont été tirés en direction du territoire israélien, la plupart visant le nord d’Israël», a affirmé hier l’armée israélienne dans un communiqué relayé par l’AFP. «Environ 85 projectiles ont été identifiés comme traversant le territoire israélien depuis le Liban peu après 6h et environ 20 lors d’une précédente salve peu avant 5h», ajoute la même source.
Le journal israélien Haaretz, cité par Anadolu, a rapporté que «cinq personnes ont été blessées par des éclats de missiles à Kiryat Bialik, près de Haïfa, et dans les villes d’Ailut en Basse Galilée et de Jdeidet Al Makar en Galilée occidentale», suite à l’attaque du Hezbollah. «Les services de secours israéliens ont fait état d’au moins quatre personnes blessées par des éclats d’obus, trois d’entre elles près de Haïfa, grande ville du nord d’Israël», indique l’AFP. En outre, ces salves de roquettes ont «déclenché des incendies», d’après l’agence française.
Par ailleurs, «des centaines de milliers de personnes ont dû se réfugier dans des abris antiaériens dans le nord d’Israël», a déclaré à l’AFP un porte-parole de l’armée sioniste. Le Commandement du front intérieur en Israël (appelé aussi «défense passive») a fait savoir, de son côté, qu’il a ordonné la fermeture de toutes les écoles, jusqu’à aujourd'hui 18h, dans les régions du nord du pays.
En ce qui la concerne, l’armée sioniste a mené de nouvelles frappes contre les positions du Hezbollah, ciblant principalement des canons lance-roquettes et des infrastructures du mouvement de résistance libanais. Selon l’agence de presse officielle libanaise, l’aviation israélienne a «lancé des raids visant la périphérie des villes de Jbaa et Ain Qana dans la région d’Iqlim Al Tuffah, et la région de Mahmoudiya-Aishiya au sud du Liban».
Guterres craint «un autre Ghaza»
Samedi, Israël a déclenché environ 400 frappes dans le sud du Liban. Le ministère libanais de la Santé a annoncé hier que trois personnes issues de trois villages du Sud ont été tuées «suite à des frappes de l’ennemi israélien».
La représentante de l’ONU au Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, dit craindre une «catastrophe imminente» au Moyen-Orient après cette escalade de forte intensité entre Israël et le Hezbollah. «Alors que la région est au bord d’une catastrophe imminente, nous ne pouvons pas le dire assez : il n’y a pas de solution militaire pour rendre l’un ou l’autre côté plus sûr», a-t-elle déclaré hier sur la plateforme X.
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a confié pour sa part qu’il a peur que le Liban devienne un bourbier sanglant comme Ghaza. «Ce qui m’inquiète, c’est la possibilité que le Liban se transforme en un autre Ghaza», a alerté le chef de l’ONU sur CNN. Mustapha Benfodil