Démonter le mécanisme des accidents

14/09/2022 mis à jour: 21:37
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Les mesures décidées en Conseil des ministres pour lutter contre la recrudescence des accidents de la route, à travers notamment le renforcement du contrôle technique des véhicules de transport, dénotent d’un bon diagnostic de ce phénomène qui s’est dangereusement accentué ces derniers mois. 

La courbe de la mortalité dans ce registre a pris de telles proportions qu’il n’est plus possible de se contenter de la seule formule expéditive de «terrorisme routier», comme pour conjurer un fléau hors de contrôle. En plus du fait qu’il n’est pas souhaitable de convoquer une tragédie vécue dans les années 1990 et de la transposer dans d’autres secteurs de la vie nationale, il y a lieu de tester un examen plus approfondi de cette situation critique pour en démonter le mécanisme infernal. 

On s’est rarement penché sur l’état et la fiabilité du véhicule et l’on a allègrement et immanquablement chargé le conducteur. Naguère observée dans les comptes-rendus de presse, la désignation de la marque des véhicules impliqués dans les accidents n’était pas superfétatoire. 

Elle était d’une grande importance. Même à l’état neuf, des bus, notamment, ou de simples automobiles, importés à la lisière de la réglementation, peuvent constituer des dangers ambulants. L’on se souvient des voitures coupées en deux au bord de la route, en pleine euphorie dans ce secteur et la démocratisation des véhicules de tourisme.

 Un modèle de bus initialement signalé dans le transport des étudiants dans les villes a fini par être intégré dans les voyages de longue distance, se substituant aux grandes marques qui ont longtemps fait leurs preuves. Aucune interrogation n’est formulée quand ils se retrouvent au centre des drames sur les routes de l’intérieur du pays. 

Deux incendies de bus électriques dans une capitale européenne ont amené à l’immobilisation de toute la flotte de la même série, suivie d’une enquête conjointe avec le constructeur. 

Dans notre pays, l’«élément humain» est, en toute circonstance, mis en cause. Il ne manquera d’ailleurs pas d’en subir les conséquences, si l’habituel dispositif était redéployé sur les routes, avec le contrôle resserré de la vitesse sur des axes offrant de bonnes conditions de circulation.

 La sanction n’est pas toujours justifiée s’agissant d’un véhicule répondant aux normes de sécurité sur une infrastructure routière moderne. Sous d’autres cieux, c’est l’«excès de lenteur» qui est verbalisé sur les autoroutes, car conduisant à un dérèglement de la circulation, ou à des comportements dangereux selon la terminologie locale. L’erreur serait donc de remettre les radars de surveillance aux endroits habituels, sans tenir compte des statistiques qui localisent souvent les accidents sur des routes secondaires ou éloignées des agglomérations où il y a une forte concentration sécuritaire. 

Des dérapages et des chutes dans des ravins sont continuellement signalés, avec leur lot de victimes, dans des zones où la configuration des routes n’a jamais évolué et la chaussée sommairement réparée sans penser au balisage ou à la matérialisation des voies. Le secteur des travaux publics aura fort à faire dans ce domaine et son rôle est déterminant dans la sécurité routière. Pour la sécurisation du transport en commun et celui des marchandises, le contrôle renforcé des véhicules et des conditions de conduite ne sera pas la solution définitive.

 Il est utile de rappeler que sous d’autres latitudes, une prime est octroyée aux entreprises utilisatrices du transport ferroviaire. Le développement de ce dernier reste, dans notre pays, majoritairement à l’étude.

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