La direction de la Protection civile de la wilaya de Ouargla a annoncé, vendredi, la maîtrise totale des incendies engendrés par des rafales de vent d’une vitesse allant de 94 à 100 km à l’heure .Ces vents de sable d’une vitesse inouïe ont plongé la wilaya de Ouargla dans une ambiance apocalyptique, jaunâtre et écrasante, réduisant fortement la visibilité et paralysant la vie.
D’importants nuages de poussière et de sable ont quasiment bloqué le mouvement des habitants depuis trois jours. La visibilité réduite a fortement perturbé la circulation routière et aérienne dans la région, le tramway en premier lieu mais aussi tous les moyens de transport public ainsi que la distribution d’électricité et de gaz. Les populations locales ont, en outre, dû faire face à des difficultés d’approvisionnement en eau douce et en denrées alimentaires, surtout le premier jour.
Cette tempête qui a balayé plusieurs wilayas du Sud, a eu des conséquences désastreuses sur plusieurs zones de la wilaya de Ouargla, notamment dans la banlieue proche ou les familles riveraines des palmeraies et des exploitations agricoles ont passé deux nuits très difficiles au moment où l’entrée officielle de l’été s’est faite en trombe après plusieurs semaines à la météo capricieuse entre vents de sables intermittents et chaleur suffocante.
Encore sous le choc, suite à l’incendie qui s’est déclaré dans leur propre jardin attenant à la maison, Mounira, étudiante à l’université de Ouargla, garde les séquelles d’une brulure au premier degré au bras, suite à sa participation à l’extinction du feu avec les membres de sa famille, avant l’intervention des pompiers.
«C’est la première fois que le vent cause des départs de feu aussi proches des habitations dans mon village situé en pleine palmeraie» explique Mounira qui habite Chott, une agglomération urbaine qui porte le nom du fameux lac aux flamants roses de Ouargla, situé à une dizaine de kilomètres du chef-lieu de la wilaya. Bien que le feu n’ait pas atteint sa maison, le transformateur d’électricité qui desservait le voisinage a brulé devant leurs yeux ahuris. «Nous avons lancé du sable pour éteindre le feu et sommes restés dans l’obscurité, seule la lumière de l’embrasement des palmeraies voisines éclairait la nuit. Mercredi, on suffoquait», dit-elle.
La panique générale engendrée par cette situation a été progressivement maîtrisée grâce à la solidarité des habitants et des activistes associatifs, qui se sont mobilisés auprès des équipes de la Protection civile dont les postes avancés ont été actionnés dès les premiers départs de feu. Ainsi, selon le commandant Ghrissi, de la Protection civile de Ouargla, aucune perte humaine n’est à déplorer malgré la multiplication inédite des incendies. Il relève toutefois qu’un pompier a été blessé par des brûlures au 2e degré lors d’une intervention effectuée jeudi sur le territoire de la commune d’Ain Beida.
Au milieu des tentatives de maîtrise du feu, l’électricité a été rétablie graduellement à travers les quartiers. Plusieurs équipes d’intervention de sonelgaz ont opéré durant les deux derniers jours, dans l’urgence pour réparer les installations électrique et gazières explique Rabéa Douadi, chargée de la communication de ’entreprise.
Ainsi, au moment où les wilayas d’El Bayadh, Laghouat, Djelfa, Ghardaïa, Timimoun, El Meniaa et l’ouest de Ouargla font l’objet d’un nouveau BMS des services de météo qui les fera passer en vigilance orange, avec l’annonce de pluies pour la deuxième partie de la journée du vendredi, cette fois-ci, les habitants se relevaient à peine d’une forte tempête de sable qui s’est poursuivie dans relâche depuis mercredi après-midi, les jeudi et vendredi 16 et 17 mai. Estimées entre 20 et 30 mm, qui devraient durer neuf heures, ces pluies viennent à temps pour réconforter les agriculteurs qui ont payé le plus lourd tribut des tempêtes de sable.
La cellule de crise mise en place
Car même si aucun bilan définitif des dégâts n’a encore été rendu public par la direction des services agricoles, celui de la protection civile montre clairement que l’écosystème phoenicicole a lui, été lourdement atteint. La palmeraie de la wilaya de Ouargla se trouve en effet dépourvue de 12 211 palmiers entièrement consumés par le feu ainsi que 100 hectares de couvert végétal totalement ravagés, alors que de vastes zones de végétation ont été partiellement touchées dans les villages agricoles ou des dommages importants aux habitations et aux infrastructures sont encore visibles et ne manqueront pas d’être recensés par la cellule de crise mise en place par la wilaya de Ouargla dans les premières heures du sinistre.
Le bilan établi vendredi à la mi-journée par la direction de la protection civile de la wilaya de Ouargla, annonçait donc un alourdissement des dégâts par rapport à la journée du jeudi ou la seule commune d’Ain El Beida, comptait 9210 palmiers et 78 hectares de végétation perdus. La commune de Ouargla, chef-lieu de la wilaya avait également été le théâtre d’incendies spectaculaires ayant détruit 3001 palmier et 27 hectares de couvert végétal. Les interventions de la Protection civile se sont poursuivies vendredi pour éteindre la totalité des incendies qui ont conduit l’embrasement d’une résidence et 12 autres partiellement incendiées.
Les pertes qui ont également touché des poteaux électriques et le réseau de gaz de ville, ont causé des pannes ayant touché un millier de foyers durant les 48 dernières heures. Les services de Sonelgaz qui avaient annoncé jeudi soir le rétablissement de la distribution d’électricité et gaz pour la totalité des logements affectés dans un effort colossal de reprise de ce service public ont dû se plier devant le retour des rafales de vent qui restaient assez fortes et la visibilité quasi nulle avec des températures frôlant les 45 degrés depuis trois jours. Les coupures étaient donc inévitables sous des conditions climatiques invivables et une chaleur ravivée par la multiplication des départs de feu dans les palmeraies environnantes.
Dans l’attente des pluies salvatrices, les populations locales réalisent l’impact aggravant du réchauffement climatique sur les régions sahariennes avec un été qui s’annonce particulièrement chaud. Malgré la mobilisation d’importants moyens de lutte contre les incendies et le déploiement de plans d’intervention d’urgence pour venir en aide aux populations sinistrées, la nécessité de programmes spécifiques au zones sahariennes s’en trouve soulignée afin de sauver l’écosystème oasien et maintenir le niveau de reboisement et de lutte contre la désertification afin d’améliorer les conditions de vie et prévenir de nouveaux épisodes analogues.