Stellantis se prépare à «deux scénarios» pour le développement de la voiture électrique en fonction des résultats des élections européennes et américaines, a indiqué vendredi le directeur général du groupe automobile, Carlos Tavares. «Nous devons garder les yeux bien ouverts sur le résultat des élections américaines et européennes.
On doit être sûr que c’est bien la direction que les gens veulent suivre», a souligné le chef d’entreprise portugais, lors d’une conférence de presse. «J’ai deux scénarios : une accélération des voitures électriques», si les «progressistes dogmatiques» gagnent, ou un ralentissement des voitures électriques», si les «populistes» gagnent, a-t-il expliqué. Stellantis, qui multiplie les lancements de modèles électriques, prévoit actuellement de vendre 100% de voitures à batterie en Europe en 2030, et 50% aux Etats-Unis, où l’électrification ne fait que commencer.
Le constructeur n’envisage cependant pas de revenir complètement au moteur à essence. «Notre industrie doit contribuer à régler le problème du réchauffement climatique», a souligné M. Tavares. Le groupe, issu de la fusion de Peugeot-Citroën et Fiat-Chrysler, s’adaptera au fil de l’eau, sans «peur», a précisé M. Tavares. «Nous avons affronté crise après crise dans cette industrie, nous ne savons plus ce qu’est la peur», a-t-il déclaré.
Par ailleurs, la guerre des prix lancée par Tesla parmi les modèles électriques, suivie par Ford, est une «course vers le fond» et «finira en bain de sang» si les prix continuent à baisser, a prévenu M. Tavares. «Nous avons été précautionneux avec nos prix (...) Nos entreprises doivent rester bénéficiaires pour investir dans les nouvelles technologies et contribuer à la lutte contre le réchauffement», a souligné M. Tavares. Au troisième trimestre 2023, Stellantis a dépassé les attentes des analystes avec un chiffre d’affaires (CA) en hausse de 7%, à 45,1 milliards d’euros.
Au premier semestre, sa marge opérationnelle atteignait 14,4% du CA. «Si on continue à détruire la valeur de nos véhicules avec des baisses de prix, certains constructeurs (aux marges inférieures à celles de Stellantis) vont avoir des problèmes», et deviendront «des cibles» pour un rachat, a-t-il prévenu. M. Tavares a également demandé que les gouvernements continuent à subventionner l’achat d’électriques, alors que l’Allemagne vient d’y renoncer.
Il a également prévenu que des mesures protectionnistes risquaient de provoquer des «représailles» de la part de la Chine, suivies d’une «guerre commerciale». Le groupe a annoncé fin octobre 2023 un investissement dans le constructeur chinois de voitures électriques Leapmotor, et la création d’une coentreprise destinée à l’exportation, soit une «15e marque» pour
Stellantis.