Rayana Barnawi et Ali Al-Qarni, accompagnés de deux autres membres d'équipage, décolleront à bord d'une fusée Falcon 9 de SpaceX ce dimanche dans le cadre d'une mission privée.
Une mission privée organisée par l'entreprise Axiom Space doit décoller dimanche 21 mai vers la Station spatiale internationale (ISS), avec à bord les deux premiers Saoudiens à se rendre dans ce laboratoire volant, dont une femme. Rayana Barnawi et Ali Al-Qarni décolleront à bord d'une fusée Falcon 9 de SpaceX à 17h37 heure locale depuis le centre spatial Kennedy, en Floride.
Ils seront accompagnés de deux autres membres d'équipage. Peggy Whitson, une ancienne astronaute de la Nasa qui s'est déjà rendue trois fois dans l'ISS, commande la mission. L'entrepreneur américain John Shoffner fait office de pilote. Ils passeront environ 10 jours à bord de la station spatiale internationale (ISS), où ils doivent arriver vers 13h30 lundi.
«Explorer l'inconnu»
«Être la première femme saoudienne astronaute, et représenter la région, est un grand plaisir et un honneur que je suis très heureuse d'avoir», a déclaré cette semaine lors d'une conférence de presse Rayana Barnawi, scientifique de formation. Elle a confié se réjouir à l'idée de parler à des enfants depuis l'ISS: «pouvoir voir leur visage lorsqu'ils verront des astronautes de leur propre région pour la première fois est très enthousiasmant», a-t-elle dit.
Dans la vie de tous les jours, Ali Al-Qarni est, lui, pilote de chasse. «J'ai toujours eu une passion pour explorer l'inconnu, et admirer le ciel et les étoiles», a-t-il expliqué. «Donc c'est une merveilleuse opportunité pour moi de poursuivre cette passion, et cette fois de voler parmi les étoiles.» Le riche État pétrolier a déjà envoyé l'un de ses ressortissants dans l'espace par le passé. En 1985, le prince saoudien Sultan ben Salmane avait participé à une mission américaine.
Mais ce nouveau voyage spatial s'inscrit dans la stratégie du royaume ultra-conservateur pour améliorer l'image du pays, où les femmes n'avaient encore pas le droit de conduire il y a seulement quelques années. L'Arabie saoudite a créé en 2018 l'Autorité spatiale saoudienne et lancé l'année dernière un programme destiné à envoyer des astronautes dans l'espace.
Expériences scientifiques
Les quatre membres d'équipage doivent mener une vingtaine d'expériences durant leur séjour. L'une d'elles consiste à étudier le comportement de cellules-souches en apesanteur. Ils rejoindront les sept passagers déjà à bord de l'ISS: trois Russes, trois Américains, et l'astronaute émirati Sultan al-Neyadi, qui est devenu le mois dernier le premier ressortissant d'un pays arabe à sortir dans l'espace. Cette mission, nommée Ax-2, est la deuxième d'un partenariat entre l'agence spatiale américaine (qui ouvre les portes de l'ISS) et Axiom Space, qui propose ces séjours extraordinaires pour des montants qui se comptent en millions de dollars.
La société est chargée de l'entraînement des apprentis astronautes, d'affréter le moyen de transport, et du bon déroulement de leur séjour. Une première mission, Ax-1, avait emmené trois hommes d'affaires et un ancien astronaute, Michael Lopez-Alegria, passer deux semaines dans la Station spatiale internationale en avril 2022.
Certains astronautes alors à bord de l'ISS avaient dit avoir dû prendre sur leur temps - précieux en apesanteur - pour s'occuper de ces touristes spatiaux. «Mon temps est moins contraint que celui de Mike Lopez-Alegria sur la première mission», a assuré la commandante Peggy Whitson. «Donc je serai disponible pour davantage aider l'équipage.»
Stations spatiales privées
Pour Axiom Space, ces missions sont une première étape vers un but ambitieux: la construction de sa propre station spatiale, dont le premier module doit être lancé fin 2025. La structure sera d'abord rattachée à l'ISS, avant de s'en séparer pour prendre son envol de façon indépendante.
La Nasa prévoit de mettre l'ISS à la retraite vers 2030, et d'envoyer à la place ses astronautes dans des stations privées -- qui accueilleront aussi leurs propres clients. L'agence spatiale américaine encourage ainsi les programmes de plusieurs entreprises. La Russie s'est récemment engagée à prolonger la durée de l'ISS jusqu'en 2028, après avoir menacé un retrait plus précoce après le début de la guerre en Ukraine, posant alors la question de sa survie. Les autres partenaires internationaux - Japon, Canada, agence spatiale européenne - se sont engagés comme les États-Unis à poursuivre les opérations jusqu'en 2030.