Différend maritime entre la Chine et les philippines : Manille annonce qu’un navire quitte un récif contesté

16/09/2024 mis à jour: 19:44
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Le navire des gardes-côtes philippins BRP Malapascua (G) manœuvrant alors qu’un navire des gardes-côtes chinois lui coupe la route à Second Thomas Shoal dans les îles Spratly en mer de Chine méridionale contestée

Le navire philippin ancré depuis avril dans un récif contesté de la mer de Chine méridionale, pour affirmer les revendications de Manille face à Pékin et empêcher la Chine d’en prendre le contrôle, a quitté la zone, ont annoncé hier les autorités philippines, citées par l’AFP

. «Après plus de cinq mois en mer, où il a rempli ses fonctions de sentinelle (...), le BRP Teresa Magbanua retourne à son port d’attache, mission accomplie», a déclaré le Conseil maritime national dans un communiqué, en référence à ce bateau des garde-côtes philippins.


Ce bâtiment philippin mouillait dans les eaux de l’atoll Sabina pour affirmer les revendications de Manille face à Pékin et empêcher la Chine d’en prendre le contrôle. «Lors de son déploiement (...), elle a fait face à un encerclement d’une flottille en surnombre d’intrus, ainsi qu’à de mauvaises conditions météorologiques, et son équipage a dû vivre avec des pénuries de nourriture», a souligné dans un communiqué hier Lucas Bersamin, le directeur du Conseil maritime national, également secrétaire exécutif de la présidence philippine. 


Le mois dernier, des bateaux chinois ont bloqué une mission de ravitaillement à destination des marins philippins à bord du navire, provoquant de graves pénuries de nourriture et d’autres denrées. Réagissant à l’annonce hier de Manille, la Chine a réaffirmé sa «souveraineté indiscutable» sur le récif. Pékin «exerce une souveraineté indiscutable sur Xianbin Jiao et ses eaux adjacentes», a déclaré dans un communiqué hier le porte-parole des garde-côtes chinois, Liu Dejun, en utilisant le nom chinois pour l’atoll de Sabina, situé à 140 kilomètres à l’ouest de l’île philippine de Palawan et à environ 1200 kilomètres de l’île de Hainan, terre chinoise la plus proche. Les actions de Manille ont «gravement bafoué la souveraineté territoriale de la Chine (...) et gravement miné la paix et la stabilité régionales», a poursuivi le porte-parole chinois. «Nous mettons en garde avec sévérité les Philippines afin qu’ils arrêtent d’encourager la propagande et de risquer des violations (...)», a-t-il ajouté. Pékin «continuera à mener des activités de protection des droits et de maintien de l’ordre public dans les eaux sous juridiction chinoise», a affirmé Liu Dejun. 


Nombreux accrochages


Des navires chinois et philippins sont entrés en collision à deux reprises le mois dernier près de l’atoll de Sabina, situé à 140 km à l’ouest de l’île philippine de Palawan et à environ 1200 km de l’île de Hainan, terre chinoise la plus proche. De nombreux accrochages ont eu lieu ces derniers mois entre Pékin et Manille, qui se disputent la souveraineté de plusieurs récifs et îlots inhabités en mer de Chine méridionale.


La Chine revendique, au nom de raisons historiques, la quasi-totalité des îlots de la mer de Chine méridionale, face à d’autres pays riverains (Philippines, Vietnam, Brunei, Malaisie), aux prétentions rivales. En 2016, les Philippines ont obtenu gain de cause quant à leur requête contre la Chine devant la Cour permanente d’arbitrage (CPA) de La Haye. Mais Pékin a ignoré le jugement. La Chine fonde sa légitimité sur ces territoires sur des cartes remontant aux années 1940. Washington prône un règlement multilatéral et pacifique de ces conflits. Pékin est plutôt favorable à des négociations bilatérales. 


Cette semaine, des représentants philippins et chinois ont eu des discussions au sujet de leurs différends maritimes et Pékin a réitéré sa demande de «retrait immédiat» du navire philippin dans le Sabina Shoal. La réponse de Manille à cette demande n’a pas été rendue publique.


Depuis l’arrivée au pouvoir en 2022 du président philippin Ferdinand Marcos, Manille affirme plus fermement ses prétentions de souveraineté sur certains récifs disputés, face à Pékin qui ignore une décision de justice internationale selon laquelle ses revendications ne reposent sur aucune base juridique. 

Ce différend alimente les craintes d’un potentiel conflit qui pourrait entraîner l’intervention de Washington en raison de son traité de défense mutuelle avec Manille qui date de 1951. La Chine accuse régulièrement les Etats-Unis de soutenir à dessein les nations qui rivalisent avec elle sur des revendications territoriales afin de contrer sa montée en puissance. 


Début avril 2023, Manille a mis à disposition de Washington quatre nouvelles bases militaires, dont une base navale non loin de Taïwan. Le même mois, les deux partenaires en la région du Pacifique ont organisé des manœuvres militaires conjointes de deux semaines. 


Alliés des Etats-Unis, le Japon et les Philippines ont fait porter à Pékin la responsabilité des tensions en mer de Chine, Tokyo estimant que Pékin constitue le «plus grand perturbateur» de la paix en Asie du Sud-Est. En avril dernier, a été tenu à Washington le premier sommet tripartite entre les dirigeants du Japon, des Philippines et des Etats-Unis, afin, notamment, de faire face collectivement à la Chine dans la région de l’Asie-Pacifique.      

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