Chaque année, le village d’El Marsa connaît une affluence considérable en ce mois d’août 2024. Autrefois simple village de pêcheurs, situé à l’extrême est du golfe de Skikda, El Marsa attire aujourd’hui une foule de visiteurs, séduits par ses grandes plages de sable fin, ses criques de galets, ses calanques pittoresques et son cap majestueux.
Cette commune, véritable joyau touristique, charme dès le premier regard. Cependant, ceux qui envisagent d’y séjourner sont rapidement confrontés à des désillusions. «Il n’y a pas d’hôtels à El Marsa ! Seuls des appartements en location servent de gîtes», préviennent d’emblée les habitants aux vacanciers, principalement des habitués venus des wilayas voisines, voire de régions plus éloignées.
Par ailleurs, l’accès au village se fait uniquement par des routes de wilaya, les CW 107 et 21, sinueuses et «munies» de ralentisseurs improvisés. Malgré ces difficultés, les amoureux d’El Marsa ne se découragent pas. «Ça fait partie de l’aventure !», plaisantent certains. En dépit de ses nombreux défauts, la commune continue d’attirer un large public. Les problèmes sont nombreux, notons à titre d’exemple des perturbations dans l’approvisionnement en eau potable, nécessitant le recours à des citernes payantes, une absence de gaz de ville obligeant les habitants et les estivants à se rabattre sur des bouteilles de gaz, et une mauvaise couverture des réseaux téléphoniques et internet.
À cela s’ajoute la question de la gestion des déchets, aussi bien dans l’agglomération que sur les plages, aggravée par la présence d’animaux errants, tels que des vaches et des moutons, près des bacs à ordures, jour et nuit. Pourquoi la commune n’a-t-elle donc pas bénéficié d’investissements dans l’hôtellerie, notamment dans la zone d’expansion touristique ? El Marsa, pourtant protégée par la loi 03-03 du 17 février 2003 relative aux zones d’expansion et aux sites touristiques, n’a pas vu se concrétiser des projets à la hauteur de son potentiel. Cette loi, destinée à encadrer la protection, l’aménagement, la promotion et la gestion de ces zones, est signalée dès l’entrée du village, mais semble malheureusement peu appliquée. Par ailleurs, le littoral de Rmila, classé zone naturelle protégée, est parfois défiguré par des monticules de détritus, en totale contradiction avec son statut.
Les élus de l’APC argumentent
Les élus de l’APC justifient la situation en avançant de nombreux arguments. Un élu chargé du tourisme et en présence d’un vice-président et du secrétaire général de l’APC explique à El Watan : «Avant toute chose, il faut savoir qu’El Marsa est la perle oubliée de la wilaya de Skikda. Pourtant, le nombre d’estivants qui affluent chez nous est significatif.» Et de nous faire savoir que le maire de la ville est en congé de maladie. Un autre responsable, Belaref Slimane, secrétaire général de l’APC d’El Marsa, précise : «Notre commune n’a pas de ressources financières, sauf les revenus des parkings durant la saison estivale, soit près d’un milliard de centimes directement alloués au budget de fonctionnement. Récemment, la wilaya nous a octroyé un rétrochargeur.»
Ce même responsable ajoute : «Cependant, nous sommes en phase d’exécution de certains projets pour le renforcement et l’amélioration de l’AEP avec la réalisation d’un projet sectoriel de réservoirs d’eau de capacités différentes et qui seront reliés les uns aux autres. D’autres projets, dont a bénéficié la commune, visent à améliorer l’état des routes et l’accès à l’agglomération. Cela se fera après règlement des procédures administratives.»
Quant à la collecte des ordures ménagères, le SG souligne que deux sociétés s’en chargent, dont une entreprise privée qui nettoie les plages de Rmila 1-2-3, et une autre, publique, s’occupe de la zone urbaine et de l’agglomération d’El Marsa. Concernant la zone d’expansion touristique, les élus sont unanimes à dire qu’«El Marsa dispose d’une zone de 70 hectares, mais elle reste inexploitable à ce jour. Ce dossier relève de la compétence de la direction du tourisme.»
Le célèbre Cap de Fer, son phare centenaire ainsi que les criques de galets et les plages étendues méritent également une attention particulière. «Le chemin communal menant au phare du Cap de Fer doit être réhabilité. Quant à la route qui mène à la plage du Cap, elle est en très mauvais état, impraticable en raison de glissements de terrain. Elle fera l’objet d’une étude approfondie pour sa réhabilitation et son exploitation future par la commune», expliquent les responsables. En somme, les élus d’El Marsa se battent comme ils peuvent avec les moyens rudimentaires dont ils disposent.
Néanmoins, il reste beaucoup à faire pour développer le tourisme dans ce village balnéaire. «La réhabilitation de la plage centrale de gros galets et du port de pêche pourrait attirer davantage de visiteurs. Pourquoi ne pas envisager une marina à proximité?», suggèrent des estivants frustrés de ne pouvoir accéder à certaines zones.
Enfin, la sécurité dans la commune est assurée par la Gendarmerie nationale, mais les élus souhaitent la création d’un commissariat de police. Le seul acquis pour El Marsa, pénalisée pendant des décennies, aura été, sans aucun doute, la mise en service d’une station-service Naftal mobile à l’entrée du village.