Dix-huit ans de réclusion requis contre Chaïb Attaf, un Français «djihadiste total» parti en Libye

10/03/2023 mis à jour: 20:26
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Une peine de 18 ans de réclusion criminelle a été requise vendredi 10 mars contre le Franco-Marocain Chaïb Attaf, 42 ans, «djihadiste total » et «jusqu'au-boutiste» selon l'accusation, jugé devant une cour d'assises spéciale à Paris pour avoir rejoint le groupe État islamique en Libye.

L'avocate générale a par ailleurs demandé 8 ans d'emprisonnement avec mandat de dépôt différé pour sa compagne Dounia Bentefrit, 41 ans, sous contrôle judiciaire depuis juin 2022 et qui comparaissait libre.

La mère et les enfants cloîtrés dans l'insalubrité

Le couple sans emploi s'était éclipsé de son domicile de Louvroil (Nord) en mai 2016. Un périple de plusieurs jours à travers la Belgique, le Maroc et l'Algérie les avait menés, en dépit des hésitations d'un passeur devant le bas âge de leurs deux enfants, dans une Libye en guerre où Daesh entendait pousser les portes de son califat autoproclamé, et avait notamment transféré, en 2014, 300 combattants de la katiba al-batar basés en Syrie.

Avant le départ, Chaïb Attaf, natif d'Auxerre, avait pour interlocuteur Abdul M'Bojli, un vétéran d'AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique) localisé à Syrte. C'est cette ville portuaire devenue le bastion de l'EI qui devait vraisemblablement être la destination de la famille. Mais les combats feront que la mère et les enfants resteront dans le Nord-Ouest, vivant des mois cloîtrés dans des conditions insalubres.

Quand les Attaf partent, «il n'y a aucun malentendu sur le projet mortifère» du groupe EI ni sur ses méthodes, assène l'avocate générale énumérant les attentats et exécutions revendiqués par le groupe, dont l'exécution de 21 coptes Égyptiens sur une plage libyenne en 2015. Les Attaf ont «un projet familial partagé» et «une détermination sans faille», selon l'avocate générale convaincue que seule leur arrestation en mai 2017 les stoppera, les conduisant à passer deux ans dans les geôles libyennes avant d'être expulsés en avril 2019 vers l'Égypte puis vers la France.

«Les années de façonnage» à consulter «frénétiquement» de la propagande en ligne «ont fait de Chaïb Attaf un jihadiste total, imprégné de fanatisme idéologique» et devenu un combattant du groupe EI. La veille, l'accusé avait minimisé son implication, dépeignant «un simulacre d'entraînement» limité à démonter des fusils et des mois d'errance pour éviter les bombardements.

Lors du procès qui a débuté lundi, «l'idéologie prônée par le groupe terroriste n'a pas été reniée» et le discours de l'accusé a parfois été «très inquiétant», selon l'avocate générale. Selon un responsable de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), entendu pendant le procès, 1400 Français ont rejoint des territoires de Daesh, dont 30% de femmes. Six départs seront entravés pour la Libye, sept réussiront. Le verdict sera rendu vendredi soir.

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