Faute d’entretien, l’éclairage public est défaillant dans de nombreuses agglomérations urbaines.
Les projets d’éclairage public engloutissent des sommes faramineuses chaque année à Boumerdès, mais les résultats sont loin d’être satisfaisants. Entre 2017 et 2018, des dizaines de milliards ont été dépensées pour la généralisation de l’éclairage LED dans des villes comme Boudouaou, Dellys, Khemis El Kechna, Bordj Ménaiel, etc.
Faute d’entretien, ces projets n’ont pas éclairé pour longtemps les nuits des habitants de ces agglomérations urbaines, bien au contraire, l’argent public aura profité surtout à des entrepreneurs véreux dont certains sont poursuivis en justice pour «obtention d’indus privilèges». Il y a quelques jours, les autorités locales ont alloué plus de 80 millions de dinars pour répandre de la lumière dans les cités et sur les routes.
Confié à la direction des travaux publics, le marché a été octroyé de gré à gré à une entreprise publique activant à Blida, a-t-on appris de source officielle. La procédure a suscité une vive polémique. Certains se demandaient pourquoi le projet n’a pas été confié à l’Epic de wilaya Madinet qui dispose d’une filiale (Madi Light) spécialisée dans l’installation et l’entretien de l’éclairage public.
Jugé contraire à la réglementation, le marché a été rejeté la semaine passée par le contrôleur financier car la réglementation est claire sur ce sujet. L’article 12 du code des marchés publics autorise le recours au gré à gré «en cas d’urgence impérieuse motivée par un danger imminent que court un bien ou un investissement déjà matérialisé sur le terrain ou un péril menaçant un investissement, un bien du service contractant ou l’ordre public, et qui ne peut s’accommoder des délais des procédures de passation des marchés publics…» La réalisation d’un projet d’éclairage est-il une urgence impérieuse ?
Evidemment non. On se rappelle que ce n’est pas la première fois qu’on fait abstraction de la loi en question. Sous l’ère Bouteflika, le recours au gré à gré était la règle et pas l’exception. En 2018, pas moins de 75 projets d’équipements publics notifiés au profit de la wilaya ont été attribués de gré à gré pour des entreprises privées dont certaines n’ont pas hésité à engager des sous-traitants avant que tout soit annulé par la bénédiction du hirak.
A l’époque, même Madi Light a eu sa part, mais elle n’a toujours pas été payée pour les travaux réalisés. Cette entreprise réclame aujourd’hui une somme de 120 millions de dinars à l’APC de Boumerdès et il n’est pas sûr qu’elle ait gain de cause. A Boumerdès, comme dans d’autres communes de la wilaya, les projets d’éclairage sont synonymes de bricolage et de gaspillage de l’argent public. Ces reproches sont liés au fait que beaucoup de lampadaires tombent en panne quelques semaines après leur mise en service.
Même les grands pieux qui éclairent la principale plage de l’ex-Rocher noir n’échappent pas à la règle. «Le prix d’un poteau dépasse 3 millions de dinars, mais certains ne sont que l’ombre d’eux-mêmes», déplore un commerçant au boulevard du front de mer. Sur les routes, les défaillances sont multiples. L’obscurité reste de mise sur de longues distances de la RN5 et de la RN12. Les poteaux et les lampadaires existent, mais rares sont ceux qui éclairent la chaussée, d’où le nombre important d’accidents sur ces routes.
Dans les cités résidentielles, la situation n’est guère reluisante. Dans certains quartiers périphériques, au chef-lieu de wilaya, à l’instar de Sablière, les Orangers et Figuier, les habitants plongent dans le noir dès la nuit tombée. Ailleurs, dans les localités rurales, l’éclairage est loin d’être la préoccupation des citoyens tant le minimum vital comme l’eau et les routes ne sont parfois pas garantis.