Nous sommes très nombreux à procrastiner et à nous plaindre des conséquences de notre inertie. Outre la culpabilité que cela engendre et le sentiment d’échec qui va avec, une étude scientifique a démontré que cette habitude serait néfaste pour notre santé. Le courrier s’amoncelle sur votre bureau, les factures à payer, un examen à réviser : votre liste de tâches est interminable ? Vous êtes certainement en train de reporter à «plus tard, après, demain» des corvées qui vous semblent trop ardues pour vous y atteler sur le moment. C’est ce qu’on appelle communément procrastiner ou l’art de remettre toujours au lendemain l’exécution d’une tâche donnée.
Jusque-là, nous pensions que les conséquences de cette fâcheuse habitude affectaient surtout l’aspect concret de notre quotidien, cependant, il semblerait que cela aurait un impact négatif sur notre santé mentale, selon une étude parue en janvier 2023 dans la revue scientifique Jama Network.
Des conséquences graves sur la santé
Cette étude a été menée sur 3525 étudiants de huit universités suédoises différentes de 2019 à 2021. Les élèves devaient remplir des questionnaires détaillés tous les trois mois sur une année, en notant leurs habitudes de vie sur une échelle de procrastination de 1 à 5, puis ils étaient suivis durant une période de neuf mois.
Il en ressort que les procrastinateurs étaient davantage touchés par de nombreux maux aussi bien physiques que psychologiques. Le spectre de ces problèmes de santé était extrêmement large allant de ceux de santé mentale (dépression, stress, anxiété), que des douleurs invalidantes (maux de dos, de nuque, bras et jambes rigides et tendus) en passant par des habitudes de vie néfastes voire malsaines pour l’individu : manque de sommeil, inactivité physique, addictions, consommation excessive de tabac et/ou alcool.
Les chercheurs ont également relevé que les étudiants procrastinateurs souffraient davantage de solitude et qu’ils devaient faire face à de nombreuses difficultés financières. De plus, la procrastination les entraîne à repousser des rendez-vous médicaux nécessaires, à négliger leurs maux et par conséquent les installe dans une dynamique dangereuse pour leur santé. Mais alors comment faire pour sortir de ce cercle vicieux ?
Vaincre la procrastination grâce aux TCC
Selon les chercheurs suédois, cette étude a toutefois quelques limites : aucune preuve de lien de cause à effet n’a pu être formellement établie entre ces problèmes de santé et le fait de procrastiner. De plus, cette étude concernait des étudiants qui faisaient leurs premiers pas dans la vie d’adulte et n’avaient pas encore toutes les ressources nécessaires pour se fixer un cadre de vie sain. Ainsi, selon le professeur de psychologie Joseph Ferrari : «Tout le monde tergiverse ou retarde certaines actions, mais ils ne procrastinent pas. La procrastination chronique est une tendance dans tous les domaines de vie : c’est un style de vie inadapté. Un procrastinateur est une personne qui se trouve toujours des excuses et n’assume pas ses responsabilités», explique-t-il dans une interview donnée à l’université américaine DePaul. Le psychologue conseille alors d’essayer les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) qui pourraient aider efficacement à changer son mode de pensée et son comportement afin de ne plus subir ces problèmes et reprendre le contrôle de sa vie.