Quelque 3000 tonnes d’oignons stockées dans les entrepôts et chambres froides gérés par le ministère du Commerce seront mis sur le marché, au cours de cette semaine, en vue de stabiliser les prix de ce bulbe.
C’est ce qu’a annoncé dimanche, sur les ondes de la Radio Chaîne 1, le directeur général du contrôle économique et de la répression de la fraude au ministère du Commerce, Ahmed Mokrani. Il a affirmé aussi que la mise sur le marché, dans les prochains jours, de la récolte saisonnière de l’oignon vert devrait permettre une «baisse» des prix, non sans rappeler que la régulation du marché des produits agricoles incombe, en premier lieu, au ministère de l’Agriculture.
L’oignon, dont le prix a atteint des sommets, dépassant les 400 DA le kilogramme dans certaines régions du pays, n’est toutefois pas prêt de se faire discret. Pour le président de l’Association nationale des commerçants et artisans (ANCA), Hadj Tahar Boulenouar, les prix ne vont pas décroître de sitôt.
Selon lui, la réduction des superficies plantées cette année, comparativement à la précédente campagne agricole, ne plaide pas pour une baisse significative des prix : «Les agriculteurs ont décidé de ne plus vivre la même situation que l’année passée, marquée par une surproduction d’oignon qui leur a fait subir de lourdes pertes financières. Souvenez-vous, ils ont été contraints de céder le kilo d’oignon à 25, 20 et 15 DA. Le produit de la vente ne leur a même pas permis d’amortir les coûts de production.»
Abandonnés, la plupart ruinés, les agriculteurs ont tiré les leçons de la saison précédente et décidé, de concert, de réduire les surfaces plantées. C’est ce que confirme Raouf Guezzaz, directeur de l’Institut national de production maraîchère et industrielle, qui est intervenu avant-hier dans les colonnes du quotidien Horizons. «Pour cette année, les superficies d’oignons plantées sont estimées à 35 000 hectares, a-t-il déclaré. Ajoutez à cela le manque d’eau qui s’est accru à cause de la sécheresse.» Malgré la forte demande constatée durant ce mois, la disponibilité en termes d’offres pour les produits de saison ne «fait pas défaut», affirme-t-il.
Retour à l’importation ?
Cependant, les prix élevés de certains produits maraîchers vont se maintenir, malgré l’«arrivée de la récolte de saison qui devra se faire à partir du mois de mai». «Il ne faut pas s’attendre à une baisse importante vu l’augmentation des coûts de production», a estimé Raouf Guezzaz, précisant qu’«actuellement les cultures maraîchères, toutes espèces confondues, occupent une superficie d’environ 351 000 hectares».
Pour Hadj Tahar Boulenouar, l’état dans lequel se trouvent les circuits d’approvisionnement et de stockage rend assez difficile un «retour» à la normale. «La loi antispéculation et la peur qui s’est installée chez les agriculteurs n’ont pas arrangé les choses», explique-t-il. Cette loi a, l’été dernier, donné lieu à la destruction d’énormes quantités d’oignons, censés être stockés et commercialisés, de crainte d’être poursuivis en justice.
Même les paysans qui avaient l’habitude de stocker l’oignon sous le sol, en le recouvrant de foin, ont abandonné ce procédé traditionnel qui contribuait grandement à l’approvisionnement du marché. Et pour combler le déficit en oignon, le président de l’ANCA suggère d’autoriser les importations temporaires en attendant la saison des récoltes d’été, juillet-août. «Des contacts sont en cours pour réapprovisionner le marché à travers des opérations d’importation provisoires», nous a-t-il confié, signalant que la demande moyenne est évaluée actuellement à 1 400 000 quintaux/an.