Perquisitions, arrestations, destructions de maisons de détenus palestiniens, confiscation du cheptel et des produits agricoles, descentes incessantes dans de nombreuses villes et attaques en bandes organisées de colons juifs extrémistes sous la protection des forces israéliennes.
Les violents assauts des colons contre les habitants de Jit, situé au village Al Qalqalia, en Cisjordanie occupée, sous la protection des forces armées israéliennes, tuant au moins un Palestinien, blessant des dizaines d’autres et incendiant de nombreuses maisons, terres agricoles, engins et véhicules particuliers, continuent de susciter les condamnations de la communauté internationale.
Encouragés par les discours officiels extrémistes, la distribution effrénée d’armes à feu, la création de nouvelles colonies sur les terres palestiniennes, les colons ont multiplié les attaques contre de nombreux villageois, leurs biens et leurs maisons mais aussi les incursions dans l’Esplanade de la mosquée Al Aqsa et instauré un climat de terreur qui s’est aggravé depuis le 7 octobre, soit dix mois au cours desquels 632 Palestiniens ont été tués et 5400 autres blessés.
Repris par de nombreux médias palestiniens et internationaux, les témoignages sur ce qui s’est passé à Qalqalia et dans d’autres villages avoisinants donnent froid dans le dos.
Agissant avec la couverture des forces armées israéliennes, «une centaine de colons», a déclaré la radio de l’armée israélienne, ont ouvert le feu sur les habitants, jeté des pierres sur des habitations, incendié des maisons et plusieurs véhicules et empêché les éléments de la Défense civile d’intervenir pour évacuer les victimes et éteindre le feu.
Selon la radio de l’armée israélienne, ces graves violations sont intervenues 48 heures seulement après l’annonce par le ministre extrémiste des Finances, en charge des affaires civiles au ministère de la Défense, Bezalel Smotrich, de la validation de la construction d’une nouvelle colonie sur un terrain, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, en Cisjordanie occupée et appartenant aux Palestiniens.
«Aucune décision anti-Israël et antisioniste n’arrêtera le développement des implantations. Nous continuerons à lutter contre le projet terroriste de création d’un Etat palestinien en créant des faits sur le terrain», a-t-il déclaré à la presse israélienne, défiant ainsi l’ordonnance de la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction de l’Onu, qui a déclaré Israël : force occupante, et lui a fait injonction «d’évacuer, sans délai, tous les territoires palestiniens qu’il occupe», de stopper la construction de nouvelles colonies.
Les images montrant l’assaut des colons juifs extrémistes contre le village d'Al Qalqalia en Cisjordanie, ont mis la lumière sur une situation explosive sur l’ensemble du territoire de la Cisjordanie occupée, pendant que la guerre génocidaire se poursuit à Ghaza, qui a poussé de nombreux Etats occidentaux, mais aussi des responsables israéliens, à réagir, plus de 24 heures après.
«Impunité généralisée»
Ainsi, le président de l’Etat hébreu, Isaac Merzog, ne met pas de gants pour parler de «pogrom» contre «innocents», alors que son Premier ministre promet «des poursuites» contre les auteurs, rentrés chez eux comme si de rien n’était. Smotrich a mis un peu d’eau dans son vin.
Il a déclaré que la prise d’assaut de Jit n’était «aucunement liée à l’expansion de la présence juive ou aux résidents d’implantations.
Il s’agit de criminels qui doivent être traités avec toute la rigueur de la loi par les autorités chargées de l’application de la loi», puis a précisé : «Nous construisons et développons les implantations de manière légale et respectueuse, nous soutenons l’armée dans sa lutte contre le terrorisme et nous nous opposons fermement à toute manifestation de violence anarchiste criminelle qui n’a absolument rien à voir avec l’amour de la Terre et de l’expansion de la présence juive.»
Pour sa part, le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a dénoncé ce qu’il a appelé une «poignée d’extrémistes», qui a mené les attaques à Jit.
Les réactions des responsables israéliens s’inscrivent en réalité dans la logique d’éviter toute condamnation et surtout des poursuites par les juridictions pénales internationales, surtout que ces attaques ont eu lieu sous la protection des forces de sécurité et toutes celles qui ont eu lieu auparavant dans les mêmes conditions n’ont pas fait l’objet d’enquête ou de sanctions.
Ce qui facilite la tâche aux juges de La Haye. Pour leur part, les experts de l’Onu ont utilisé les termes les plus sévères pour condamner l’assaut contre les Palestiniens.
Lors d’une conférence de presse à partir de Genève, la porte-parole du Haut Commissariat onusien aux droits de l’homme, Ravina Shamdasani, a dénoncé, quant à elle, «l’impunité généralisée» entourant ces violences.
Pour elle, «les attaques de Jit ne doivent pas être considérées comme un cas isolé, mais plutôt comme une conséquence directe de la politique israélienne de colonisation en Cisjordanie occupée», précisant : «Selon certaines informations, les forces de sécurité israéliennes restent passives pendant les attaques (…) des rumeurs évoquent même la distribution d’armes aux colons, ce qui implique clairement une responsabilité de l’Etat dans ces violences.» Shamdasani a ajouté, à Genève, que l’attaque était «un résultat direct de la politique coloniale israélienne et du climat d’impunité qui prévaut (…)».
Elle a affirmé qu’au moins 609 Palestiniens ont été tués par les balles de colons et les forces d’occupation israéliennes en Cisjordanie depuis le 7 octobre 2023, dont plus de 140 enfants. Elle a souligné que «les massacres doivent cesser» et que la solution réside dans «la nécessité de demander des comptes à leurs auteurs».
Dans son communiqué, le ministère des Affaires étrangères allemand a condamné l’assaut et rappelé à Israël son «obligation de protéger les Palestiniens de Cisjordanie, de mettre un terme à ces attaques et de poursuivre leurs auteurs».
Abondant dans le même sens, Londres, par la voix du chef du bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth, David Lammy, a décrit les violences contre les Palestiniens de la Cisjordanie occupée, «d’abjectes», alors que la Maison-Blanche les a qualifiées «d’inacceptables».
Elle a précisé qu’elles «doivent cesser», ajoutant que le président Joe Biden a insisté sur l’urgence de mettre fin à ces attaques afin de favoriser les efforts de paix et de négociation dans la région. Il a réaffirmé l’engagement des Etats-Unis à «soutenir les initiatives internationales visant à résoudre le conflit israélo-palestinien et à promouvoir un climat de sécurité et de stabilité».
Josep Borell, chef de la diplomatie européenne, a menacé de proposer des «sanctions contre des responsables israéliens, y compris parmi les membres du cabinet de Benyamin Netanyahu». Quant au chef de la diplomatie française, Stéphane Séjourné, il a tout simplement estimé «inacceptable» tout acte «qui viendrait à déstabiliser un processus de négociation et de conclusion d’un accord».
En dépit de toutes ces réactions, la situation en Cisjordanie occupée ne fait que s’aggraver avec les perquisitions incessantes des forces de l’armée sioniste, les arrestations et interpellations, ainsi que les destructions des maisons des détenus palestiniens.
Hier, les forces d’occupation sionistes ont fait une descente dans plusieurs régions. A Bethléem, c’est le village d’Al Arouj, qui a fait l’objet d’un grand ratissage et des perquisitions. Il en est de même à Tulkarem, où plusieurs quartiers de la ville ont été envahis par l’armée.