Economie de la connaissance : Ouadah esquisse les grandes lignes

09/04/2025 mis à jour: 01:26
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Dans les locaux de start -up Yassir

Lors de son passage hier au Forum d’El Moudjahid, Noureddine Ouadah, ministre de l’Economie de la connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises, a exposé la vision de l’Algérie pour amorcer  «une transition économique vers un modèle fondé sur l’innovation, la technologie et la valorisation des compétences nationales».

 Dans son intervention, le ministre a rappelé que l’Algérie œuvre à sortir progressivement de sa dépendance aux ressources naturelles pour bâtir une économie durable fondée sur le savoir, le capital humain et les technologies avancées. Il a salué la création, en 2020, de son ministère dédié à cette transition, un signe fort de la volonté politique d’inscrire l’innovation comme levier central du développement. 

Le ministre a structuré son intervention autour de sept axes majeurs : la recherche scientifique et le développement technologique dans les milieux industriels et économiques, la propriété intellectuelle, essentielle pour protéger et valoriser les innovations locales, le transfert technologique, pour faciliter l’intégration des technologies étrangères dans le tissu économique national, l’économie numérique, désormais pilier de l’économie mondiale, le capital humain, à travers une formation adaptée au rythme des évolutions technologiques, la gouvernance, avec des mécanismes adaptés à la nouvelle réalité économique, et l’inclusion de tous les acteurs économiques, des micro-entrepreneurs aux grandes entreprises publiques et privées. 

Le ministre a souligné que «le développement de l’économie de la connaissance ne se limite pas aux start-up, mais inclut les micro-entreprises, les freelances et même les chercheurs indépendants. La loi sur l’auto-entrepreneuriat, promulguée en 2023, vise à intégrer toutes les formes de compétences dans le tissu productif national». Il a insisté sur l’importance de la confiance dans les start-up locales.

 «Pour qu’une start-up algérienne puisse exporter, elle doit d’abord convaincre le marché local», a-t-il affirmé. 

A ce titre, le nouveau code des marchés publics permet désormais aux institutions de contracter directement avec des start-up labellisées. D’autres mesures permettent aux entreprises d’utiliser une partie de leurs impôts pour collaborer avec des start-up. En outre, à travers le programme Algeria Venture, le ministère entend connecter l’écosystème local aux grands marchés internationaux. L’objectif affiché est clair : faire émerger plusieurs licornes algériennes à l’horizon 2030. 

Un autre point fort de la feuille de route du ministère est l’intégration de l’entrepreneuriat dans les cursus universitaires. Désormais, les projets de fin d’études peuvent devenir des start-up grâce à un accompagnement académique, technique et financier. 

Ce dispositif vise «à retenir les talents en Algérie et à ancrer la souveraineté technologique nationale», a ajouté le ministre.

Sortir des pratiques classiques 

Il a annoncé la mise en place d’un mécanisme d’Open Innovation, inspiré du crédit impôt-recherche, qui permet aux entreprises d’affecter une partie de leurs impôts au financement de projets innovants, soit en interne, soit via des collaborations avec des start-up ou des incubateurs. Une mesure qui vise à renforcer les capacités de recherche locale et à encourager les solutions technologiques «made in Algeria».

Aux yeux du ministre, «aujourd’hui notre auto-entrepreneur est un opérateur économique qui fait équivalent à une entreprise qui a un registre de commerce. Et je fais appel aux opérateurs économiques publics et privés de considérer cet aspect dans leurs appels d’offres, dans leurs consultations et dans leurs demandes quotidiennes en besoins de service. C’est très important. 

Depuis 2024, notre entrepreneur est une entité économique qui permet de fournir des services et des produits, généralement c’est du service, et qui permet de contracter de manière officielle l’entreprise. 

Donc, aujourd’hui, les entreprises économiques, quand elles demandent un service, il faut qu’elles prévoient dans la liste des documents, pas uniquement le registre de commerce, mais la carte d’auto-entrepreneur». 

Selon lui, «on peut créer une entreprise en quelques minutes en ligne. Nous avons ouvert un chantier avec les services du Commerce intérieur et nous voudrions accélérer le processus, mais aujourd’hui, techniquement et technologiquement, on est capable de lancer dans quelques semaines un processus de création d’entreprises 100% en ligne». 

Cependant, note-t-il, «il faudrait avoir le réflexe de résoudre les problèmes de manière différente et sortir de la manière classique. Ce qu’a fait le ministre du Commerce pendant l’Aïd El Fitr est un exemple concret», faisant allusion au lancement d’une application numérique baptisée «Mourafik Com» qui donne des informations détaillées sur les commerçants de permanence, classés par wilaya, daïra et commune, afin de permettre aux citoyens de retrouver facilement les magasins ouverts les jours fériés. «A un moment donné, il faudra sortir des anciennes pratiques et innover dans un autre type de management», met-il en évidence. 

Et d’ajouter : «La principale idée d’un écosystème efficace est l’innovation. Les entreprises qui n’ont pas réussi à s’imposer sur le marché vont très rapidement se recycler et revenir avec des concepts nouveaux, mais avec plus d’expérience et de chance de réussir. Plus vous allez affronter le marché, plus vous allez être plus robuste et venir la prochaine fois avec un autre concept et vous avez plus de chances de réussir.» 

Depuis son lancement en 2020, le Fonds algérien des start-up (l’Algerian Start-up Fund - ASF) fait confiance aux compétences algériennes. «Aujourd’hui, nous avons le challenge d’avoir plusieurs ASF qui vont être complémentaires, mais plus précisément, nous avons aussi ce challenge d’avoir des fonds thématiques. Il a quelques semaines, nous avons lancé un fonds dédié à l’éducation scientifique et les télécommunications avec le ministère de la Poste et des Télécommunications. 

Nous devons faire la même chose dans les secteurs les plus importants, comme l’énergie renouvelable et l’agriculture», souligne-t-il. Kamel Benelkadi
 

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