Le peuple algérien commémore aujourd’hui le 70e anniversaire du 1er Novembre 1954, apogée d’une longue marche vers l’indépendance, qui a commencé le 14 juin 1830, quand 37 000 traîneurs de sabre ont débarqué sur la plage de la presqu’île de Sidi Fredj pour marcher sur Alger, une ville de 30 000 âmes.
Et dans la tête des colonisateurs, va prendre forme l’abominable projet d’extermination et de remplacement d’un peuple aussi vieux que la terre qu’ils convoitaient ! Depuis, les tourments de la guerre ont habité l’Algérie durant 132 ans. Le caractère national des opérations et la simultanéité des actions des insurgés avaient eu pour effet de réveiller autrement le pays tout entier de la longue nuit coloniale. La titraille de la presse variait de la panique du petit colon qui faisait suer du burnous de l’arbi, «avec un souverain mépris tout militaire», jusqu’aux latifundistes des terres grasses de hautes plaines, dont les blés grenus bouffissaient les silos de la métropole.
Traduit en langage humain, ce coup de fusil de chasse qui retentissait dans «un ciel serein», pour reprendre les termes de l’époque, annonçait que désormais plus rien n’allait se passer comme avant.
Le drame n’était pas un phénomène de génération spontanée. Pas plus que les actions du 7 octobre 2023 n’ont été le point de départ du combat des Palestiniens pour leur liberté. Tout comme la Nakba de 1948 est le référent historique de la lutte des Palestiniens, le soulèvement du peuple algérien a débuté dans les profondeurs du XIXe siècle, quand de Bourmont a violé les rivages de l’Algérie, premières marches de l’Afrique pour l’expansion coloniale française, avec toute sa férocité et son cortège d’horreurs.
Ainsi, disaient leurs discoureurs babillards : il y a «pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures»... Parce que, soutenaient-ils en substance, la Déclaration des droits de l’homme n’est pas faite pour nous. Propos qui cousinent avec les outrances des dirigeants sionistes, apôtres de la solution finale contre «les animaux humains» de Palestine.
Est-ce tout ce galimatias vieille France, porté «haut et fier» par des massacreurs de peuples et des tortionnaires à travers les colonies, que les anciennes puissances veulent couvrir ? Se sentent-elles dans une quelconque obligation de jeter un voile chaste, innocent et sans tache sur les crimes des généraux sanguinaires et traîner ad vitam aeternam le boulet de leur cruauté ?
Dans un élan de volontariste, il a été question d’écrire l’histoire. Des personnes dont on ne saurait douter de la probité et de la sincérité se sont attelées, de part et d’autre, à la tâche. Une besogne difficile et redoutable, tant est horrible le champ d’investigation.
Et pendant que les spécialistes fouillent et farfouillent dans les limites des documents que l’ancienne puissance administrante a bien voulu déclassifier, des voix nasillardes de politiciens, catapultés comme tels par une opinion autant complaisante que partisane, devenus en moins de temps qu’il ne faut pour le dire des héros des écrans plasma, s’ébouriffent, geignent et se désolent en poussant des cris d’orfraies : «L’Algérie… l’Algérie... !» 70 ans après !...
Par Boukhalfa Amazit