Des forêts et des vies à préserver

03/05/2023 mis à jour: 03:30
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L’épisode caniculaire d’il y a une semaine, avec des pics qui ont frôlé les 40 degrés pas loin de la bande littorale, introduit précocement la saison des grandes chaleurs et le risque assorti des feux de forêt. 

La crainte est d’autant plus fondée cette année avec le déficit pluviométrique criant enregistré, à des seuils critiques parfois selon les régions. Le couvert forestier, déjà fragilisé par un cycle récessif en précipitations à l’œuvre depuis des années, sera fort vraisemblablement encore soumis à rude épreuve cet été. 

Sur la lancée du dernier Conseil des ministres, qui a vu le président de la République ordonner le lancement d’un appel d’offres pour l’achat de six avions bombardiers d’eau de taille moyenne pour renforcer les moyens de lutte aériens, la Direction générale de la Protection civile rassurait, hier, sur la mobilisation du corps pour parer à tout sinistre dans les semaines et mois à venir. 

Des colonnes mobiles, ces unités mobilisables pour des interventions au-delà de la logique territoriale, seront à l’avant-garde du programme de lutte contre les incendies, informe-t-on. 

Près de 65 unités mobiles sont ainsi constituées pour agir sur le terrain, indique le capitaine Bernaoui, chargé de l’information auprès de la Direction générale de l’institution, auxquelles il faudra ajouter les 500 unités fixes implantées dans les wilayas. L’on annonce une «stratégie proactive» de lutte que l’on promet plus efficace et ayant retenu les expériences du passé. 

Le terrible souvenir des incendies d’août 2021 en Haute Kabylie, comme celui du sinistre spectaculaire qui a ravagé des forêts dans la wilaya d’El Tarf, une année après, fument encore dans les esprits. L’Algérie apprend dans la douleur à composer avec la menace des incendies, qui non seulement dévastent le patrimoine forestier, mais emportent des vies par dizaines désormais. 

Mais il est clair que les stratégies opérationnelles et la mobilisation des moyens d’intervention ne suffiront pas, à eux seuls, à protéger les forêts et les vies. Les sinistres de Larbaâ Nath Irathen (Tizi Ouzou) et d’El Tarf ont bien montré une impréparation des populations concernées aux scénarios de feux qui prennent vite et échappent tout aussi rapidement au contrôle. Tous les récits et témoignages recueillis auprès des citoyens touchés par les deux sinistres se sont accordés à décrire une vélocité inhabituelle des flammes et l’inefficacité suicidaire de toute parade volontariste et profane contre les incendies. 

La sécheresse, combinée à des pics de température de plus en plus chroniques, transforme en brasier les abords de forêt à la moindre étincelle naturelle ou criminelle. 

Dans les zones habitées également, il s’est vérifié que l’abandon des bons vieux réflexes de protection des espaces vitaux dans les villages, par le débroussaillage préventif des périmètres peuplés, était pour beaucoup dans les lourds bilans en vies humaines et biens matériels déplorés lors des incendies des dernières années.

 Tous ces éléments doivent compter dans l’élaboration de toute stratégie de lutte. Le Protection civile insiste, à juste titre, sur l’importance de sensibiliser toutes les franges de la société et de renforcer le travail de proximité pour faire saisir les dangers de tout relâchement dans les zones exposées. Si l’on en croit les experts, les forêts algériennes, à l’égal de l’ensemble du manteau forestier dans le pourtour méditerranéen, sont sous la menace structurelle de sinistres importants désormais. 

L’Italie, la Grèce, l’Espagne… sont chaque été confrontées à de gigantesques incendies qui ravagent des centaines de milliers d’hectares de forêt, avec des débordements collatéraux, assez souvent meurtriers, sur des zones d’habitation. Notre pays n’y échappe pas, on ne le saura jamais assez.

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