En plein rapprochement diplomatique avec le Japon : Séoul va «normaliser» un accord militaire avec Tokyo

19/03/2023 mis à jour: 01:32
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Le président sud-coréen, Yoon Suk Yeol, à Tokyo (Japon) lors d’un sommet inédit à ce niveau depuis plus d’une décennie - Photo : D. R.

La Corée du Sud a remis ce pacte en cause en 2019, menaçant d’y mettre un terme au moment où les relations avec Tokyo s’envenimaient pour des questions commerciales et en raison de la querelle héritée de l’occupation japonaise. Les Etats-Unis ont alors averti que la fin de cet accord bénéficierait à la Chine et à la Corée du Nord.

La Corée du Sud va «normaliser» un accord militaire crucial avec le Japon. C’est ce qu’a déclaré hier à l’AFP un responsable du ministère de la Défense, en plein rapprochement diplomatique des deux voisins face à la Corée du Nord.

Cet Accord de sécurité général et d’information militaire (Gsomia), signé en 2016, permet l’échange de renseignements militaires, notamment face à Pyongyang.

Le dirigeant sud-coréen, Yoon Suk Yeol, s’est rendu jeudi au Japon pour un sommet avec son homologue nippon, Fumio Kishida, afin de réchauffer des relations diplomatiques minées par des contentieux historiques sur le travail forcé durant la colonisation nippone de la Corée (1910-1945).

Selon les médias présents à ce sommet entre les deux pays, inédit à ce niveau depuis 12 ans, le président Yoon a dit au Premier ministre Kishida qu’il souhaite la «normalisation complète» du Gsomia. Après la rencontre, il a été demandé au ministère des Affaires étrangères sud-coréen de «prendre les mesures nécessaires» en ce sens, a expliqué un responsable du ministère de la Défense, sous couvert d’anonymat.

Séoul a remis ce pacte en cause en 2019, menaçant d’y mettre un terme au moment où les relations avec Tokyo s’envenimaient pour des questions commerciales et en raison de la querelle héritée de l’occupation japonaise. Les Etats-Unis ont alors averti que la fin de cet accord bénéficierait à la Chine et à la Corée du Nord.

La Corée du Sud a finalement accepté de renouveler le Gsomia «sous conditions», quelques heures avant son expiration, tout en avertissant qu’elle peut le «résilier» à tout moment. Face à la menace croissante de Pyongyang, doté de l’arme nucléaire, les deux voisins se sont accordés pour présenter un front uni.

«Préparation à la guerre»

Vendredi, la Corée du Nord a confirmé avoir lancé la veille un missile balistique intercontinental (ICBM), le deuxième cette année, un essai personnellement supervisé par le dirigeant Kim Jong.

Le missile lancé jeudi en direction de la mer du Japon est un Hwasong-17, a annoncé l’agence officielle KCNA, ajoutant que ce tir était une riposte aux exercices militaires «frénétiques» américano-sud-coréens. Des photos publiées par le quotidien officiel Rodong Sinmun montrent Kim Jong Un utilisant des jumelles et observant le projectile noir et blanc s’élancer dans le ciel.

Les images montrent également ce dernier au côté de sa fille en train d’examiner des photographies montrant la terre depuis l’espace, prétendument prises par une caméra montée sur le missile. Le tir «confirme l’état de préparation à la guerre de l’unité ICBM», a affirmé KCNA, ajoutant que le lancement «n’avait pas d’impact négatif sur la sécurité des pays voisins». L’armée sud-coréenne a auparavant indiqué que le missile a suivi une trajectoire typiquement choisie pour éviter de survoler d’autres pays.

Lors du lancement de jeudi, Kim Jong Un a déclaré que son pays «réagira aux armes nucléaires par des armes nucléaires», et appelé à «renforcer de manière irréversible la dissuasion nucléaire», selon KCNA. Il a également vanté la «capacité de réaction rapide du Nord (...) pour faire face à tout conflit armé et à toute guerre».

La Corée du Nord s’est déclarée puissance nucléaire «irréversible» l’année dernière, et Kim Jong Un a récemment appelé à une augmentation «exponentielle» de la production d’armes, y compris d’armes nucléaires tactiques.

Le tir de l’ICBM, précédé de plusieurs autres lancements de missiles depuis dimanche, est intervenu le jour d’une visite au Japon du président sud-coréen Yoon Suk Yeol, et alors que Séoul et Washington organisent actuellement leurs plus grands exercices militaires conjoints en cinq ans. Baptisés «Freedom Shield», ces exercices ont débuté lundi et doivent durer dix jours.

Ils se focalisent sur «l’évolution de l’environnement de sécurité» due à l’agressivité redoublée de la Corée du Nord, ont déclaré les alliés. La Corée du Nord considère ces manoeuvres comme des répétitions en vue d’une invasion de son territoire ou un renversement de son pouvoir.

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