Désertification

21/06/2022 mis à jour: 03:39
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Les canicules se suivent et ne se ressemblent pas. Elles sont plus précoces, plus nombreuses, plus rapprochées les unes des autres, plus fortes. Le 13 juin, il a fait aussi chaud à Relizane, dans la vallée du Cheliff où la température a atteint 46°C, qu’à In Salah, l’un des points les plus torrides du monde, au centre du plus grand désert de la planète.

Les météorologues et les climatologues ont des explications sur ces phénomènes bien connus, qui sont devenus «extrêmes» avec le changement climatique.

«On ne connaîtra plus le climat plus clément du XXe siècle avec ses saisons bien distinctes», peut-on lire dans le dernier rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat). Le monde change et les changements seront catastrophiques dans 30 ans, et l’Afrique du Nord, toujours selon de rapport, est en première ligne. Il semble en effet que c’est déjà bien parti.

La communauté internationale tente désespérément à chaque grand-messe sur la question de ralentir la hausse de la température globale, mais l’égoïsme des lobbies économiques et financiers brouille les consensus recherchés.

Une course contre la montre s’est parallèlement engagée pour remplacer progressivement les énergies fossiles par les énergies renouvelables et diminuer les émissions à effet de serre pour éviter le pire aux générations futures.

Ce qui semble être une gageure perdue d’avance, sans un changement de comportement des sociétés consuméristes des pays riches et de ceux qui aspirent à le devenir, comme, entre autres, les 3 milliards de Chinois et d’Indiens. Il y a en effet peu de chance que les uns comme les autres renoncent subitement au confort dans un monde dont les forces sociales porteuses de changements ont été laminées par l’ultralibéralisme de la mondialisation.

Pour notre pays, reste donc à subir et se préparer à faire face durement aux canicules et à la rareté des précipitations, à leurs effets connus, comme la dégradation des sols et le recul des superficies arables, celle des cultures et du cheptel par manque de nourriture et d’eau potable. Les spectaculaires incendies de nos forêts, ou du moins ce qu’il en reste, ne représentent que les effets visibles, la partie émergée de l’iceberg.

Pour l’heure, aucune attention n’est accordée aux mouvements de populations qui ne manqueront pas de se produire avec une accentuation des conditions climatiques. En septembre 2021, la crise avait déjà fait dans le monde 143 millions de personnes déplacées pour cause de réchauffement climatique.

L’Algérie est le plus grand pays de ceci et cela se plaît-on à dire, mais c’est surtout un grand pays désertique. Un désert qui avance rapidement vers le nord, comme on l’a encore rappelé ce 17 juin, Journée mondiale de la lutte contre la désertification. Une avancée que n’est plus en mesure de contenir le Barrage vert qui l’a enjambé depuis quelques décennies.

80% des 44 millions d’habitants sont déjà concentrés dans une bande de 50 km de large, parallèle à la côte qui ne représente que 4% des 2,250 millions de km2. Il y aura forcément une migration interne vers la mer pour rechercher plus de fraîcheur. Et à ce moment-là, les Algériens devront-ils s’entasser tant bien que mal dans des favelas parce qu’on n’aura rien prévu à temps ?

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