En attendant son adhésion à l’OTAN : La Suède prête à accueillir des troupes de l’Alliance

10/06/2023 mis à jour: 00:29
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La Suède a multiplié les dépenses militaires

La Suède est prête à accueillir des bases temporaires de l’Otan sur son sol avant même son entrée effective dans l’Alliance, a annoncé hier le Premier ministre, cité par l’AFP. 

«Le gouvernement a décidé que les forces armées suédoises pourraient mener des préparatifs avec l’Otan et des pays de l’Otan pour permettre de futures opérations communes», écrit le chef du gouvernement conservateur, Ulf Kristersson, dans une tribune commune avec son ministre de la Défense, Pål Jonson. «Ces préparatifs pourraient consister à baser temporairement des équipements et du personnel étranger sur le territoire suédois. 

La décision envoie un message clair à la Russie et renforce la défense de la Suède», précisent-ils dans cette tribune publiée par le quotidien Dagens Nyheter. La présence de troupes de l’Otan agirait ainsi comme une force de réassurance face à une éventuelle opération ou tentative d’ingérence russe venue de l’autre côté de la mer Baltique. Si elle a depuis juin 2022 le statut d’«invité», la Suède doit encore voir son adhésion ratifiée par deux des 31 membres de l’Alliance atlantique, la Turquie et la Hongrie. Or, seuls les membres à part entière bénéficient de la protection du célèbre article 5 de l’Otan, qui signifie qu’une attaque contre un membre serait considérée comme une attaque contre tous. 

Principal obstacle à l’adhésion suédoise, le président turc Recep Tayyip Erdogan n’a pas donné d’indication sur sa position depuis sa réélection fin mai. Le camp occidental, notamment les Etats-Unis, presse Ankara de donner son feu vert, en affirmant que la Suède respecte un préaccord négocié l’an dernier à Madrid. Celui-ci prévoit notamment un durcissement de la législation antiterroriste suédoise, afin de poursuivre davantage les groupes d’opposition kurdes classés terroristes, comme le PKK honni d’Ankara. Mais la Turquie réclame jusqu’ici des dizaines d’extraditions de militants qu’elle qualifie de «terroristes» résidant sur le sol suédois. Une requête impossible à satisfaire pour l’Exécutif, les tribunaux indépendants ayant le dernier mot sur ces dossiers. Outre son adhésion à l’Otan, la Suède a également accéléré la relance de ses dépenses militaires, face à la menace russe.
 

Appels pressants

En félicitant Recep Tayyip Erdogan pour sa réélection en mai, le président américain, Joe Biden, lui a également rappelé les attentes de l’Otan concernant la Suède : pour la première fois, il a semblé lier la levée du veto turc et la livraison des avions de combat F-16, réclamés par Ankara. Depuis, Washington a rétropédalé en affirmant que la Suède ne constitue pas une condition à la livraison des avions, même si les Etats-Unis ont souhaité également que son adhésion soit actée «d’ici le sommet de l’Otan à Vilnius». Voulu par l’administration américaine, le contrat d’armement pour la livraison de F-16 a jusqu’ici été bloqué par les parlementaires américains, inquiets de l’entre-deux affiché par la Turquie avec la Russie.

De son côté, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a appelé, début juin à l’issue de son entretien à Istanbul, avec le président Erdogan, la Turquie à lever ses objections à l’encontre de la Suède qui «a rempli ses obligations» et à finaliser son adhésion à l’Alliance «dès que possible». Pour le chef de l’Alliance «il est temps» que cette adhésion se confirme avant le sommet de l’Alliance à Vilnius, les 11 et 12 juillet.

 Il a annoncé à cette fin la création d’un «mécanisme permanent» entre l’Otan et la Turquie avec une prochaine réunion «dans la semaine du 12 juin». «L’adhésion de la Suède à l’Otan renforcera sa sécurité mais elle rendra aussi la Turquie plus forte», a-t-il indiqué, ajoutant qu’il «compte finaliser l’accession de la Suède le plus tôt possible».

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