Le nombre d’arrivées par la Manche, souvent sur des bateaux pneumatiques surchargés, a explosé ces dernières années. En 2022, plus de 45 700 migrants ont fait cette traversée périlleuse. En comparaison, en 2018, 299 migrants ont traversé la Manche en bateau. Il y en a eu 1843 en 2019, puis 8466 en 2020 et 28 526 en 2021, selon le ministère de l’Intérieur. La tendance se poursuit depuis le début de l’année avec plus de 3000 arrivées sur les côtes anglaises (deux fois plus que l’an dernier) dont près de 200 encore lundi. Cette forte augmentation des traversées par bateau à partir de 2018 fait suite au verrouillage du port de Calais et du tunnel sous la Manche. Jusque-là, beaucoup de migrants se cachaient dans des camions pour arriver au Royaume-Uni. En comparaison, il y a eu 330 000 entrées irrégulières en 2022 dans l’Union européenne, son niveau le plus élevé depuis 2016, selon l’Agence européenne de surveillance des frontières, Frontex. Ce chiffre prend en compte le fait qu’une personne peut entrer plusieurs fois. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) parle, quant à elle, de «187 993 personnes entrées illégalement» dans l’UE l’année dernière. Si en 2021 plus de la moitié des migrants traversant la Manche venaient d’Iran (30%) et d’Irak (22%), les Albanais étaient les plus nombreux (28% des arrivées) en 2022, suivis par les Afghans (20%), les Iraniens (13%) et les Irakiens (10%). L’arrivée massive d’Albanais a suscité de vives critiques politiques car leur pays n’est pas en guerre. Pour la plupart des migrants, la Manche est la dernière étape d’un parcours extrêmement long, qui a duré des mois, voire des années. Beaucoup ont traversé de nombreux pays, au Moyen-Orient ou en Afrique d’abord, puis la Méditerranée et enfin plusieurs pays européens.