L’Algérie est un gros importateur de poudre de lait. Le pays dépense, selon certaines statistiques, entre 800 millions à 1,5 milliard de dollars pour couvrir les besoins de la population en lait. D’où l’importance d’augmenter la production locale.
Le Groupe public de production de lait et dérivés (Giplait) franchit une nouvelle étape dans sa stratégie de développement de ses filiales et de ses produits. La preuve a été donnée, hier, à la laiterie et fromagerie de Boudouaou (LFB) avec le lancement d’un nouveau système de production de lait cru pasteurisé partiellement écrémé. Un nouveau produit fait à base du lait de vache, conditionné en sachet et qui sera vendu au prix (25 DA) subventionné, a expliqué Mme Samah Lahlouh, présidente-directrice générale du groupe.
Le premier lot de ce lait a quitté l’usine, hier, en présence du ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Youcef Cherfa, de la wali de Boumerdès, Fouzia Naâma, et de nombreux autres responsables du secteur. «Le lait vendu en sachet actuellement est fabriqué à base de poudre de lait et on dit qu’il contient 0% de matière grasse alors que le nouveau en comportera 15%», indique un cadre de la LFB, entreprise qui produit 700 000 litres/j et emploie plus de 550 personnes.
Outre la réduction des importations de la poudre de lait, le nouveau produit permet au Trésor public d’économiser 18,28 DA sur le montant de la subvention de l’Etat, précise Mme Lahlouh, soulignant que celui-ci sera réduit de 62,28 à 44 DA.
Il faut dire que l’Algérie est un gros importateur de poudre de lait. Le pays dépense, selon certaines statistiques, entre 800 millions à 1,5 milliard de dollars pour couvrir les besoins de la population en lait.
D’où l’importance d’augmenter la production locale estimée par la P-DG de Giplait à 2,29 milliards par an dont 1,72 litre de lait de vache. En 2016, la production laitière totale était de 3,6 milliards de litres, relève une étude réalisée par des chercheurs de l’université de Sétif. Lors de son intervention, le ministre, Youcef Cherfa a tenu à féliciter les cadres de Giplait pour leurs efforts, évoquant une avancée notable dans le processus visant à garantir la sécurité alimentaire du pays.
«Cela permettra non seulement de préserver le pouvoir d’achat des consommateurs mais aussi d’approvisionner le marché par des produits 100% algériens», a-t-il déclaré. Dans une première étape, Giplait compte commercialiser 130 millions de litres annuellement, poursuit Mme Lahlouh, précisant que cette quantité va augmenter au fil des jours. Il est utile de rappeler que l’Algérie a signé récemment un partenariat avec le groupe laitier qatari «Baladna» pour réaliser une grande ferme pouvant produire 200 000 tonnes de poudre de lait.
Cet ambitieux projet sera implanté dans la wilaya d’Adrar sur une superficie de 100 000 ha et pourrait permettre à l’Algérie de réduire drastiquement sa facture d’importation dudit produit. En attendant, les autorités doivent poursuivre la politique de soutien aux éleveurs locaux dont la plupart se plaignent de la cherté de l’aliment de bétail et de la spéculation qui entoure la vente de son.
Dans la wilaya de Boumerdès, nombreux sont les éleveurs qui ont fermé leurs étables et changé d’activité à cause de ce problème, témoigne Argoub Tayeb, président de l’Association des éleveurs de vaches laitières dans la région de Baghlia et ses environs. «Il y a quelques années, notre wilaya produisait 20 millions de litres de lait par an. Aujourd’hui, on atteint à peine la moitié», déplore-t-il.
Le président de la section locale de l’Onil, Ahmed Sabri, parle quant à lui d’un fossé entre le discours et la réalité. «Hormis le Président, aucun responsable ne se soucie de nos problèmes», a-t-il martelé, soulignant que les éleveurs n’ont pas perçu la subvention de 12 DA pour chaque litre de lait produit depuis plus de neuf mois.