Face au dirigeant nord-coréen, Kim Jong Un, qui a appelé à accentuer la production d’armes y compris nucléaires, Y. S. Yoon cherche à enterrer la hache de guerre avec le Japon, tout en poursuivant le rapprochement de Séoul avec Washington.
Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a qualifié hier le Japon, ancienne puissance coloniale, de «partenaire», rapporte l’AFP, montrant la volonté de Séoul de renforcer ses liens avec Tokyo face aux menaces nucléaires de la Corée du Nord.
Lors d’une cérémonie d’anniversaire de la libération de la Corée du Sud, le président Yoon a déclaré que les deux pays sont «désormais des partenaires partageant des valeurs universelles et poursuivant des intérêts communs».
Séoul et Tokyo, alliés clés des Etats-Unis en matière de sécurité, sont depuis longtemps en désaccord sur des questions historiques relatives à la brutale occupation coloniale japonaise de la péninsule coréenne de 1910 à 1945, où ont cours l’esclavage sexuel et le travail forcé.
Mais face au dirigeant nord-coréen Kim Jong Un – qui a appelé à accentuer la production d’armes y compris nucléaires et alors que les relations sont au plus bas avec une diplomatie au point mort entre les deux voisins –, Y. S. Yoon cherche à enterrer la hache de guerre avec le Japon, tout en poursuivant le rapprochement de Séoul avec Washington.
Le président sud-coréen a répété que Tokyo, Séoul et Washington doivent «partager les données sur les armes nucléaires et les missiles de la Corée du Nord en temps réel». «Les sept bases arrière fournies au Commandement des Nations unies en Corée (UNC) par le gouvernement du Japon constituent le plus grand moyen de dissuasion» contre une invasion par le Nord, a-t-il ajouté.
Les dirigeants des trois pays alliés ont déclaré en juin œuvrer à un système permettant le partage en temps réel d’informations sur les missiles nord-coréens d’ici la fin de 2023. Ils doivent tenir un sommet trilatéral aux Etats-Unis vendredi.
«Sommet de l’absurde»
Le 15 août, célébré dans le Sud sous le nom de «Gwangbokjeol», ou jour de la libération, est le seul jour férié commun à la Corée du Nord et la Corée du Sud, selon l’Institut national pour l’éducation à l’unification de Séoul. L’an dernier, à cette occasion, le président Yoon a proposé à Pyongyang un plan d’aide «audacieux» qui comprendrait une aide alimentaire, énergétique et d’infrastructures en échange de l’abandon par le Nord de son programme d’armes nucléaires.
Pyongyang a depuis rejeté cette initiative, la qualifiant de «sommet de l’absurdité» qu’il n’accepterait jamais, mais le président sud-coréen a déclaré hier que Séoul «appliquerait résolument» le plan et continuerait d’essayer de convaincre le Nord de reprendre le dialogue.
Le dirigeant nord-coréen a récemment appelé à intensifier les préparatifs de guerre «de manière offensive» ainsi qu’à «augmenter drastiquement» la production de missiles. Le mois dernier, flanqué de responsables russes et chinois en visite, Kim Jong Un a présidé un défilé militaire spectaculaire exhibant de nouveaux drones d’attaque et des missiles balistiques intercontinentaux à capacité nucléaire.
Les médias d’Etat nord-coréens ont déclaré hier que Kim Jong Un a échangé des lettres avec le président russe, Vladimir Poutine, pour marquer l’anniversaire du 15 août. Le mois dernier, V. Poutine a salué le «ferme soutien de Pyongyang aux opérations militaires spéciales contre l’Ukraine».