Présents au sommet des dirigeants de la région Asie-Pacifique (Apec) qui s’est ouvert hier dans la capitale péruvienne Lima, le président américain, Joe Biden, et son homologue chinois, Xi Jinping, ont prévu un tête-à-tête aujourd’hui, selon l’AFP.
Il s’agira de leur troisième rencontre et de la deuxième en un peu plus d’un an. Tous deux se rendront ensuite au G20 au Brésil. Les relations entre les deux pays ont été tendues ces dernières années, en raison de différends commerciaux, mais aussi du statut de Taïwan, de questions relatives aux droits humains et de la rivalité technologique. Mais les deux premières puissances économiques mondiales ont maintenu le dialogue bilatéral. Le démocrate de 81 ans quittera la Maison-Blanche. Son successeur, le républicain Donald Trump, a déjà nommé dans son équipe des tenants d'une ligne dure face à Pékin.
Ce qui fait craindre de nouvelles guerres commerciales avec la Chine. Pendant sa campagne, D. Trump a promis de protéger l’industrie américaine, menaçant d’imposer des droits de douane de 10 à 20% sur tous les produits importés et même de 60% pour ceux provenant de Chine.Les annonces de Trump «ont mis l’alliance Asie-Pacifique en suspens», a estimé auprès de l’AFP Jorge Heine, ancien ambassadeur du Chili en Chine, n’excluant pas que le successeur de Biden retire les Etats-Unis de l’association, comme il l’a fait en 2017 en se retirant du Partenariat transpacifique (TPP), qui visait à créer un puissant bloc économique. «Nous vivons une période difficile dans les relations entre la Chine et les Etats-Unis», a-t-il ajouté.
Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump a lancé une guerre commerciale pour forcer Pékin à acheter des produits américains et rééquilibrer une balance commerciale déficitaire.
L’ombre de Trump
Au lendemain de sa réélection le 5 novembre, le président chinois a appelé à une relation sino-américaine «stable, saine et durable (...) conforme aux intérêts communs des deux pays». L’Apec vise depuis 1989 à promouvoir la croissance économique, la coopération et les investissements dans la région du Pacifique. Parmi ses membres, on trouve également le Japon, la Corée du Sud, l’Indonésie, le Chili, le Canada, l’Australie, le Mexique et la Russie. La présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, sera absente, son pays n’ayant pas reconnu le gouvernement de Dina Boluarte depuis le départ du président de gauche, Pedro Castillo, en 2022. Le président russe, Vladimir Poutine, sera lui aussi absent. Joe Biden a prévu une rencontre hier avec le Premier ministre japonais, Shigeru Ishiba, et le président sud-coréen, Yoon Suk Yeol, ensemble, deux alliés clés de Washington en Asie. Jeudi, le président Xi Jinping a inauguré avec son homologue péruvienne, Dina Boluart, le nouveau mégaport de Chancay, situé au nord de Lima, le premier financé par la Chine en Amérique du Sud, pour 3,5 milliards de dollars. Le terminal en eau profonde qui sera doté de 15 quais à terme illustre l’influence croissante du géant asiatique en Amérique latine, autrefois considérée comme le domaine des Etats-Unis. L’envoyé spécial de la Maison-Blanche pour l’Amérique latine, Brian Nichols, a appelé depuis Lima les pays latino-américains à veiller à ce que les investissements du géant asiatique respectent «les lois locales» et protègent «les droits de l’homme et l’environnement».