«Depuis deux ans et demi, rien n’a été fait pour améliorer l’attractivité du pays. Il y a l’incertitude de 2019, puis la crise sanitaire. Les bureaucrates ont fait perdre aux investisseurs beaucoup de temps et les freins à l’entrepreneuriat persistent alors que malgré la pandémie, on peut continuer à travailler et avancer sur l’élaboration des lois liées à l’investissement», regrette Mohamed Sayoud, consultant.
Prévu fin 2021, le nouveau code de l’investissement se fait toujours attendre. L’instabilité du cadre juridique régissant le monde des affaires continue ainsi à bloquer de nombreuses initiatives au moment où le besoin de créer de la richesse se fait de plus en plus pressant. Et pourtant, ce ne sont pas les promesses qui ont manqué au cours de ces derniers mois quant à la prise en charge de ce dossier de manière à répondre aux attentes des opérateurs économiques, qu’ils soient nationaux ou étrangers.
Le directeur général de l’Agence nationale de développement (ANDI), Mustapha Zikara, a annoncé sur les ondes de la chaîne III de la radio nationale que le code est toujours à l’étude. Ce qui laisse comprendre que le dossier ne sera pas débloqué de sitôt alors qu’un grand nombre d’opérateurs économiques attendent la promulgation de ce texte, comme l’a reconnu de DG de l’ANDI. C’est ce que soulignera également Mohamed Seyoud, consultant économique contacté à cet effet.
«Depuis deux ans et demi, rien n’a été fait pour améliorer l’attractivité du pays. Il y a l’incertitude de 2019, puis la crise sanitaire. Les bureaucrates ont fait perdre aux investisseurs beaucoup de temps et les freins à l’entrepreneuriat persistent alors que malgré la pandémie, on peut continuer à travailler et avancer sur l’élaboration des lois liés à l’investissement», regrette Mohamed Sayoud, précisant que ce n’est pas à l’administration seulement de faire ce travail, mais en associant également le monde des affaires dans ce chantier. Il faut donner l’occasion aux investisseurs d’émettre leurs propositions pour améliorer le climat des affaires, notamment en ce qui concerne l’octroi du foncier industriel.
«Or, sur ce point, l’Aniref a englouti 3 milliards de dollars sans rien faire», enchaîne notre interlocuteur qui ne manquera pas d’ajouter : «Le code de l’investissement a tout mis en veille, retardant ainsi la création de milliers d’emplois».
D’où la nécessité, selon lui, d’accélérer le processus. «Certes, en débloquant certains projets d’investissement ces dernières semaines, on commence à rétablir la confiance entre les opérateurs économiques et les pouvoirs publics, mais ce n’est pas suffisant», estime encore Mohamed Seyoud. Les regards sont donc braqués sur le nouveau code qui prévoit, faut-il le souligner, la révision de la restructuration de l’ANDI comme l’a rappelé hier M. Zikara pour qui également l’adoption de ce code permettra la relance de l’investissement et une «augmentation significative» du nombre de projets.
Ce code de l’investissement devra doter l’Agence de larges prérogatives afin de lui permettre de jouer un rôle important dans l’accompagnement des investisseurs et de bénéficier du soutien financier du ministère des Finances.
Ce qui lui permettra de mettre en œuvre son projet dans le domaine de la numérisation, selon M. Zikara. Pour ce dernier, le projet de mise en place de la plateforme électronique de l’agence sera d’ailleurs un trait d’union entre l’investisseur et toutes les administrations et donnera à l’agence la possibilité de suivre toutes les démarches de l’investisseur au niveau des services administratifs et de connaître tous les obstacles qui peuvent entraver les projets d’investissement.
Des obstacles liés, entre autres, au foncier dont le système juridique est en cours de révision. Finalisé en décembre dernier, le nouveau système qui prévoit une jonction entre le groupe Divindus (groupe des industries locales) et l’Aniref (Agence nationale d’intermédiaiton et de régulation foncière) se trouve actuellement au niveau du Secrétariat général du gouvernement. Il entrera en vigueur dès son approbation par le président de la République au niveau du Conseil des ministres, selon le ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghar.
268 grands projets en 2021
En attendant que toutes ces questions soient effectivement prises en charge, place actuellement à la levée des contraintes sur les projets en suspens au moment où l’ANDI continue de recevoir les dossiers d’investissement. Si pour l’heure, le médiateur de la République, Brahim Merad qui s’occupe du dossier en faisant état dans le dernier bilan du déblocage de 915 projets permettant la création de 52 187 postes d’emploi directs dans 46 wilayas. L’ANDI, quant à elle, avance avoir enregistré 1877 projets d’investissement pour un montant de 526 milliards de dinars en 2021.
Le nombre de postes d’emploi proposés dans le cadre de ces investissements, déclarés auprès de l’agence, est de plus de 46 000 postes d’emploi, selon M. Zikara. Sur l’ensemble des investissements, l’agence a enregistré 980 projets dans le secteur de l’industrie avec un montant de plus de 275 milliards de DA et plus de 28 000 postes d’emploi proposés, a ajouté le responsable.
Aussi, 268 «grands» projets d’investissement ont été enregistrés pour un montant de plus de 500 millions de DA, soit un total de plus de 358 milliards de DA pour la création de plus de 21 000 postes d’emploi.
Tous ces projets ont obtenu des certificats d’inscription auprès de l’agence et ont entamé la phase de réalisation. De même qu’ils ont bénéficié des autorisations nécessaires auprès des administrations compétentes ainsi que de crédits bancaires.
Le CNI relancé
Gelé depuis 2019, le Conseil national d’investissement (CNI) vient d’être relancé. C’est ce qu’a par ailleurs annoncé hier le directeur général de l’ANDI, Mustapha Zikara. Le Conseil a d’ailleurs récemment étudié huit dossiers qui attendaient son approbation, notamment ceux liés à l’extension ou à la modification des délais. A noter que le CNI sera également touché par la réorganisation dans le cadre du nouveau code de l’investissement S. I.