Le gouvernement central de Londres n’a eu de cesse de rejeter les appels à un nouveau référendum sur l’indépendance, arguant que le vote de 2014 a réglé la question pour une génération.
Le Premier ministre écossais, Humza Yousaf, a cherché hier à redonner du souffle à son parti, le SNP, plombé par les affaires autour de ses finances, en mettant l’indépendance au cœur de la campagne pour les prochaines élections générales. Dans un discours lors d’une convention consacrée à l’indépendance dans la ville de Dundee (est de l’Ecosse), son premier grand rassemblement depuis son arrivée au pouvoir en mars, le dirigeant de 38 ans a promis qu’en cas de victoire, il chercherait à négocier avec Londres un transfert de pouvoir vers l’Ecosse. «Si le SNP gagne cette élection, le peuple aura parlé», a déclaré le Premier ministre, cité par l’AFP.
Les élections générales, dont la date n’est pas encore connue, doivent se tenir d’ici à la fin de l’année prochaine. «Nous chercherons à négocier avec le gouvernement britannique sur la manière de donner un effet démocratique à ce que l’Ecosse devienne une nation indépendante», a-t-il ajouté. En cas de victoire, Humza Yousaf veut également commencer à «préparer le terrain» pour que l’Ecosse rejoigne l’Union européenne (UE), en envoyant un représentant du gouvernement écossais à Bruxelles.
Le Brexit et la pandémie de Covid
Après près de neuf ans à la tête du SNP et du gouvernement écossais, sa prédécesseure Nicola Sturgeon, a annoncé sa démission surprise en février, expliquant qu’elle n’a plus «l’énergie» nécessaire pour continuer. Arrivée au pouvoir après le référendum de 2014 sur l’indépendance, où les Ecossais ont choisi de demeurer au sein du Royaume-Uni, elle a bénéficié d’un sursaut en faveur de la cause indépendantiste, en particulier après le Brexit et pendant la pandémie de Covid-19. Mais depuis son départ, son image a été ternie. Elle a été placée en garde à vue, tout comme son époux, ancien cadre du parti, dans une enquête sur les finances du SNP.
L’un comme l’autre contestent toute infraction et ils n’ont pas été poursuivis à ce stade. Un récent sondage YouGov a mis en évidence les revers de fortune du SNP, prédisant une débâcle si des élections législatives étaient organisées dès maintenant. Il estime que le SNP passerait de 48 sièges au Parlement de Westminster à Londres à 27, sur un total de 59 circonscriptions écossaises représentées.
Le Parti travailliste, favorable au maintien de l’Ecosse au sein du Royaume-Uni aux côtés de l’Angleterre, du Pays de Galles et de l’Irlande du Nord, ravirait 23 sièges au SNP, pour arriver à un total de 24. Les conservateurs écossais et les Libéraux-démocrates, également opposés à l’indépendance, prendraient chacun quatre sièges. Le SNP domine le Parlement local d’Edimbourg depuis 2007.
Il y compte actuellement 64 élus, sur un total de 129 sièges, et gouverne grâce à une coalition avec les Verts, favorables à l’indépendance. Le gouvernement central à Londres n’a eu de cesse de rejeter les appels à un nouveau référendum sur l’indépendance, arguant que le vote de 2014 a réglé la question pour une génération.
Mais Nicola Sturgeon l’a remise sur la table après que les Britanniques ont choisi de quitter l’UE deux ans plus tard, là où les Ecossais ont, quant à eux, majoritairement voté contre le Brexit. Insistant auprès des Premiers ministres britanniques qui se sont succédé, elle a porté l’affaire jusqu’à la Cour suprême britannique.
Cependant, les hauts magistrats ont bloqué l’organisation d’un nouveau référendum, estimant qu’il s’agit d’une question «réservée» au gouvernement britannique. Nicola Sturgeon a alors indiqué que son gouvernement ferait des prochaines élections, prévues l’an prochain, un «référendum de facto».
La question de conserver ou non cette stratégie n’a pas encore été tranchée, a fait valoir hier sur la BBC Keith Brown, chef adjoint du SNP, dénonçant le refus «antidémocratique» du gouvernement de Westminster d’organiser un nouveau référendum, car «ils pensent qu’ils vont perdre».