Elections législatives en France : Un face-à-face décisif entre gauche et extrême droite

19/06/2024 mis à jour: 10:30
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Photo : D. R.

France
De notre correspondant

Une fièvre électorale gagne la France comme le pays en a rarement connu. Depuis la limite des candidatures fixée lundi 17 juin, les forces en présence sont à présent clairement en place dans une compétition historique. 

Le Rassemblement national de Jordan Bardella (extrême-droite) présente des candidats partout, parfois en lien avec des dissidents du parti de droite Les Républicains lequel a subi un choc irrémédiable lorsque son président Eric Ciotti a annoncé faire cause commune avec le RN. Quant aux élus macronistes de l’ex-majorité relative à l’Assemblée nationale, les jours sont comptés. Peu devraient retrouver leur siège. 

A gauche, le Nouveau Front populaire (NFP) s’est créé avec la France Insoumise, le PCF, les Ecologistes et surtout le Parti socialiste. Une union de la gauche au forcing avec candidature unique dans chacune des 577 circonscriptions à renosuveler, pour tenter de contrecarrer la poussée du RN.

Pour la première fois de l’histoire, ce parti aux thèses racistes et xénophobes, pourrait emporter la majorité des sièges au soir du 7 juillet, deuxième tour des élections législatives dont le premier tour se jouera le 30 juin. Un tel péril que tous les ténors de la gauche sociale-démocrate ont appelé à voter pour le NFP. Y compris l’ancien président François Hollande qui, fait insolite et inédit, redescend dans l’arène dans sa circonscription en Lozère. Une première pour un ex-président depuis le début de la Cinquième République en 1958. 

La tension est palpable en cette période de campagne. Du côté de l’extrême-droite et de son électorat, la passion monte d’un cran. Ils s’y voient déjà. Hier mardi, le journal Libération en témoigne : «A Paris, Nancy, Angers ou Lyon, des groupes violents ont semé la panique ces derniers jours. Dans un cas au moins, les assaillants se sont félicités d’une possible victoire de l’extrême droite aux législatives à venir.»

Cela n’augure rien de bon pour les jours à venir et pour les lendemains des élections, que le RN emporte la majorité absolue ou pas. Les activistes de l’extrême-gauche, s’ils n’ont pas encore fait parler d’eux, pourraient bien le faire….

Sur le versant gauche de la population française, les inquiétudes prennent parfois un ton expressif. Comme l’humoriste de la radio publique France Inter Charline Vanhoenacker qui lance : «J’espère que le rire va couvrir le bruit des bottes.» 

Footballeurs, artistes, comédiens, cinéastes écrivains, éditeurs et récemment personnalités françaises du Web se prononcent de plus en plus clairement contre l’extrême-droite qui après sa victoire aux élections européennes le 9 juin dernier est à même de décrocher une majorité à l’Assemblée nationale : «La portée de notre parole collective nous oblige. 

L’heure du mutisme est terminée. Créatrices, créateurs, personnalités d’Internet : mobilisons-nous !», lit-on dans une tribune cosignée sur le site de Médiapart. Signe que les prochaines semaines seront agitées, un marathon Web serait organisé les 27 et 28 juin sur la plate-forme Twitch et du 17 au 28 juin les créateurs lanceront «une série d’événements destinés à mobiliser les créateurs et créatrices de contenus».

Internet en effet est le nouvel eldorado des personnalités politiques et c’est là que se déchaînent toutes les ardeurs dans la jeune génération mais pas seulement. 

En grande partie le jeune président du Rassemblement national doit sa popularité aux nombreuses courtes vidéos (reels) sur Instagram et autres réseaux qui le montrent sous un jour sympathique. C’est là que se sont joués les slogans, voulus spontanés qui l’ont starisé.

Une bonne part des médias acquise aux thèses de l'Extrême-Orient

Dans la phase de stupeur qui a saisi la France après la dissolution de l’Assemblée nationale provoquée par le président Emmanuel Macron le 9 juin, c’est sur le web que la parole se délie et s’affirme face aux outrances des ultras de l’extrême-droite qui redoublent sur la toile de propos indécents contre toute forme de progressisme. Le vent a tourné pour beaucoup face à la crainte du séisme majeur que serait la bascule de l’Assemblée nationale vers un parti dont le moteur est le rejet de toute forme de progressisme. 

Pendant ce temps, dans l’ancien monde des médias -dont une bonne part est acquise désormais aux thèses de l’extrême-droite-, on dissèque ou vilipende les programmes, les postures, les petites phrases, les soucis de tel ou tel candidat. Avec une orientation en filigrane ou clairement exprimée : abattre la gauche ! 

Peu importe cependant les médias qui répètent à l’envi les sujets du RN : immigration, délinquance des étrangers, islam… Les électeurs vont se prononcer selon d’autres critères ravageurs pour les partis traditionnels, y compris ceux du NFP, comme la mal-vie, le chômage, l’abandon des services publics, le pouvoir d’achat, les difficultés à se loger, l’inflation galopante, le sentiment de déclassement que nombre de sociologues ont étudié ces dernières années. 

Les Français sont déboussolés face à une situation chaotique aggravée par une débandade économique et le poids de la dette qui représente 110,6 % du PIB, soit plus de 3101 milliards d’euros. Trompée durant des décennies par des alternances qui perpétuent et aggravent la même politique antisociale, la part la plus en souffrance cherche un chevalier blanc qui d’un coup de baguette mettra de l’ordre dans ce fatras socio-économique. Gauche et droite ont tenu les rênes puis Macron qui prétendait faire la jonction entre les deux. Tentons donc un joker ! revient dans de nombreux témoignages. 

Dans un sentiment de méfiance, faudrait-il pour autant confier sa destinée à un Dark Vador relooké, au côté obscur de la force, sur lequel les tenants du grand patronat misent aujourd’hui en survendant le Rassemblement national…

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