En quête d’armes : L’Ukraine s’assure le soutien de l’Italie

08/09/2024 mis à jour: 01:53
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Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, et la Première ministre italienne, Giorgia Méloni, au forum The European House - Ambrosetti, hier à Cernobbio, dans le nord de l’Italie

La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a assuré hier l’Ukraine de son soutien sans faille lors d’une rencontre à Cernobbio avec le président Volodymyr Zelensky, qui réclame davantage d’armes à un moment où Moscou avance sur le front est, selon l’AFP. 

Cette rencontre a eu lieu en marge du forum économique The European House - Ambrosetti, qui a débuté vendredi sur les rives du lac de Come, auquel a participé également le Premier ministre hongrois, Viktor Orban.


«Nous ne devons pas baisser les bras !» a déclaré Mme Meloni devant le parterre du forum économique, sorte de mini-Davos, s’adressant ainsi aux alliés de Kiev mais aussi à une opinion publique qui est, selon elle, «légitimement inquiète de la guerre». Giorgia Meloni a averti que laisser tomber l’Ukraine «n’apportera pas la paix, mais le chaos» et des conséquences économiques «plus graves que ce qu’il en coûte aujourd’hui pour soutenir l’Ukraine». «Il ne faut pas tomber dans le piège de la propagande russe» en croyant que le sort de l’Ukraine est scellé, a-t-elle averti. 

Aider l’Ukraine à se défendre contre son voisin puissant a créé les conditions d’une «impasse» dans la guerre permettant des pourparlers de paix, a-t-elle ajouté. Lors de la rencontre avec M. Zelensky, Giorgia Meloni a mis l’accent sur «le caractère central du soutien à l’Ukraine dans l’agenda de la présidence italienne du G7 et l’engagement continu en faveur de la défense légitime de l’Ukraine et d’une paix juste et durable», a indiqué la présidence du Conseil italien.


Après une visite en Allemagne, où il a participé à la réunion des soutiens internationaux de Kiev et a rencontré le chancelier Olaf Scholz, V. Zelensky est arrivé vendredi soir à Cernobbio pour plaider sa cause en Italie.


Kiev réclame à ses alliés la levée des restrictions pour lui permettre de frapper en profondeur sur le sol russe des cibles militaires jugées «légitimes», comme des bases aériennes d’où décollent les avions bombardant l’Ukraine. L’Italie soutient les sanctions contre Moscou et fournit des armes à Kiev, mais est opposée, à l’instar de la Hongrie, à leur usage en dehors du territoire ukrainien, à rebours de la plupart des pays européens.


S’adressant aux entrepreneurs réunis à Cernobbio, V. Zelensky a cependant assuré vendredi que «l’Italie fait tout ce qu’elle peut pour parvenir à la paix, nous ne lui demandons rien de plus que ce qu’elle fait déjà». 


La rencontre de Giorgia Meloni avec V. Zelensky visait à rassurer l’Ukraine sur le soutien continu de l’Italie au moment où l’un des partenaires de sa coalition de droite et d’extrême droite, Matteo Salvini, est farouchement opposé à toute incursion de Kiev en territoire russe. Le président Zelensky a indiqué vendredi qu’en aucun cas ces armes ne seraient utilisées pour frapper les civils ou les cibles non militaires, même si «ce sont nos ennemis, parce qu’ils soutiennent la politique de Poutine».

 

«Phase difficile de la guerre»

Sur la base aérienne américaine de Ramstein, en Allemagne, il a réitéré vendredi sa demande de pouvoir utiliser les armes à longue portée fournies par ses partenaires «non seulement sur le territoire occupé de l’Ukraine, mais aussi sur le territoire russe».


Viktor Orban, opposé à l’aide occidentale à l’Ukraine et proche du Kremlin, a indiqué vendredi qu’il s’entretiendrait «bien sûr» avec le président ukrainien à Cernobbio si l’occasion se présentait, mais finalement aucune rencontre n’a eu lieu. Lors de leur dernier face-à-face à Kiev début juillet, V. Orban a appelé V. Zelensky à envisager un «cessez-le-feu rapidement». Il a réitéré ses appels à un cessez-le-feu vendredi, aussitôt rejetés par V. Zelensky. «Beaucoup de gens parlent de cessez-le-feu en ce moment», mais le président russe Vladimir Poutine n’a jamais tenu ses engagements passés de faire taire les armes. A chaque fois, «ils ont recommencé à nous tuer sur la ligne de contact», a-t-il dit. A la réunion des soutiens internationaux de Kiev en Allemagne vendredi, Volodymyr Zelensky a réclamé au contraire à ses alliés «plus d’armes» pour repousser les forces russes, «en particulier dans la région de Donetsk», dans l’est de l’Ukraine.


A cette occasion, le secrétaire d’Etat américain à la Défense, Lloyd Austin, a annoncé une nouvelle aide militaire de 250 millions de dollars qui «permettra d’accroître les capacités pour répondre aux besoins changeants de l’Ukraine».De son côté, Londres a annoncé vendredi un contrat de 162 millions de livres sterling (192 millions d’euros) pour 650 missiles légers multirôle à courte portée, pouvant être tirés à partir de diverses plateformes terrestres, maritimes et aériennes. Boris Pistorius a lui rendu public l’envoi de 12 obusiers de type 2000, dont six cette années et le reste en 2025, pour un montant de 150 millions d’euros. 


Berlin a confirmé mercredi de nouvelles livraisons de systèmes de défense aérienne Iris-T. Depuis le début de la guerre, les ministres de la Défense du groupe de contact se retrouvent régulièrement à Ramstein pour discuter avec des représentants militaires du soutien à Kiev. Quelque 50 nations sont représentées. «L’Ukraine a besoin d’un soutien militaire accru», a déclaré à Oslo le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, appelant «tous les alliés à poursuivre leur soutien vital, en particulier dans cette phase difficile de la guerre».


S’ils réaffirment régulièrement leur solidarité sans faille, de nombreux gouvernements sont confrontés à des opinions publiques divisées alors que la guerre s’enlise.

C’est le cas en Allemagne, où l’extrême droite a décroché un résultat historique dimanche en remportant une élection régionale en Thuringe, dans l’est du pays. Dans son projet de budget 2025, Berlin a déjà prévu une réduction significative de l’aide à l’Ukraine, qui passerait d’environ huit à près de quatre milliards d’euros. Kiev s’inquiète d’autant plus que le temps des grands paquets d’aides en provenance des Etats-Unis, où un retour aux manettes de Donald Trump n’est pas exclu, semble révolu et que la France, qui compose avec Berlin le duo de tête de l’UE, est empêtrée depuis des semaines dans une crise politique interne. 

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