Des bombes apatrides, vraiment !

09/08/2023 mis à jour: 01:41
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Oppenheimer, le biopic hollywoodien, ne sortira pas au Japon. En revanche, les Japonais ne manquent pas de commémorer cette semaine le 78e anniversaire du bombardement atomique de Hiroshima et Nagasaki. 

Encore un anniversaire pour se souvenir des 350  000 victimes des deux bombes américaines larguées les 6 et 9 août 1945. 
La dévastation causée par ces armes nucléaires ne peut jamais se répéter, selon le Premier ministre Fumio Kishida, dont le pays est très impliqué dans l’effort de dénucléarisation du monde. 

Ça se comprend. La seule nation à avoir subi des bombardements atomiques pendant la guerre compte poursuivre ses efforts en vue d’un monde dénucléarisé. Mais Kishida reconnaît cependant la difficulté de la tâche compte tenu des divisions croissantes au sein de la communauté internationale sur le désarmement nucléaire et la menace due aux proportions dangereuses que prend le conflit en Ukraine. S’exprimant à la même occasion, Antonio Guterres a tenu des propos inquiétants. Quand le Secrétaire général de l’ONU affirme que les tambours de la guerre nucléaire battent à nouveau, que la méfiance et la division augmentent, et que l’ombre nucléaire qui planait sur la guerre froide est réapparue, il n’exagère rien. 

Certes, l’humanité post-Seconde Guerre mondiale avait retenu la leçon et s’était promis un avenir sans pareilles abominations. Mais les enjeux impérialistes sont tellement importants aujourd’hui que la fenêtre de tir peut s’ouvrir à tout moment devant les faucons pyromanes tapis dans les couloirs des puissances nucléaires. Toutes les puissances et pas seulement la Russie comme le veut Kishida et comme le suggère Guterres.

 «Certains pays secouent à nouveau imprudemment le sabre nucléaire, menaçant d’utiliser ces outils d’anéantissement », écrit le Secrétaire général de l’ONU dans un message lu à Hiroshima. L’allusion à Moscou est claire, car depuis le déclenchement du conflit en Ukraine, Poutine a agité, plus d’une fois, la menace du recours à son arsenal nucléaire face à l’Otan.
 

António Guterres a raison de placer l’élimination des armes nucléaires comme la plus haute priorité des Nations unies en matière de désarmement, et d’appeler au rejet complet des armes nucléaires. Mais pour rendre crédible son vœu, il devrait appliquer la règle à tous. Le fait d’avoir éludé dimanche de citer les États-Unis comme responsable du bombardement de Hiroshima et Nagasaki a mis justement un bémol dans les trémolos.

 La politique des deux poids, deux mesures ne fait pas recette par ces temps de retournement contre l’ordre mondial et de remise en cause du récit made in Hollywood. Les bombes larguées sur les populations japonaises n’étaient pas apatrides, M. Guterres. Elles étaient aux couleurs de la bannière étoilée.

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