Une semaine après le conflit sur le choix d’un gouverneur pour la Banque centrale de Libye, la production de pétrole se retrouve de nouveau menacée. En effet, dans une vidéo publiée hier, le chef du gouvernement de l’Est libyen basé à Benghazi, Oussama Hammad, a annoncé la suspension de la production et des exportations de pétrole jusqu’à nouvel ordre. Aucune précision n’a été donnée sur le temps que prendra cette mesure.
Selon la même source, tous les champs pétroliers étaient en train de fermer, interrompant ainsi la production et les exportations, mais la National Oil Corporation basée à Tripoli, qui contrôle les ressources pétrolières, n’a pas fourni de confirmation.
Le responsable libyen a expliqué que cette décision a été prise «en signe de protestation contre les agressions contre les fonctionnaires de la banque centrale libyenne qui menace l’économie libyenne».
Les factions libyennes sont en effet engagées dans une lutte de pouvoir pour le contrôle de la banque centrale et des revenus pétroliers. Les dernières tensions sont apparues à la suite des efforts déployés par les factions politiques pour évincer le président de la Banque centrale de Libye (CBL), Sadiq Al Kabir, et des factions armées rivales se sont mobilisées de part et d’autre.
La Banque centrale est, à titre indicatif, le seul dépositaire internationalement reconnu des recettes pétrolières libyennes, qui constituent un revenu économique vital ce pays.
Le gouvernement libyen a également déclaré, dans un communiqué relayé par l’agence spécialisée Attaqa : «Nous avons suivi des attaques répétées contre les dirigeants, les employés et les départements de la Banque centrale de Libye, par des groupes hors-la-loi, avec l’instigation et l’aide du Conseil présidentiel se faisant passer pour lui-même.»
Le gouvernement libyen a dans ce sillage indiqué que les attaques et les tentatives d’entrée forcée dans le siège de la banque ont eu pour résultat de stopper et d’entraver l’ensemble du déroulement des transactions financières de l’État, et ont porté préjudice aux citoyens en général.
Pour rappel, au début du mois d’août, la NOC qui prévoit de porter le total quotidien de production d’environ 1 million de barils à 1,5 million de barils en 2025, puis à 2 millions de barils sur deux ans jusqu’en 2027 a déclaré un cas de force majeure dans l’un des plus grands champs pétroliers du pays, Sharara en raison des manifestations qui ont eu lieu dans la région.
A noter que l’annonce de la fermeture des champs pétroliers en Libye intervient au moment où le pays est confronté à une crise majeure liée aux pénuries de carburant dans un grand nombre de villes. Cela a entraîné de graves embouteillages sur les routes, en plus de l’accumulation de files de voitures devant les stations-service.
A titre indicatif, la Libye a produit au total environ 1,15 million de barils de pétrole par jour le mois dernier, selon les données de l’agence Bloomberg. Les travaux ont été par la suite interrompus à Sharar, le plus grand champ pétrolier de Libye, qui pompait près de 270 000 barils par jour. Sur fond d’évolution de cette crise, hier, vers 11h GMT, le prix du brut Brent, pour livraison en octobre 2024, a augmenté de 2,32% à 80,84 dollars le baril.