La situation à Ghaza est critique depuis des mois, avec des pénuries alimentaires sévères qui poussent les habitants à se rassembler aux points de distribution d’aide, souvent au péril de leur vie.
Dans le flux ininterrompu des nouvelles tragiques en provenance de l’enclave palestinienne, assiégée par les bombes israéliennes, certaines informations glacent le sang. Chaque jour, dix enfants de la bande de Ghaza perdent une jambe ou deux, rapportait hier Philippe Lazzarini, chef de l’UNRWA, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens. Ce chiffre ne tient même pas compte des enfants qui perdent un bras ou une main.
Hier encore, les bombes continuaient de s’abattre sur les Palestiniens de Ghaza, qui endurent depuis près de neuf mois une agression israélienne sauvage et barbare. Les frappes de l’armée d’occupation ont tué dix proches du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, selon la Défense civile.
«Un certain nombre de martyrs reste sous les décombres», a déclaré Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile, précisant que la sœur du chef du Hamas, Zahr Haniyeh, a été tuée avec neuf autres personnes lors de cette frappe sur le camp de Chati. En avril, trois fils et quatre petits-enfants de Haniyeh avaient déjà péri dans une frappe à Chati.
Ismaïl Haniyeh avait alors indiqué qu’environ 60 membres de sa famille avaient été tués depuis le début de la guerre le 7 octobre. Dans la même journée, une attaque israélienne a également coûté la vie à au moins dix Palestiniens à Khan Younès, alors qu’ils cherchaient à obtenir de l’aide humanitaire. Cette tragédie s’inscrit dans une série d’incidents similaires qui ont marqué l’histoire récente de la bande de Ghaza, où les denrées alimentaires se font de plus en plus rares.
La situation à Ghaza est critique depuis des mois, avec des pénuries alimentaires sévères qui poussent les habitants à se rassembler aux points de distribution d’aide, souvent au péril de leur vie. La semaine dernière, 9 personnes ont été tuées et 30 autres blessées par les forces d’occupation israéliennes près du passage d’aide de Karem Abu Salem (Kerem Shalom) à Rafah, alors qu’elles attendaient des camions de ravitaillement.
Pour rappel, le 29 février, un événement tragique, connu sous le nom de «massacre de la farine», a vu au moins 112 Palestiniens tués et plus de 750 blessés par des tirs israéliens à proximité de la ville de Ghaza. Selon le Bureau des médias du gouvernement de Ghaza, plus de 400 Palestiniens ont été tués en attendant des livraisons d’aide humanitaire au cours des derniers mois.
Selon diverses sources médiatiques, une frappe a également fait cinq morts hier, dont deux enfants, près de l’hôpital Al Shifa dans la ville de Ghaza. Leurs corps baignaient dans une mare de sang avant d’être évacués par les secouristes. Dans le Sud, deux frappes aériennes ont ciblé le centre de Rafah, où des véhicules militaires ont ouvert le feu, tandis que les quartiers ouest de la ville, à la frontière avec l’Egypte, ont été la cible de bombardements et de tirs de chars, selon des témoins.
Ce contexte de violence extrême coïncide avec la visite à Washington du ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, deux jours après que le Premier ministre, Benyamin Netanyahu, a annoncé que la phase «intense» des combats touchait à sa fin, notamment à Rafah où une offensive terrestre a été lancée le 7 mai.
Toutefois, Netanyahu a précisé que ce qu’il appelle «la guerre contre le Hamas» se poursuivrait. Le Premier ministre israélien a également affirmé qu’après cette phase, Israël serait «en mesure de redéployer certaines forces vers le Nord», près de la frontière avec le Liban, suscitant des craintes d’une extension du conflit.
A Washington, le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, a discuté lundi avec le ministre israélien de la Défense des tensions au Liban. Blinken a souligné l’importance d’éviter une escalade supplémentaire et de trouver «une solution diplomatique permettant aux familles israéliennes et libanaises de retrouver leurs proches», selon son porte-parole Matthew Miller.
Les échanges de tirs entre l’armée israélienne et le Hezbollah libanais se sont multipliés depuis le début de la guerre à Ghaza, provoquant le déplacement de dizaines de milliers d’habitants des zones frontalières du sud du Liban et du nord d’Israël. La visite de Gallant intervient après une semaine de tensions entre les Etats-Unis et Israël, suite à des critiques israéliennes concernant des retards dans les livraisons d’armes américaines.
«L’alliance entre Israël et les Etats-Unis (...) est extrêmement importante», a affirmé lundi le ministre israélien, qui devait rencontrer mardi son homologue américain Lloyd Austin. Blinken a insisté auprès de Gallant sur la nécessité pour Israël de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Ghaza assiégée.