En attendant l'arrivée de Donald Trump à la Maison-blanche : Une nouvelle attaque russe cible le réseau énergétique ukrainien

18/11/2024 mis à jour: 01:38
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Les services d'urgence éteignent un incendie à la suite d'une attaque à la roquette russe à Lviv, en Ukraine

Le réseau énergétique ukrainien, déjà très fragile, a fait face hier à l’une des plus importantes attaques russes de ces derniers mois, selon les autorités, rapporte l’AFP.

Ces frappes se produisent au moment où l’Ukraine, en difficulté sur le front, craint de perdre le soutien américain avec le retour prochain de Donald Trump à la Maison-Blanche. «Une attaque combinée massive a visé toutes les régions de l’Ukraine» et ciblé «notre infrastructure énergétique», a déclaré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, faisant état de 120 missiles et 90 drones lancés. 

Le ministre des Affaires étrangères, Andriï Sybiga, a dénoncé «une des plus grandes attaques aériennes» lancées par la Russie. Le ministère russe de la Défense a affirmé de son côté avoir atteint «toutes» ses cibles lors d’une attaque massive contre des «infrastructures énergétiques essentielles qui soutenaient le complexe militaro-industriel ukrainien». Moscou, en multipliant ses attaques de drones et de missiles, a déjà détruit la moitié de la capacité énergétique de l’Ukraine, selon Kiev. L’opérateur énergétique ukrainien DTEK a indiqué que certaines de ses centrales thermiques ont été «sérieusement endommagées», sans faire de victimes parmi ses employés. 

Des coupures de courant ont touché les régions de Kiev ainsi que plusieurs zones de l’ouest, du sud et de l’est, comme Odessa ou Dnipropetrovsk. Le courant commençait à être rétabli à la mi-journée dans certaines régions, selon DTEK. Il s’agit de la dixième attaque d’ampleur contre le réseau énergétique ukrainien depuis le début de l’année, selon l’opérateur Ukrenergo. Kiev exhorte ses partenaires occidentaux à l’aider à reconstruire son réseau électrique, et à lui fournir plus d’équipements de défense antiaérienne et d’armement.


Les clarifications de Berlin

De son côté, le chancelier Olaf Scholz, critiqué pour son entretien téléphonique avec Vladimir Poutine, a réaffirmé hier le soutien sans faille de l’Allemagne à l’Ukraine, assurant qu’aucune décision sur l’issue de la guerre menée par la Russie ne serait prise sans Kiev. «L’Ukraine peut compter sur nous», c’est «ce principe qui prévaut, et aucune décision ne sera prise par-dessus la tête de l’Ukraine», a déclaré le chancelier à l’aéroport de Berlin avant de s’envoler pour le sommet du G20 à Rio de Janeiro, au Brésil.


Olaf Scholz a défendu l’échange téléphonique qu’il a eu vendredi avec le président russe, le premier en près de deux ans. «C’était important de lui dire qu’il ne doit pas compter sur le fait que le soutien de l’Allemagne, de l’Europe et de beaucoup d’autres dans le monde pour l’Ukraine va s’affaiblir», a expliqué le dirigeant allemand. Les promesses de Donald Trump de mettre fin à la guerre en Ukraine, sans expliquer comment, justifient aussi ce geste diplomatique : ce ne «serait pas une bonne idée que, dans un futur proche, il y ait des discussions entre le président américain et le président russe sans que le chef d’un important pays européen», l’Allemagne en l’occurrence, «ne mène également des discussions lui-même», s’est défendu le chancelier.

 L’entretien téléphonique a provoqué la colère de Kiev, le président ukrainien Volodymyr Zelensky reprochant à O. Scholz d’avoir ouvert la «boîte de Pandore».


Plus tard, l’ancien président français François Hollande a prévenu que Donald Trump, qui a promis de mettre fin «en 24 heures» au conflit entre Kiev et Moscou, prépare en fait la «capitulation de l’Ukraine», ce qui serait «insupportable pour les Ukrainiens» et une «humiliation» pour les Européens. Ce que Donald Trump «dit, même avec outrance, il le réalise avec excès», a commenté sur Radio J l’ancien chef de l’Etat, qui fut aux affaires en partie en même temps que le républicain, à la fin de son quinquennat à l’Elysée. Sur le dossier ukrainien, Donald Trump «va cesser d’aider» Kiev, «ce qui va poser un problème de déséquilibre de force», a prédit F. Hollande. 
Dans le cadre d’une conférence de paix, il va ensuite donner «à Vladimir Poutine tout le terrain qu’il a acquis» depuis les offensives russes de 2014 et de 2022, «et puis il dira aux Européens : pour le reste, c’est à vous de garantir la sécurité de l’Ukraine, si vous le pensez nécessaire, et c’est à vous d’aider l’Ukraine pour sa reconstruction», a ajouté l’ancien hôte de l’Elysée. En somme, «ce n’est pas la paix qu’il (Donald Trump) prépare, c’est la capitulation de l’Ukraine», a-t-il estimé. «Laisser à Vladimir Poutine le bénéfice de la force contre le droit international, ce serait grave et même insupportable pour les Ukrainiens», et cela ferait craindre «d’autres offensives menées par la Russie dans les années qui viennent», a-t-il mis en garde. 

 


Face à cette perspective, l’Europe, et particulièrement la France et l’Allemagne, doit rester unie, a souligné l’ex-président, qui a appelé son successeur Emmanuel Macron à «prendre une initiative forte» avec le gouvernement allemand, qui sortira des urnes en février. Alors que le chancelier Olaf Scholz a donné un «mauvais signal» en téléphonant vendredi à Vladimir Poutine, Paris et Berlin, a-t-il soutenu, devront parler d’une seule voix à partir de février, pour «faire front face à Donald Trump» et ne «rien céder à la Russie».


Dans un entretien avec la radio ukrainienne diffusé plus tôt, le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a déclaré qu’aucun appel téléphonique n’est en mesure d’arrêter l’intervention russe en Ukraine. «Personne n’arrêtera Poutine avec des appels téléphoniques», a écrit Donald Tusk sur le réseau social X. «(…) La diplomatie par téléphone ne peut remplacer un véritable soutien de l’ensemble de l’Occident à l’Ukraine», a-t-il souligné.
Samedi, le président Zelensky a affirmé vouloir «tout faire» pour obtenir la fin de la guerre dans son pays en 2025, par «des moyens diplomatiques». Il a aussi évoqué une situation «vraiment compliquée» sur le front est, où l’armée russe progresse rapidement face à des troupes ukrainiennes moins nombreuses et moins bien armées. «Nous devons tout faire pour que cette guerre prenne fin l’année prochaine. Nous devons y mettre fin par des moyens diplomatiques», a-t-il déclaré. Il a estimé que son homologue russe, Vladimir Poutine, cherchait à sortir de son «isolement politique» en parlant à des dirigeants, mais «Poutine ne veut pas du tout la paix», a-t-il dit.

Le débat sur d’éventuelles négociations de paix, longtemps balayé par Volodymyr Zelensky, s’est intensifié ces dernières semaines sur fond d’avancées russes rapides dans le Donbass (est) et de tergiversations occidentales sur l’aide militaire à fournir à Kiev. 

Les positions russes et ukrainiennes sont néanmoins opposées. Kiev exclut la cession des territoires occupés par l’armée russe, tandis que Moscou la pose comme condition.
 

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