Peut-on racheter toute une vie d’émissions carbone effrénées? C’est la question que s’est posée Craig Cohon, ancien cadre de multinationales. Elle l’a conduit à investir une partie de ses économies dans les méthodes d’extraction du CO2 et à entamer une marche de 4000 km pour sensibliser à la question climatique. A l’aube de la soixantaine, voilà donc ce millionnaire canadien sur les routes depuis le 3 janvier, où il a quitté son domicile londonien, avec l’idée de rallier Istanbul d’ici juin. Le nom du projet: «Walk it back».
Accompagné d’une équipe de 6 personnes et d’un camion - qui roule au biodiésel - rempli de technologie énergétique recyclable et d’une exposition itinérante, il compte aller à la rencontre des élus, des citoyens, des décideurs pour ouvrir le dialogue sur les projets d’élimination du carbone. Le climat n’a pas toujours été la préoccupation principale de Craig. Pour son travail au sein de Coca Cola ou du Cirque du soleil, il a beaucoup voyagé, ainsi que pour ses loisirs. «J’ai visité 140 pays, soit 4 millions de miles. Je me suis bien amusé, j’ai gagné plein d’argent» et émis beaucoup de CO2. «Même si je ne suis pas entièrement responsable, je plaide coupable (...) Alors j’ai décidé d’agir», a-t-il déclaré dimanche à son arrivée à Paris après environ 360 km parcourus. La prise de conscience est intervenue en 2020. Avec le Covid, le monde a été forcé de s’arrêter et Craig aussi. «Je me suis alors rendu compte que j’avais fait du mal à l’environnement. La question étant: jusqu’à quel point ?» Il donc fait calculer son empreinte carbone par un organisme indépendant. Bilan : «depuis ma naissance en 1963, j’ai émis 8147 tonnes de CO2. (...) Ca fait beaucoup. C’est la dette que j’ai envers la planète. Et je compte bien la rembourser». A titre de comparaison, les émissions de la France étaient en 2021 de 4,58 tonnes par habitant sur l’année, selon des données de l’UE. Sa première démarche a d’abord été financière. Il a versé plus de 1,1 million de dollars (environ 1 million d’euros) à un organisme de recherche pour le captage du carbone, soit environ 150 dollars pour chaque tonne de CO2 qu’il a émise. Mais il a voulu aller plus loin: «Quand j’ai découvert que tout ce carbone que j’avais émis était encore dans l’atmosphère, je me suis demandé comment l’extraire», explique-t-il. «La technologie existe, il faut juste l’accélérer. Cela va nécessiter beaucoup d’argent et de travail mais, si nous y arrivons, cela pourrait vraiment faire la différence dans la lutte contre le changement climatique», estime-t-il, tout en mettant également en avant des méthodes plus accessibles et naturelles, telles que les puits de carbone ou la reforestation et sans pour autant négliger l’aspect réduction des émissions.