Deuxième tour de la présidentielle en Turquie : Une fin de campagne agressive

27/05/2023 mis à jour: 07:08
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La Turquie s’apprête à un second tour pour élire le Président au terme d’une campagne amère, emplie de promesses et d’anathèmes jetés par les deux camps contre les Kurdes et les réfugiés syriens, a rapporté hier l’AFP.

Pour ce nouveau face-à-face, Recep Tayyip Erdogan part, après le premier tour, avec une avance de cinq points (49,5%) et 2,5 millions de voix sur son rival, le social-démocrate Kemal Kilçdaroglu (45%), à la tête d’une alliance disparate de six partis allant de la droite nationale à la gauche. 

En dépit de cette arithmétique a priori favorable au Président au pouvoir depuis vingt ans, reste une inconnue : les 8,3 millions de voix qui ne se sont pas exprimées lors du premier tour, malgré une participation de 87%. Déjà, la diaspora, qui a pu voter jusqu’à mardi soir, s’est davantage déplacée avec 1,9 million de bulletins contre 1,69 millions au premier tour. Outre les abstentionnistes, les deux camps ont courtisé depuis le 14 mai les ultranationalistes, dont le troisième homme du premier tour, Sinan Ogan, qui a recueilli 5% des suffrages exprimés et a finalement rejoint Erdogan. Mais le poids de ces extrêmes a joué sur la tonalité de la campagne. 
Manifestement sidéré par une défaite qu’il n’a pas anticipée, Kemal Kiliçdaroglu, 74 ans, a disparu des écrans au lendemain du 14 mai pour réapparaître au quatrième jour, réinventé en candidat martial. Quelques jours plus tard, quand il a promis que la Turquie ne deviendrait pas «un dépôt de migrants». 

Depuis, le candidat a adouci son propos envers les Syriens et sommé l’Europe de payer son dû. «Nous nous débattons avec ces problème pour ménager le confort de l’Europe, nous allons y remédier vous verrez», a-t-il devant des jeunes. La Turquie, avec au moins 3,4 millions de réfugiés syriens (selon les données officielles) et des centaines de milliers d’Afghans, d’Iraniens et d’Irakiens, est le premier pays d’accueil au monde. 

En face, Tayyip Erdogan, 69 ans, stimulé par le résultat du premier tour, a enchaîné les meetings, jusqu’à trois par jour le week-end dernier, dénonçant les «terroristes» du camp adverse, coupables du soutien que lui a accordé le parti pro-kurde HDP et les «LGBT» qui attaquent les valeurs fondamentales de la famille. «Hier encore, ils adoraient les terroristes», a lancé jeudi le Président à l’encontre de l’opposition. Sur Twitter hier, l’une des figures du HDP, Selahattin Demirtas, emprisonné depuis 2016, a réitéré son appel depuis sa cellule : «Il n’y a pas de troisième tour dans cette affaire ! Faisons de M. Kiliçdaroglu le président, laissons la Turquie respirer. Allez aux urnes, votez !»

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