Dans le nord de la Syrie, près de 500 personnes ont perdu la vie et plus d’un millier d’autres ont été blessées, selon des bilans provisoires communiqués par un média d’Etat et des secouristes en zone rebelle. En Turquie, où se situe l’épicentre du séisme, au moins 912 personnes ont été tuées et plus de 5385 blessées, dans sept différentes provinces, d’après les données communiquées par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui a fait état de 2818 immeubles effondrés. «Ma sœur et ses trois enfants sont sous les décombres. Aussi son mari, son beau-père et sa belle-mère. Sept membres de notre famille sont sous les débris», a raconté à l’AFP Muhittin Orakci, qui attendait les opérations de secours devant un immeuble effondré à Diyarbakir, la grande ville à majorité kurde du sud-est de la Turquie. «Sa sœur est toujours sous les débris», a indiqué une femme en montrant une autre victime qui pleurait à Diyarbakir. Le bilan risque d’évoluer rapidement compte tenu du nombre d’immeubles effondrés dans les villes touchées, comme à Adana, Gaziantep, Sanliurfa, Diyarbakir notamment. A Iskenderun et Adiyaman, ce sont les hôpitaux publics qui ont cédé sous l’effet du séisme, survenu en pleine nuit à 4h17 locales (1h17 GMT), selon l’Institut sismologique américain USGS, à une profondeur d’environ 17,9 kilomètres. L’épicentre se situe dans le district de Pazarcik, dans la province de Kahramanmaras (sud-est), à 60 km environ à vol d’oiseau de la frontière syrienne. Ce séisme est le plus important en Turquie depuis le tremblement de terre du 17 août 1999, qui avait causé la mort de 17 000 personnes, dont un millier à Istanbul. 50 répliques ont été enregistrées en Turquie, selon l’Afad.
Les intempéries qui frappent cette région montagneuse paralysent les principaux aéroports autour de Diyarbakir et Malatya, où il continue de neiger très fortement, laissant les rescapés hagards, en pyjama dehors dans le froid. «Nous entendons des voix ici et là-bas. Nous pensons que peut-être 200 personnes se trouvent sous les décombres», a déclaré un secouriste dépêché devant un immeuble détruit de Diyarbakir, selon des images diffusées sur la chaîne NTV. Face à cette désolation, partout les habitants se mobilisent et tentent de dégager les ruines à mains nues, utilisant des seaux pour évacuer les débris. Plus au sud, toujours selon NTV, la citadelle byzantine de Gaziantep, érigée au VIe siècle, s’est partiellement effondrée. En Syrie, le séisme a provoqué des scènes de panique, les habitants se sont rués dehors, à pied ou en voiture, malgré les pluies torrentielles, ainsi qu’au Liban voisin où les secousses ont été fortement ressenties. Le président turc, dont la réaction à ce drame sera très probablement suivie à la loupe avant l’élection du 14 mai qui s’annonce très serrée, a appelé à l’union nationale. «Nous espérons que nous sortirons de cette catastrophe ensemble le plus rapidement possible et avec le moins de dégâts possible», a-t-il tweeté. L’Union européenne, dont de nombreux Etats membres ont offert leur aide aux populations des régions dévastées, a commencé à envoyer des équipes de secours. Les autorités syriennes ont fait état de «326 morts et 1042 blessés» dans l’effondrement d’habitations et 648 blessés dans plusieurs villes dont Alep (nord), deuxième cité de Syrie. Des victimes ont également été recensées à Hama (centre) ainsi que Lattaquié et Tartous, sur la côte méditerranéenne. Dans les régions tenues par les rebelles, proches de la Turquie, ce sont les Casques blancs des secouristes qui se mobilisent dans ces zones, qui ont recensé le nombre de victimes. «Cent quarante-sept civils sont morts et plus de 340 blessés selon un bilan provisoire, dans la province d’Idleb et les environs d’Alep», dans le nord du pays, ont annoncé les Casques blancs sur Twitter, ajoutant s’attendre à une «hausse importante» du nombre de victimes, «des centaines de familles se trouvant encore sous les décombres». En Turquie, le maire de la ville d’Adana, Zeydan Karalar, a déclaré que deux immeubles de 17 étages et 14 étages avaient été détruits, selon la chaîne TRT. Treize personnes ont été tuées dans la province d’Adiyaman, a annoncé le vice-président Fuat Oktay faisant état d’une centaine de bâtiments effondrés. Au moins 47 personnes ont été tuées et 550 autres blessées dans la province de Malatya, selon l’AFAD. A Gaziantep, 80 personnes ont péri et 600 autres ont été blessées. 581 bâtiments se sont effondrés dans la province. Les gazoducs alimentant la région ont aussi été touchés et les provinces de Hatay, Kahramanmaras et Gaziantep sont privés de gaz, a affirmé l’organisme public Botas. Les secousses, ressenties dans tout le sud-est du pays, ont également été ressenties au Liban et à Chypre, selon des correspondants de l’AFP, ainsi qu’au Kurdistan irakien dans le nord du pays à Erbil et Douk, mais aucune victime n’a été signalée. La Turquie est située sur l’une des zones sismiques les plus actives du monde. Fin novembre, un tremblement de terre de magnitude 6,1 a frappé le nord-ouest de la Turquie, faisant une cinquantaine de blessés et des dégâts limités, selon les services de secours turcs.