Donald Trump est de nouveau candidat. L'ancien président deux fois soumis à des procédures de destitution, qui a plongé les États-Unis dans une crise politique inédite en refusant de reconnaître sa défaite en 2020, semant le doute sur le système électoral et lançant ses partisans contre le Capitole, a annoncé mardi 15 novembre comme une évidence son intention de se présenter à nouveau à l'élection présidentielle. «Pour rendre l'Amérique de nouveau grande et glorieuse, j'annonce ce soir ma candidature à la présidence des États-Unis», a annoncé Trump depuis son palais de Mar-a-Lago à Palm Beach, en Floride. Sous les ors de son club privé, devant des centaines d'invités choisis, Trump a décrit son précédent mandat comme un âge d'or, avant que l'administration démocrate de Joe Biden ne plonge le pays dans la ruine.
«Il y a moins de trois ans, notre nation était au sommet de sa puissance, de sa prospérité et de son prestige, dominant tous ses rivaux, triomphant de tous ses ennemis et avançant vers l'avenir, confiante et forte», a-t-il déclaré. Mais maintenant, nous sommes une nation en déclin, un pays en faillite… Les deux dernières années sous Joe Biden ont été une période de peines, de difficultés, d'anxiété et de désespoir. L'inflation est la plus élevée depuis plus de 50 ans, le prix de l'essence a atteint les niveaux les plus élevés de l'histoire. Notre frontière sud n'existe plus et notre pays est envahi par des millions et des millions d'inconnus, dont beaucoup entrent avec de sinistres intentions. Les États-Unis ont été embarrassés, humiliés et affaiblis. Le désastre en Afghanistan a été le moment le plus embarrassant de l'histoire de notre pays, et l'Ukraine, qui ne serait jamais arrivé si j'étais votre président».
Pas de vague républicaine aux Midterms
«Je vais m'assurer que Joe Biden ne bénéficie pas de quatre années supplémentaires, a promis Trump. Notre pays ne pourrait pas supporter cela. Et je ne dis pas ça en riant, je le dis en larmes. Notre pays ne peut pas tout supporter». «Ensemble, nous allons nous attaquer aux forces les plus corrompues et aux intérêts les plus retranchés que l'on puisse imaginer, a-t-il averti. Ce n'est pas une tâche pour un politicien ou un candidat classique. C'est une tâche pour un grand mouvement qui incarne le courage, la confiance et l'esprit du peuple américain… pour des dizaines de millions de personnes fières de travailler ensemble à travers tout le pays et de toutes les couches de la société, jeunes et vieux, noirs et blancs, hispaniques et asiatiques. Vous ne pouvez plus vous taire. Vous êtes en colère contre ce qui arrive à notre pays, qui est en train d'être détruit sous vos yeux (...) Les démocrates de la gauche radicale ont adopté une idéologie extrême de domination et de contrôle gouvernemental. Notre approche est le complet opposé, basée sur les valeurs de liberté, la responsabilité individuelle et le simple bon sens».
Prévue depuis plusieurs semaines, l'annonce de cette candidature devait profiter de la large victoire prédite au Parti républicain aux élections de la semaine dernière. Mais au lieu de la vague républicaine escomptée, les résultats ont été mitigés, et un grand nombre de candidats soutenus par Trump, trop extrémistes, ont été battus. Ces derniers jours, de nombreux élus républicains n'ont pas hésité à le blâmer pour cette médiocre performance du parti. Des rivaux potentiels envisagent déjà ouvertement de se présenter aux prochaines primaires républicaines. Trump, qui n'aime guère être loin de la scène, a pris les devants sur cette fronde. Les principaux responsables du parti ont été invités à Mar-a-Lago, et les présents comme les absents ont été soigneusement comptabilisés.
La mauvaise performance n'est pas un concept pour Donald Trump. S'il a admis que le résultat des dernières élections aurait pu être meilleur, il a expliqué que c'est parce que les électeurs n'ont pas bien compris la situation : «Beaucoup de critiques ont été formulées sur le fait que le Parti républicain aurait dû faire mieux, et franchement, une grande partie de ces reproches sont fondés. Mais les citoyens de notre pays n'ont pas encore pris conscience de l'étendue et de la gravité de ce que notre nation endure et l'effet total de la souffrance commence tout juste à se faire sentir (...) Je n'ai aucun doute sur le fait qu'en 2024, la situation sera malheureusement bien pire et qu'ils verront bien plus clairement ce qui s'est passé et ce qui arrive à notre pays et le vote sera bien différent».
Trump toujours sous le coup de plusieurs enquêtes
L'annonce de la candidature de Donald Trump intervient aussi alors que l'ancien président fait l'objet de plusieurs enquêtes, dont certaines pourraient déboucher sur des mises en accusation. L'une porte sur sa tentative pour renverser le résultat de l'élection en Géorgie. Une autre sur les cartons de documents classifiés qu'il avait emportés à son départ de la Maison-Blanche et stockés à Mar-a-Lago, refusant de les restituer jusqu'à ce qu'une descente du FBI ne vienne les récupérer. Son rôle dans l'insurrection du 6 janvier 2021 contre le Capitole, amplement documenté par l'enquête d'une commission parlementaire spéciale, pourrait aussi lui valoir une procédure judiciaire. «Je suis une victime», a prévenu Trump, qui se présente tantôt en héros triomphant, tantôt comme faisant l'objet de perpétuelles persécutions. «Les menaces les plus graves pour notre pays ne viennent pas de l'étranger, mais de l'intérieur, a-t-il mis en garde. Aucune n'est plus grande que l'usage partisan du système judiciaire, du FBI et du ministère de la Justice. Nous devons complètement revoir le système pour nettoyer la pourriture et la corruption de Washington DC».
De façon inhabituelle, Trump a évité de développer sa thèse de l'élection de 2020, qu'il continue de prétendre avoir gagnée, affirmant que la victoire lui a été enlevée par une fraude massive des démocrates. Sans doute pour ne pas mettre en cause le système devant lequel il entend se présenter à nouveau, il s'est contenté de sous-entendre que la Chine, mécontente de sa politique, aurait pu interférer avec le scrutin de 2020, sans en dire plus.
Il s'est plutôt cette fois présenté comme tourné vers l'avenir. «Notre victoire sera construite sur de grandes idées, des ambitions audacieuses et des rêves audacieux pour l'avenir de l'Amérique», a-t-il déclaré. «Il ne suffit pas de se plaindre ou de s'opposer, nous ne voulons pas être des râleurs. Je n'ai jamais voulu être un critique. Je n'ai jamais respecté les critiques, qui disent aux gens ce qui ne va pas mais ne peuvent pas le faire eux-mêmes. Nous gagnerons parce que nous nous battrons de toutes nos forces pour restaurer cette nation».
«Ce n'est pas une campagne, a aussi assuré Trump. C'est une quête pour sauver notre pays. J'ai besoin de vos voix… Si notre mouvement triomphe, nous vaincrons les forces de la tyrannie. L'âge d'or est à notre portée, et nous rendrons à l'Amérique sa richesse, sa puissance, sa fierté, sa sécurité, sa gloire, sa grandeur !»