Les services de la Sûreté nationale (DGSN) ont réussi deux belles prises de drogues dures (cocaïnes), entre le 23 et le 28 juillet dernier, l’une à Berriane (Ghardaïa) et l’autre au port d’Alger. La plus grosse prise a été réalisée par le Service central de lutte contre le trafic illicite des stupéfiants (SCLTIS), relevant de la DGSN. Il a découvert et saisi le 23 juillet plus de 79 kg de cocaïne à Berriane, a indiqué dimanche un communiqué de la DGSN.
Il s’agit, selon les termes du communiqué, de l’une des «plus grandes opérations de trafic de drogues dures dans l’histoire de l’Algérie», qui s’est soldée par l’arrestation de seize individus, originaires d’Alger et de Blida.
Le SCLTIS est parvenu à ce résultat grâce à un travail de renseignement «mené pendant plus de trois mois», a ajouté le communiqué. Cette opération de saisie spectaculaire a aussi permis d’identifier les protagonistes d’un «dangereux réseau criminel transfrontalier, dirigé par un grand baron de la drogue, le dénommé Ch. Chouaïb, dit el hadj Zkaboudj», selon la DGSN.
Considéré comme l’un des barons les plus recherchés par la Sûreté nationale, Zkaboudj, connu aussi sous les pseudonymes d’El Hadj, est actuellement en fuite en France. Il avait tenté d’introduire en juin dernier sur le territoire national plus de 1,2 million de capsules psychotropes, fait rappeler la police. L’un des individus appréhendé à l’époque, un éclaireur, a, dans des aveux filmés, déclaré que le réseau dirigé par El Hadj active dans des trafics de toutes sortes de drogues, y compris la cocaïne.
Ce réseau et d’autres se montrent assez agressifs ces derniers temps, défrayant fréquemment la chronique. Si Zkaboudj n’a pas encore été capturé, Mohamed Djeha, dit Mimo, baron de la drogue de Marseille a été arrêté en juin dernier à Oran. Le narcotrafiquant de 41 ans, activement recherché en France par l’Office anti-stupéfiants (OFAST), a été cueilli par les enquêteurs de la DGSN, selon le quotidien français le Journal du Dimanche (JDD). Mimo était sous le coup de plusieurs mandats d’arrêt.
Des saisies en hausse de 294%
Zkaboudj, lui aussi ciblé par cinq mandats d’arrêt internationaux, «envisageait de déplacer les 79 kg de cocaïne de Tamanrasset vers Alger», lit-on dans le communiqué. Selon la DGSN, le modus operandi du baron Zkaboudj consistait à confier le convoyage de la drogue à des personnes d’un certain âge pour «faire diversion et éloigner les soupçons». «Les investigations ont permis d’identifier (…) le transporteur de la cargaison, âgé d’une soixantaine d’années, une catégorie d’âge choisie par le baron Zkaboudj comme subterfuge (…)», poursuit le communiqué, en précisant que le chauffeur arrêté à bord d’un véhicule tout-terrain était «surveillé 24h/24 par les enquêteurs».
La DGSN apporte d’autres détails: «Une fouille minutieuse a permis de découvrir 65 briques de cocaïne d’un poids total de 73 kg et 720 g, qui étaient soigneusement dissimulées dans une cachette secrète dans la malle du véhicule.»
Les trafiquants de drogue utilisent des véhicules tout-terrains, dans le sud du pays en particulier, pour le transport de drogue et autres marchandises prohibées en raison de la nature du relief. Suite à ce coup de filet de la SCLTIS, les investigations et recherches techniques spécialisées lancées ont abouti à l’arrestation de quinze autres membres, l’un après l’autre, de ce réseau de trafic. «Les enquêteurs ont arrêté les quinze autres membres du dangereux réseau criminel (…) entre le 24 et le 29 juillet, affirme la DGSN.
La mission de ces membres consistait principalement dans la distribution et le trafic de ces poisons.» Une autre quantité de cocaïne d’un poids de 5 kg et 680 g ainsi qu’une somme de 2,176 milliards de centimes ont été récupérés par les policiers à Bourouba, dans la wilaya d’Alger. Ces importantes quantités de drogues dures s’ajoutent aux 35,9 kg de cocaïne saisis le 28 juillet par la police à bord d’un navire battant pavillon étranger et qui a accosté au port d’Alger.
Réseaux transnationaux
Cette saisie s’est effectuée «suite à des informations et après des fouilles minutieuses au niveau du navire en question en collaboration avec les garde-côtes», selon un autre communiqué de la police. Le nombre d’affaires liées au trafic de cocaïne en Algérie est en constante augmentations ces toutes dernières années. C’est ce que confirment les chiffres de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT).
Dans son rapport d’activité de l’année 2023, l’office note, en effet, une hausse de l’usage et des saisies de drogues dures. Plus de 30 kg de cocaïne ont été saisis durant le premier trimestre de l’année 2023, en hausse de 294% par rapport à la même période de l’année précédente (près de 8 kg de cocaïne).
Au premier trimestre 2023, les quantités saisies à l’intérieur du pays ont dépassé les 28 kg (+ 322%), tandis que celles aux frontières ont atteint 1, 076 kg (+ 19,56%).
En sus de ces saisies, de plus en plus nombreuses, les tentatives d’inonder le marché algérien en «poudre blanche» ne connaissent pas de répit. Le 29 mai dernier, la police et les services des Douanes espagnoles ont effectué sur le sol ibérique une importante saisie de cocaïne destinée à l’Algérie. L’information avait été donnée par le journal espagnol Lavanguardia qui a révélé l’interception au port d’Algésiras, d’une cargaison de 322 kilogrammes de cocaïne.
Celle-ci, en provenance de l’Amérique du Sud, était répartie en 16 sacs cachés dans des caissons de graines de maïs, selon la même source. Oran, grande métropole de l’ouest du pays, figure, depuis quelques années, sur la carte des réseaux transnationaux de trafic de drogue. Une autre quantité de drogues dures fut interceptée le 26 juin 2021, au large du port d’Oran.
Les garde-côtes algériens avaient alors empêché une tentative d’introduction de près de 500 kilos de cocaïne sur le territoire national.
Mais l’opération de saisie la plus retentissante a été celle effectuée en 2018 au large de ce même port. Les garde-côtes, les Douanes et la Gendarmerie nationale avaient découvert et saisi 701 kilogrammes de cocaïne dans un conteneur de viandes congelées en provenance du Brésil. Le container frigorifique aurait été transbordé à bord du cargo Vega Mercury, à Valence, en Espagne.
(Dessin : le Hic )