Selon une étude établie par le Fonds monétaire international, «les périodes de stagnation d’une durée de quatre ans ou plus ont tendance à accroître de près de 20% les inégalités de revenus, soit une augmentation considérablement plus élevée que dans le cas d’une récession pure et simple».
Les périodes de stagnation économique sont marquées par une lenteur du rythme de création d’emplois et de faible croissance des salaires, et une telle situation associée à une marge de manœuvre budgétaire limitée, creuse l’écart entre les catégories sociales. «En d’autre termes, plus nous resterons coincés avec une croissance faible, plus notre monde deviendra inégalitaire.
En soi, cela constituerait un revers au vu des progrès que nous avons réalisés au cours des dernières décennies. Et comme nous l’avons vu, une hausse des inégalités peut favoriser du mécontentement à l’égard de l’intégration économique et des progrès technologiques», indique Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, à l’occasion de la réunion cette semaine des ministres des finances du groupe du G20 à Rio de Janeiro.
S’appuyant sur la dernière mise à jour des perspectives de l’économie mondiale du FMI, Mme Georgieva avertit sur les effets de la stagnation de la croissance. Elle rappelle que la croissance mondiale devrait atteindre 3,2% cette année et 3,3% en 2025, soit bien en dessous de la moyenne de 3,8% pour la période qui va du début du siècle jusqu’à la pandémie.
L’économie mondiale n’arrive toujours pas à passer à la vitesse supérieure, fait-elle remarquer, en avertissant qu’une telle situation pourrait sensiblement en rayer la lutte contre la pauvreté et les inégalités. Même si le monde n’a pas sombré dans la récession, nous devons, déclare la même responsable dans une note, «empêcher le monde de vivre une période prolongée de croissance anémique qui enracine la pauvreté et les inégalités».
Comment s’y prendre ? Mme Georgieva énumère une série de mesures à entreprendre notamment en s’attaquant au problème sous-jacent de la faiblesse de la croissance. «La majeure partie du déclin de la croissance au cours des dernières décennies est due à une baisse de la productivité», dit-elle en notant que la main-d’œuvre n’a pas été dirigée vers les entreprises les plus dynamiques.
La même responsable suggère qu’un programme de réformes judicieuses pourrait relancer la croissance à moyen terme. Il s’agira d’améliorer l’accès au financement en permettant une circulation plus efficace des ressources et stimuler ainsi la productivité.
Aussi, l’intégration d’un plus grand nombre de personnes sur le marché du travail, et faire en sorte que les politiques budgétaires soutiennent les membres les plus vulnérables de la société. «Les pays en développement disposent, selon la DG du FMI, d’une grande marge de manœuvre pour accroître leurs recettes grâce aux réformes fiscales (jusqu’à 9% du PIB).
Il est crucial, assure-t-elle, d’adopter une approche progressive, en s’assurant que ceux qui peuvent se permettre de payer plus d’impôts apportent une juste contribution. L’impôt sur les revenus du capital et sur le patrimoine, par exemple, offre un moyen relativement progressif de générer davantage de recettes fiscales», suggère la même responsable.
Et d’ajouter : «Les contribuables ont besoin de savoir que les impôts qu’ils paient serviront à fournir des services publics et non à enrichir ceux qui sont au pouvoir. L’amélioration de la gouvernance, en augmentant la transparence et en luttant contre la corruption, entre autres, doit également faire partie de l’équation.»