L’exploitation forestière est responsable de 42% de la perte de forêts de montagne, suivie des feux de forêt (29%), l’agriculture itinérante (15%) et l’agriculture permanente ou semi-permanente (10%).
L’exploitation forestière, les incendies et l’agriculture causent la disparition de forêts de montagnes à un rythme de plus en plus rapide, selon une nouvelle étude publiée vendredi. Les montagnes abritent 85% des oiseaux, mammifères et amphibiens du monde, notamment dans les forêts, ce qui rend la perte de celles-ci alarmante pour la biodiversité.
Les forêts de montagne recouvraient 1,1 milliard d’hectares de la planète en 2000, selon les auteurs de cette étude publiée dans la revue One Earth. Mais au moins 78,1 millions d’hectares, soit 7,1% du total, ont disparu entre 2000 et 2018, ont-ils déterminé grâce aux données de satellites. Cela représente une zone plus grande que la taille du Texas.
Et le rythme de leur disparition s’accélère: les pertes récentes étaient 2,7 fois plus importantes qu’au début du siècle. Les auteurs de ces travaux alertent en particulier sur le fait que les zones les plus touchées (42% du total), et qui voient également l’accélération la plus importante, sont les forêts tropicales de montagne, qui abritent un trésor de diversité et sont le refuge de nombreuses espèces menacées.
«Les pertes dans les montagnes de forêt des zones tropicales augmentent très rapidement, davantage que dans les autres régions», a déclaré à des médias Zhenzhong Zeng, co-auteur de l’étude. «Et la biodiversité est très riche à ces endroits, donc l’impact est immense.» L’altitude et les fortes pentes ont historiquement limité l’exploitation de ces forêts par les humains, notent les chercheurs. Mais depuis le tournant du siècle, elles ont de plus en plus été ciblées pour leur bois et l’agriculture.
L’exploitation forestière est responsable de 42% de la perte de forêts de montagne, suivie des feux de forêts (29%), l’agriculture itinérante (15%), et l’agriculture permanente ou semi-permanente (10%), selon l’étude. L’agriculture itinérante implique de défricher une terre et l’utiliser pour quelques années avant de l’abandonner jusqu’à ce qu’elle redevienne fertile.
«Les facteurs sont différents pour différentes régions», a expliqué Zhenzhong Zeng. «Pour les zones boréales, c’est causé par le changement climatique, car il y a une hausse des températures» particulièrement marquée dans l’Arctique, favorisant les incendies, a-t-il déclaré. «Nous devons réduire l’utilisation de combustibles fossiles pour ralentir le changement climatique», a-t-il souligné.
L’expansion de l’agriculture est le facteur le plus important pour les pertes enregistrées en Asie du Sud-Est. «Les gens plantent davantage d’arbres à caoutchouc ou de palmiers à huile pour obtenir davantage de produit», explique Zhenzhong Zeng. Et ils «ont besoin de plus de terres pour faire pousser du maïs et nourrir leurs poulets».
L’agriculture itinérante a surtout lieu en Afrique et en Amérique du Sud. Selon l’étude, c’est en Asie que la disparition des forêts de montagne est la plus prononcée: 39,8 millions d’hectares, soit un peu plus de la moitié du total perdu. L’Amérique du Sud, l’Afrique, l’Australie et l’Europe ont également enregistré des pertes importantes. «Pour les zones tropicales, il faut que les gens vivent avec la forêt, pas qu’ils coupent la forêt», a souligné le chercheur.
Dans certaines zones, les scientifiques ont observé une repousse, mais pas toujours des espèces locales, et surtout sans compenser les pertes, a souligné Xinyue He, également co-auteure de l’étude.
Les efforts de préservation des forêts doivent être intensifiés, a-t-elle dit, avec davantage de contrôles et de réglementations. Selon elle, «établir des zones protégées peut aider à réduire les pertes».