La guerre commerciale devient un duel : dans une volte-face spectaculaire, Donald Trump a annoncé hier qu’il augmentait encore les droits de douane sur les produits venus de Chine, mais qu’il suspendait pendant trois mois des surtaxes imposées aux autres pays.
Wall Street, qui avait plongé récemment à cause de la guerre commerciale déclenchée par la Maison-Blanche, a immédiatement bondi à l’annonce de cette pause, et les cours du pétrole, déprimés par les risques de récession, sont repartis à la hausse. Reprochant à la deuxième puissance mondiale son «manque de respect», le président américain a annoncé porter «immédiatement» à 125% la taxe frappant les importations chinoises, qu’il venait déjà de faire monter à plus de 100%. La Chine doit cesser de «dépouiller» les Etats-Unis, a-t-il écrit sur son réseau Truth Social. Il assure par ailleurs que «plus de 75 pays» se sont manifestés auprès de son gouvernement pour «négocier» une solution en matière commerciale. Ces pays n’ayant, selon lui, pas «riposté» contre les Etats-Unis, Donald Trump leur accorde donc «une pause de 90 jours et des droits réciproques substantiellement réduits durant cette période, de 10%, également effectifs immédiatement».
Ce revirement ahurissant intervient en plein tumulte financier dans le monde. La dette américaine elle-même a été chahutée. Les Etats-Unis avaient commencé il y a quelques heures seulement, à 4h GMT, à prélever des surtaxes douanières sur les produits de 60 partenaires commerciaux – avec un taux de 20% par exemple sur les produits européens, 24% sur les marchandises japonaises –, avec un traitement déjà particulièrement brutal de la Chine (104%).
La deuxième puissance mondiale avait répliqué du tac au tac, annonçant qu’elle porterait ses surtaxes de rétorsion contre les produits américains à 84%, et non pas à 34% comme initialement prévu, à partir de 12h01 heure chinoise aujourd'hui (4h01 GMT). «Nous continuerons à prendre des mesures fermes et vigoureuses pour sauvegarder nos droits et intérêts légitimes», avait prévenu un porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois. Le ministre américain des Finances, Scott Bessent, avait d’ores et déjà averti les autres partenaires commerciaux que suivre la voie chinoise serait «suicidaire».